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Tir malol dann zié - Extraits Magazine Akoz N°26

Publié le 8 décembre 2007

Romans kipranpar, shanson maronèr... La Réunion souffre d’un déficit de débat public sur le devenir du pays et de sa société. Akoz vit directement ce malaise.Les écrits qui nous arrivent sont souvent marqués par la langue de bois, le « politiquement correct », le « surtout, ne pas fâcher tel maire, ou tel responsable… » ; comme s’il était difficile de s’engager par écrit à La Réunion.

Pourquoi ?
Parce que (comme aurait dit Tatave Bénard) « lesparoles s’envolent et les écrits s’en restent » et qu’on a peur de laisser des traces susceptibles de provoquer des sanctions pour nous ou nos proches ? Parce que nous ne nous sentons pas libres ? Parce que toute analyse ou proposition demande une remise en cause douloureuse à effectuer ? Parce que lamaîtrise (de l’écrit, du discours sur sa propre pratique, de la langue même) nous manque par rapport à des modèles ou références obligatoires ?

Parce que les représentations sociales que nous avons de nous,de notre capacité contributive sont marquées du sceau de l’auto dévalorisation ? Akoz fait l’hypothèse que ce tableau – exagérément ? - noirci occulte tout un pan de l’engagement constitué par l’art, la poésie et surtout par la chanson, vecteur populaire de premier plan.
A l’instar de courants plus connus du Nord ou du Sud, il y a une chanson engagée à La Réunion. Elle peut porter les germes d’un changement sociétal sur les ondes et les écrans - qui impriment la conscience collective - par des paroles et des symboles signifiants.Elle peut véhiculer des valeurs délaissées, valoriser les racines et l’identité, dénoncer les oppressions,défendre l’idée que les individus de ce pays doivent être plus libres, égaux,solidaires et responsables. Elle peut alerter, anticiper, conscientiser, déstabiliser, mobiliser, fé bouzé kwé !
Quels artistes jouent ce rôle ici ? Quels thèmes de révolte ? Quelles chansons-phares ? Dans quel contexte ?

Voilà les questions que veut poser ce numéro. Il est construit avec le Pôle Réunionnais des Musiques Actuelles qui apporte les articles de cadrage ; il comprend des textes de chansons ainsi que des entretiens avec les auteurs.

Après « Tir malol » qui donne son titre au numéro, celui-ci démarre en 1961 avec « Mon ti Rénion » que Roger Théodora a écrit en exil et se termine avec « 97.4 » que MLK a ségarappé en 2005 pour mettre en scène un kréol qui travaille en France. Plus de 40 ans d’écart et la même revendication identitaire et la même aspiration du vivre au pays.
Entre-temps, le numéro 26 rend compte de l’accélération de ce mouvement de revendication artistique qui s’est produite à partir de l‘émergence du maloya de Firmin Viry en 1975, du concept de créolie porté par Gilbert Aubry, des fonnkèr de Jean Albany, Carpanin Marimoutou, Axel Gauvin et des kabar de Danyèl Waro, Ziskakan (Alain Armand, Patrice Treuthard…), Bastèr, LantantMaloya, Ravann… Mais aussi de l’émergence des femmes dans la revendication sociale et identitaire,et du reggae ou du rap qui vont nourrir et se nourrir du maloya et du séga.
Faire ce numéro c’est retrouver la recette d’une tisane énergétique : 1/3 nostalgie, 1/3 révolte et 1/3 de reconnaissance aux « maron ki tienbo fanal po klèr devan-dèrièr 2 », à ceux qui ont posé les bases d’un genre qui s’essouffle, peut-être, avec la disparition de combats mobilisateurs et, sûrement, avec la rapidité des mutations qui laminent les résistances et les consciences.
Comme nous, beaucoup se disent inquiets et impuissants devant ce bateau fou qui nous emporte. Quand les chefs de services de l’Etat se succèdent sans influence réelle, quand nos intellectuels semblent sous influence et quand nos décideurs jouent l’autruche devant les risques liés à un développement ultra libéral, calqué sur le Nord, réduisant les individus à un rôle de consommateurs ou de spectateurs d’une pièce écrite et mise en scène ailleurs,il ne reste que les artistes pour pousser des cris d’alarme et de révolte.
Aux jeunes auteurs de reprendre le fanal.

Réunionnais du Monde et Akoz vous proposent de découvrir trois articles du numéro 26, Tir malol dann zié :

« Commandeur oh ! té commandeur », Entretien avec Pierrot Vidot (page 1, page 2, page 3, page 4 .pdf)

« La Créolie : l’histoire partagée plus forte que la couleur de la peau », Entretien avec Gilbert Aubry

« In pèp i plant pa son manzé lé pa in pèp lib », Entretien en créole avec Danyel Waro (page 1, page 2, page 3, page 4, page 5, page 6 .pdf)

Pour commander le numéro complet (74 pages en couleur) au prix de 7 euros , merci d’envoyer un mail à [email protected] ou un chèque de 5 euros + 2 euros de frais d’envoi en précisant votre adresse et le numéro demandé à : Akoz / espace public 3 rue Papangue 97 490 Ste Clotilde

Pour s’abonner en ligne, c’est ici.

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