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Réunion lontan : La naissance des barres d’immeubles

Publié le 3 septembre 2021

Pour faire face à l’explosion démographique (la Réunion passe de 220 000 habitants en 1946 à 480 000 en 1976), et résorber l’habitat précaire et les bidonvilles, un nouveau type de logement apparaît sur l’île dans les années 60 : la barre HLM. Si la construction de logements en hauteur permet à de nombreux Réunionnais d’accéder à l’eau, à l’électricité et à la modernité, elle se fait en rupture avec l’habitat traditionnel : la case créole. Un pan d’histoire en 20 photos.

Avant les barres d’immeubles : quartier de Tanambo à Saint-Pierre dans les années 1950

Sélection réalisée à partir des photos postées par les membres du Groupe Facebook Réunionnais du monde et l’Iconothèque historique de l’océan indien / Extraits textes : Case Tomi, Satec : révolution de l’habitat à la Réunion (« Le Crédit Agricole de La Réunion (1949 - 2019) - La conviction du développement »)

Avant les barres d’immeubles : Le Port dans les années 1950

Au lendemain du cyclone de 1948 qui a détruit de nombreuses cases, l’urgence est de loger. 28% seulement des logements de l’époque sont en dur, 12% seulement bénéficient de l’électricité et 10% de l’eau courante.

Cases détruites par le cyclone de 1948 à Saint-Denis

La SIDR, plus ancienne des Société Immobilières d’Outre-Mer, est créée en 1949, pour aider l’île à se relever. A partir des années 50-60, de grandes opérations de construction commencent et les premiers quartiers d’habitat social sortent de terre (collectif et individuel en bande) : Le Chaudron, Les Camélias à Saint-Denis, quartier SIDR au Port, Ravine Blanche à Saint-Pierre.

Quartier de la Source à Saint-Denis en chantier en 1963

Ci-dessous : La résidence des Remparts située en plein centre-ville de Saint-Denis, est le second immeuble construit à Saint-Denis. Dessinée par l’architecte Jean Bossu et livrée en 1954, elle évoque les immeubles collectifs de Le Corbusier.


Au début des années 1960, une large majorité de Réunionnais vit encore dans des logements précaires, essentiellement des paillotes, parfois des petites maisons en bois, sans eau courante ni électricité. Dans les villes, on peut apercevoir les porteurs d’eau munis de « ferblanc » (récipient récupéré auprès des commerçants qui contenait souvent des huiles) sillonner les rues. Les mairies avaient construit des citernes publiques alimentées en eau potable par des camions dans chaque quartier. Dans les campagnes, c’est vers les sources ou dans l’eau des rivières que les porteurs d’eau vont chercher le précieux liquide.

Chantier SIDR des Camélias à Saint-Denis

Rares sont ceux qui possèdent des réchauds modernes pour la cuisine, chacun ayant sa cuisine feu de bois dans l’arrière-cour. Une fois le soleil couché, les lampes à pétrole font leur apparition, uniquement à l’intérieur des principales pièces, cuisine ou salle à manger. On se couche tôt et on se lève tôt, au rythme du soleil. C’est dans cet environnement familial qu’au fil du temps naquit le mode de vie créole qu’on connaît encore aujourd’hui.

En haut et en bas : le quartier du Bas de la Rivière à Saint-Denis se transforme


Les années 1960-1970 sont capitales pour l’histoire de l’architecture réunionnaise. Il est nécessaire de construire toujours plus de maisons, toujours plus d’immeubles pour loger une population dont le nombre s’accroît considérablement.


Deux modèles de standardisation des habitations individuelles (cases SATEC, TOMI) s’imposent. Lire aussi : Case Tomi, Satec : révolution de l’habitat à la Réunion

La famille Robert devant leur case Tomi à la Petite Plaine. On peut apercevoir la première Mobylette appartenant à « l’infirmière-coiffeuse »

Un an après son implantation à La Réunion, l’Insee établit ses premières statistiques. Ainsi, en 1967, le père réunionnais a six enfants. Son espérance de vie est de 56 ans. Sans diplôme scolaire, il vit dans une case en tôle, sans eau ni électricité. Face à cette démographie galopante, il faut loger, dans l’urgence. En une décennie (les années 60), quelque 20 000 maisons Satec et « cases Tomi » sont construites sur l’île. La bataille pour résorber l’habitat insalubre est engagée, permettant à de nombreux Réunionnais d’accéder à un logement décent et moderne...

En haut et en bas : densification du centre-ville de Saint-Denis


De nombreux logements locatifs sociaux sont construits à Saint-Denis, au Port, Saint-Pierre jusqu’à la fin des années 1970, essentiellement sur des terrains vierges et par résorption des bidonvilles.

Le Port en chantier en 1968

Les grands ensembles des Camélias, de la Source, de Vauban et du Chaudron à Saint-Denis, de Cœur Saignant au Port, de Ravine Blanche à Saint-Pierre, ou de la Cité Labourdonnais à Saint-Benoît, sont des réponses faites dans l’urgence à une situation de crise. Leur création donne naissance à de nouveaux quartiers et aux équipements publics qui les accompagnent.

En haut et en bas : La Chaumière à Saint-François (Saint-Denis) à la fin des années 60


Ces mutations ne se font pas sans secousses, et le passage d’un logement individuel, fût-il insalubre, à un logement collectif répondant aux normes de confort de l’époque n’évite pas l’apparition de vives tensions sociales quand le chômage s’en mêle, comme au Chaudron.









Le Tampon en 1980

VOIR D’AUTRES PHOTOS DE LA RÉUNION LONTAN

Une histoire du logement social à la Réunion from Union Hlm on Vimeo.

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