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Rentrée 2014 : un prof réunionnais de métropole témoigne

Publié le 7 septembre 2014

Originaire de Saint-André, Didier Labarre enseigne dans une petite école primaire de la périphérie de Nancy. Ce musicien de 42 ans n’a jamais coupé les ponts avec la Réunion, qu’il évoque souvent en classe auprès de ses élèves… en attendant de rentrer un jour sur l’île.


Quelle est votre avis sur la rentrée 2014 qui vient d’avoir lieu en métropole ?

C’est une rentrée plus agitée que les autres du fait des nouveaux rythmes et de nouvelles organisations. Mais en tant qu’enseignant je me place dans l’optique des élèves : c’est une bonne rentrée qui présage une excellente année d’apprentissages et de progrès !

Quel parcours vous a conduit à devenir enseignant à Nancy ?

Originaire de Rivière du Mât les Bas, je suis arrivé en Lorraine en 1999 pour suivre une formation à l’école de musique MAI de Nancy (Music Academy International), avec la plupart des membres de mon groupe de l’époque (Flying Paykan). Après cette formation, et quelques années à écumer les bars et scènes de la région, les difficultés liées à l’exercice du métier aléatoire d’artiste musicien m’ont conduit à retourner sur les bancs de la faculté.

Dans quel but ?

J’ai préparé une Licence de sciences de l’éducation dans le but de passer le concours de professeur des écoles l’année suivante. Je suis devenu enseignant en 2005. J’ai d’abord été affecté en ZEP à Nancy dans une zone très urbaine, un quartier dit « difficile ». Depuis quatre ans, j’ai une classe de CE2-CM1 au sein d’une petite école primaire de sept classes dans la périphérie de la ville.

Pensez-vous qu’être né à la Réunion a une influence sur votre manière d’enseigner ?

Je ne trouve que des avantages au fait d’être né dans une île où les cultures et les religions se côtoient sans animosité. Cela se manifeste très concrètement dans la pratique quotidienne de mon métier. Je suis particulièrement sensible aux différences de chaque enfant, je me prémunis contre l’idée de « formater » et de « standardiser » nos chères « têtes blondes »... Au delà de mes origines, mon parcours qui est tout sauf classique m’a permis d’aborder ce métier avec un regard qui m’est propre, que je sais faire valoir auprès de mes élèves et de mes collègues. La musique réunionnaise reste aussi pleinement présente et mes élèves, d’où qu’ils viennent, ont toujours les yeux qui brillent à la vue d’un « roulèr » ou d’un « kayanm ».

Didier Labarre avec le groupe Flying Paykan

Que souhaitez-vous transmettre à vos élèves ?

Dans l’absolu j’aimerais que l’on aide chaque élève à devenir un meilleur lui-même plutôt qu’un quelconque tout le monde. Je les incite aussi à cultiver la vie en dehors du scolaire, tout ce qu’on peut apprendre ailleurs que sur les bancs de l’école... La vraie vie est là aussi.

Est ce que vous appréciez votre vie en Lorraine ?

Je partage avec les Lorrains l’amour de la bonne cuisine et avec quelques habitants de mon village celui de la pêche. J’ai même pu découvrir auprès de vieux paysans du coin la cueillette des champignons (girolles, trompettes de la mort, cèpes...). La musique enfin reste un langage universel qui ouvre les portes les plus cadenassées. Reste le climat, le plus éloigné de ce que j’ai connu à la Réunion. Mais on s’habitue à tout quand on sait pourquoi on est là !

Comment envisagez vous la suite de votre carrière ?

J’envisage de poursuivre dans cette voie encore un bon nombre d’années, mais je ne crois pas que je serai professeur des écoles jusqu’à l’âge de la retraite. La vie se chargera sans peine de me faire prendre un autre chemin d’ici là. Rentrer à la Réunion est une éventualité que j’étudie sans être trop pressé. Pour le moment, il me faut encore être patient mais j’ose espérer que cela viendra.

Article paru dans Le Quotidien du 7 septembre 2014

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