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Vincent Rode, éducateur spécialisé – Interview spécial retour

Publié le 26 octobre 2015

Après trois années passées en Belgique où il a décroché un diplôme en accompagnement psycho-éducatif, Vincent a trouvé du travail de retour à la Réunion. Ce Saint-Andréen décrit la préparation, les espoirs et les motivations de son retour.

Article publié dans Objectif Emploi, supplément du Quotidien de la Réunion - 31 mars 2016 (cliquer pour lire)


Comment rentrer à La Réunion après une période de mobilité ? Quelles sont les difficultés rencontrées sur le marché du travail local ? En interrogeant ceux qui ont réussi leur retour sur l’île, le site RDM lance une série d’interviews thématiques.


Racontez-nous votre parcours.

Originaire de Saint-André, j’ai passé mon Brevet au collège Fayard, puis mon baccalauréat au lycée Sarda Garriga, avant de suivre une licence I AES. En parallèle, j’ai suivi des formations dans l’animation. J’ai été formateur dans l’animation avec la Ligue de l’enseignement, avant de quitter la Réunion pour poursuive mes études en Belgique : des études d’éducateur spécialisé en accompagnement psycho-éducatif.

Que vous a apporté cette formation ?

J’ai découvert des méthodes pédagogiques différentes, et j’ai réussi à m’adapter à de nouvelles règles. C’est à travers une formation de qualité et des expériences complémentaires comme celles que j’ai pu rencontrer à la HEPH-Condorcet Marcinelle (IPSMA) qu’on devient professionnel de terrain. Aujourd’hui je peux dire qu’on ne naît pas éducateur spécialisé, on le devient.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?

C’est principalement ma famille, ma culture, mon île que je souhaitais retrouver… Je voulais tenter ma chance à la Réunion, trouver du travail dans mon domaine. Je suis intimement convaincu que l’égalité des chances existe sur l’île pour les Réunionnais diplômés. Avoir un travail à la Réunion c’est possible.

Décrivez nous votre état d’esprit à l’atterrissage à Gillot.

Un grand soulagement d’être arrivé sain et sauf, car avant le décollage il y avait un problème de pompe hydraulique ! Plus sérieusement, je me sentais déterminé et ambitieux. La formation d’éducateur spécialisé avait renforcé mon estime et ma confiance en moi.

Avez-vous eu des difficultés à trouver du travail ?

Dès la première semaine, j’ai postulé dans toutes les structures du milieu à la Réunion. J’ai reçu beaucoup de réponses négatives, mais j’ai aussi eu quatre entretiens positifs. Sur un marché du travail globalement catastrophique, j’ai ressenti un avantage concurrentiel grâce à mon diplôme d’éducateur spécialisé et grâce à la formation que j’ai suivie en Belgique. J’ai pu constater que cette formation était très réputée parmi les professionnels de mon secteur. Après un poste à Handi Educ, où j’intervenais à domicile auprès des jeunes enfants en situation de handicap, je travaille aujourd’hui en tant qu’éducateur spécialisé chez les Apprentis d’Auteuil Océan Indien.

Quels sont les points de satisfaction / déception de votre retour ?

Les points de satisfaction sont : La famille, ma culture, l’environnement, la pureté de l’air, mon île multiculturelle, le soleil, la plage, les bruits des vagues, les chants des oiseaux, le métissage, le créole.
Les déceptions : le chômage, le débit d’internet, l’encadrement des jeunes Réunionnais, les inégalités sociales, la pauvreté, la faible reconnaissance de la langue créole.

Avec le recul, quel bilan tirez-vous de votre expérience de mobilité ?

Pendant ces trois années, je me suis privé de beaucoup de choses afin d’obtenir le diplôme d’éducateur spécialisé et devenir un professionnel dans ce domaine. J’ai passé trois ans de ma vie loin de ma famille et de mes amis, il y a eu des hauts et des bas. Mais grâce à cette expérience d’autonomie totale loin de la famille, j’ai appris à surmonter des difficultés à tous les niveaux. J’ai gagné en maturité, en compétence, en ouverture d’esprit. C’est une expérience unique pour prendre confiance en soi.

Pour vous, qu’est ce qui a fait que ça a marché ?

Il faut être prêt au choc culturel, à vivre dans un monde totalement différent. Puis apprendre à connaître et à s’intégrer dans une autre culture : la culture belge, une culture chaleureuse, dans mon cas. En plus de la Belgique, j’ai eu l’occasion de visiter pas mal de pays en Europe. Enfin, se rendre compte qu’il y a du travail à la Réunion pour les diplômés, même si malheureusement il n’y a rien pour les non-diplômés. Aujourd’hui mon projet à long terme est d’ouvrir une crèche.


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