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Stéphane Hoarau, superviseur en studio d’animation à Paris

Publié le 7 mars 2012
Stéphane Hoarau

Pouvez-vous vous présenter ?

Stéphane Hoarau, 35 ans. Je suis directeur technique 3D et superviseur depuis cinq ans dans une société de production de dessin animé en 3D : Cyber Group Studios. Je travaille à la conception et la réalisation de films et séries pour la télé et le cinéma. Mon domaine initial d’expertise est ce qu’on appelle le "rigging" de personnages, c’est à dire la création d’une sorte de squelette marionnette qui permet de faire bouger un volume en 3D (modélisation). Mes compétences se sont aussi élargies à la recherche et au développement : création d’outils, plugins et scripts pour les infographistes 3D. Je fais donc partie de la direction technique sur les productions de séries, et je prends de plus en plus le poste de supervision technique. J’effectue régulièrement des déplacements en Asie, à Hong Kong et Suzhou, pour mettre en place les équipes des studios prestataires, avec qui on sous-traite une partie de la production (malheureusement...).

Quel a été votre parcours ?

Après un Bac au Lycée Roland Garros, j’ai commencé mes études à la Réunion, avec un BTS Assistant Ingénieur. J’ai poursuivi à l’université en technologie mécanique : licence à la Réunion et maîtrise à Poitiers. En parallèle j’ai commencé assez tôt l’informatique la 3D. J’en ai fait une passion dès la période du lycée... Après mes études universitaires, j’ai décidé de me réorienter professionnellement et de suivre une formation de deux ans à l’ESRA SupInfoGraph Paris. Ma carrière a commencé tout de suite après puisque j’ai pu intégrer directement en permanent la société Attitude Studio, spécialisée dans la motion capture. J’ai enchaîné les postes et les projets : film Renaisssance, chez Duran pour le film Enki Bilal, la femme piège, Sparx pour le film Igor. J’ai aussi travaillé à la Réunion pendant quatre ans en tant que freelance dans la publicité et le film institutionnel et formateur en 3D chez DAO Formation. J’ai été entre autres été un des principaux réalisateurs (pour la 3D) du film institutionnel sur le TramTrain commandé par la Région à l’époque... Ou encore travaillé en étroite collaboration avec Bruno Chane Kane, réalisateur du dessin animé Wombat Kids, installé à la Réunion, pour la Saison 2 où j’ai "adapté" tous les personnages de la série en 3D.

Est-ce que vous suivez l’état d’avancement de la Réunion sur ce marché ?

Oui je le suis à distance. Je constate qu’il y a encore peu de demande locale intéressante. Malgré une école qui forme dans le domaine, la plupart des élèves doivent quitter l’île pour réussir. Le secteur du film d’animation et de la publicité est un marché mondial. Si au niveau géographique, la Réunion est positionnée idéalement entre des gros marchés comme l’Asie, l’Inde et l’Australie, il n’existe malheureusement aucune synergie avec ces pays. C’est sans doute lié à des problèmes culturels (langue) et professionnels (manque d’infrastructures et de moyens humains qualifiés). Il faudrait à mon avis développer les liens avec les pays de l’océan indien et les partenariats internationaux de notre école de formation. Les institutions locales devraient mieux communiquer sur les aides offertes pour inciter des sociétés extérieures à s’installer sur l’île. Surtout, il faudrait développer des synergies avec d’autres pays comme Maurice, l’Afrique du Sud, l’Inde, la Chine, l’Australie...

Les habitants de la région où vous vivez sont-ils « branchés » TIC ?

Si le fait de voir beaucoup de gens le matin dans le métro consulter leur mails, taper sur leur ordinateur, jouer avec leur iphone, ipad et autres appareils connectés à internet signifie être branché "TIC", alors oui la région parisienne est branchée, très branchée ! Pour ma part, je suis très souvent connecté d’une manière ou d’une autre, que ce soit par l’ordinateur ou le téléphone, au bureau
ou à la maison. Je dirais même que j’ai quelques fois du mal à me passer de toutes ces technologies, surtout en vacances !

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais tentés par un parcours proche du votre ?

Je ne vais pas être tendre. Le métier a beaucoup évolué et l’accès à ce métier a profondément changé. Si il y a encore quelques années, on pouvait y arriver de manière autodidacte, ce n’est vraiment plus le cas aujourd’hui. Une pléthore d’écoles spécialisées forment des jeunes de plus en plus nombreux attirés par la 3D, surtout en France où ce domaine est présenté comme un eldorado. Je conseillerais donc au jeune qui souhaite démarrer d’être volontaire, de passer beaucoup de temps à apprendre, de faire de la veille technologique et de bien choisir sa spécialité. Très peu arrivent au sommet de la gloire, et pour ceux qui souhaitent vivre à la Réunion, je leur déconseille ce métier !

Article à paraître dans le magazine Réunion Multimédia

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