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Un projet pour reconstituer l’habit créole du XIXe siècle

Publié le 6 avril 2022

« Notre mission : la reconstitution historique d’une société créole riche et complexe par l’axe du vêtement ». Sur un site web traduit en 3 langues (Français, Néerlandais, Anglais) lancé en mars 2022, le collectif « Forget Me Not – Objet témoin » (décliné en "oubli pas moin" en créole réunionnais) rend public ses recherches, résultat d’un travail international réunissant des stylistes, journalistes, ingénieurs, chercheurs, enseignants, étudiants et bénévoles de Belgique, France et Inde. Présentation.

Lire aussi : Analyse vestimentaire d’une aquarelle : « un citoyen » de 1848/65


A l’origine : le projet Capeline, un travail mené par une petite équipe d’historiens et de bénévoles sur une ancienne usine sucrière dans le sud de La Réunion. Appartenant à la famille de grands propriétaires Le Coat De Kerveguen, cette usine fonctionna sur près d’un siècle. Basé sur ces recherches, l’association Objet Témoin ASBL basée à Bruxelles en Belgique est parvenue à fédérer un réseau d’acteurs associatifs, privés et publics international intéressés par la recréation de vêtements d’après les dessins d’époque après l’abolition de l’esclavage et l’engagisme à la Réunion entre 1848 et 1880.


« C’est avec une certaine fierté que nous annonçons la mise en route officielle de notre collaboration avec l’association AFAC974 à l’île de la Réunion, porteuse du projet CAPELINE primé pour ses engagements auprès des jeunes publics et des enseignants réunionnais. Grâce à ce partenariat, nous pourrons faire appel à la compétence des membres de cette association : Dominique Vandanjon, est professeure agrégée d’Histoire et Géographie, Jannick Fontaine est Docteur en géographie, Marie-Lyne Champigneul, présidente d’une association pour la préservation du Patrimoine réunionnais, KartyeLIb, Raymond Carretier, est architecte, et biens d’autres bénévoles »

Né en 2021 des travaux de recherche initiés par les enseignants de Capeline-Afac974 sur l’héritage des travailleurs de la canne à l’île de la Réunion au 19e siècle, le projet « Forget me not » s’étend aujourd’hui sur trois continents. L’association est dirigée depuis Bruxelles Capitale par le photographe et ingénieur Julien Vandanjon-Rancoule, spécialisé dans la digitalisation créative et la transmission du patrimoine via les technologies contemporaines. Le projet est dirigé par Alicia Piot Bouysse, professeure de Français Langue étrangère et modiste amateure, et la coordination est confiée à Solène Lelièvre, travailleuse de l’insertion sociale et étudiante en master de coordination des projets culturels.

Membres du projet Capeline à la Réunion

« Nous produisons des documents que nous validons auprès d’enseignants et de chercheurs reconnus, avec la certitude que la qualité visuelle est aussi ce qui permettra à chacun, quels que soient son origine et son parcours éducatif, de s’approprier, d’apprendre et de transmettre un savoir utile de manière accessible et simple ».

Pour mieux comprendre l’héritage de la société des travailleurs de la canne dans les îles créoles, il faut remonter le temps à une époque où la photographie en est à ses balbutiements, étudier les textes, gravures et aquarelles de l’époque, et tenter de combler les nombreuses inconnues laissées par le temps...

Equipe de l’association Objet Témoin à Bruxelles

Histoire des affranchis et engagés
Le 20 Décembre 1848, la République Française abolit l’esclavage à l’île de La Réunion, mais la révolution industrielle bat son plein, et requiert son lot croissant de main d’oeuvre. Pour continuer leur expansion, les exploitants embauchent massivement des "engagés", provenant d’Inde, de Madagascar, de Chine, d’Indonésie voire d’autres colonies. Beaucoup resteront.

Teintures et origines des étoffes
Au 19e siècle, sous l’impulsion du gouverneur néerlandais Johannes Van Den Bosch, les Pays-bas boostent leur économie coloniale notamment en investissant sur la culture de l’indigo à Java et dans les îles qui deviendront l’actuelle Indonésie. Dans les colonies françaises, les possédants ont l’obligation de fournir de la "toile bleue" à leurs ouvriers pour leurs besoins vestimentaires.

Mode Créolisée & appropriation
De Londres à paris, les modistes rivalisent pour habiller les classes bourgeoises enrichies par l’explosion industrielle et les richesses coloniales. Ces mêmes familles, alternant entre leurs voyages en Europe et les colonies emportent avec eux leurs traditions vestimentaires et donnent parfois leurs surplus et vêtements élimés à leurs domestiques et leurs familles, qui se les approprient et les transforment.


Pondichery, un commerce colonial lucratif

L’ouvrage de J.P. Duchon-Doris, industriel en filature textile installé à Pondichéry en 1842, nous apprend une chose étonnante : la filature industrielle a été développée dans l’Inde française par... un réunionnais ! Un fils de Mme Desbassyns, Eugène Panon, vicomte Desbassyns de Richemont, par une ordonnance du 26 octobre 1826, dès les débuts de l’ère industrielle.

Les fils sont expédiés en France, pour y être tissés mécaniquement à Rouen, ou Nantes, ou encore dans les Vosges, et sont ensuite réexpédiés à Pondichéry pour y être teints à l’indigo. De là, les toiles dites "de Guinée" repartent en grande quantité à l’île de La Réunion. Une partie sert à la consommation locale, l’autre est réexpédiée au Sénégal (d’où leur nom). Là, elles sont revendues par les marchands locaux aux Maures, et l’on retrouve ainsi ces fameuses toiles bleues qui habillent les Touaregs.


CONTACT

Objet Témoin ASBL (0781.339.453), rue Antoine Vandergoten, 26 1160 Bruxelles, BELGIQUE
[email protected] - Tel : +32(0) 478/12
https://forgetmenot.objettemoin.org/index.php/fr / www.facebook.com/ForgetMeNotExperience/


Lire aussi : Analyse vestimentaire d’une aquarelle : « un citoyen » de 1848/65 / Le manifeste du projet


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