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Témoignage du tremblement de terre en Haïti 1 : Charlotte Arnaud

Publié le 16 janvier 2010

Charlotte, la fille de Gérard Arnaud le proviseur du Lycée Français de Port-au-Prince, qui a passé une grande partie de sa carrière à la Réunion, est restée sans nouvelles de ses parents toute la journée d’hier. Elle nous livre les dernières informations qu’elle obtient au compte-gouttes.

Article paru le 15 janvier 2010 sur le site clicanoo.com - Charlotte Arnaud est membre de Réunionnais du monde.

Quelles sont les dernières nouvelles que vous avez eu de vos proches ?

"Je ne suis toujours pas parvenue à joindre mes parents mais je sais qu’ils sont en vie et qu’ils vont bien. Je sais que 91 Français vont être évacués vers la Martinique et j’espère que ma mère fera partie de ceux-là. Au moment du séisme, mon père se trouvait à l’Ambassade et ma mère au Lycée Français. Je sais qu’elle y a passé la nuit à l’extérieur sur un plateau sportif. J’ai quand même réussi à avoir l’adjoint de mon père une minute au téléphone. Il a juste eu le temps de me dire que ma mère était maintenant à la résidence de l’Ambassade."

Les lignes téléphoniques sont presque toutes coupées, comment avez-vous obtenu ces informations ?

"Curieusement, il est quasiment impossible de joindre l’Ambassade par téléphone. Les seules nouvelles qui circulent proviennent des réseaux sociaux Twitter et Facebook. Il y a des connexions internet par satellite qui fonctionnent par intermittence. J’ai reçu tout à l’heure un mail d’une amie restée sur place."

Que vous dit-elle ?

"Elle me raconte que les habitants restent dans les rues car des risques de répliques du séisme ont été annoncés jusqu’à demain. Elle espère qu’il ne va pas se mettre à pleuvoir. Beaucoup de murs se sont effondrés. La ville est très endommagée. Mon amie n’a rien eu car elle était dans un bâtiment américain construit aux normes antisismiques. L’électricité risque bientôt de manquer, comme l’eau potable."

Êtes-vous inquiète pour vos parents ?

"J’espère que ma mère va être rapidement rapatriée. Pour mon père, je sais qu’il risque d’être mobilisé en tant que personnel diplomatique et surtout parce qu’il est le proviseur du Lycée Français. Ce qui m’inquiète le plus aujourd’hui, ce sont mes amis haïtiens. Je sais que mes parents ne manqueront pas d’eau et de nourriture. Mais je n’ai aucune nouvelle des Haïtiens. J’ai une amie qui travaillait à l’institut français dont je n’ai aucune nouvelle."

Vous avez vécu à Haïti, vous pouvez aisément imaginer le chaos qu’il peut y régner aujourd’hui…

"Le pire, c’est maintenant. Car il n’y a aucune infrastructure. Il y a des besoins urgents sanitaires et humains. Il faut que l’aide passe par la communauté internationale. J’ai vécu un an et demi là-bas, j’y étais pendant des émeutes, des ouragans. On savait qu’il y avait des menaces de séismes. C’était à prévoir. Mais personne n’a rien fait, ni Haïti, ni la communauté internationale."

Entretien : Frédérique Seigle

Lire aussi : Témoignage du séisme en Haïti 2 : Virginie Hoareau

Gérard Arnaud reste en Haïti - le 16 janvier 2010

Gérard Arnaud, le proviseur du Lycée Français, qui a fait une grande partie de sa carrière à la Réunion, est resté en Haïti. L’ancien responsables des lycées Louis-Payen à Saint-Paul, Stella au Port et Leconte-de-Lisle à Saint-Denisa été mobilisé en tant que personnel diplomatique pour poursuivre l’évacuation des Français et coordonner les secours. Son épouse, Isabelle Cazin a été évacué vers la Martinique et a pu rejoindre Paris hier où elle devrait retrouver ses enfants.

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