Zot i rappel ? L’Hôtel des Thermes à Cilaos

Publié le 2 novembre 2022

Pour cette plongée dans le tan lontan, nous empruntons la route, et pas n’importe laquelle : celle de Cilaos ! Sully Damour nous partage l’histoire d’un ancien fleuron du tourisme à La Réunion : le Grand Hôtel ou futur Hôtel des Thermes, à Cilaos. Alors… Zot i rappel ?

Article partenaire de la Fédération Réunionnaise de Tourisme avec le réseau des offices de tourisme de La Réunion et Explore La Réunion

Nous sommes en 1932. La route mythique qui mène jusqu’au Cirque de Cilaos s’achève. La prouesse est spectaculaire. Sinueuse, la célèbre “route aux 400 virages”, serpente, se faufile, se glisse entre ravins et remparts vertigineux dans une atmosphère de bout du monde. Son inauguration, par le gouverneur lui-même, le 20 septembre 1932 est une étape majeure pour le cirque de Cilaos et ses habitants. Elle vient simultanément rompre l’isolement des Cilaotiens et marque également le développement touristique, notamment thermal du cirque.

Sully Damour est en charge de la communication de la ville de Cilaos. C’est un peu le Monsieur Archive du cirque. Cet ancien journaliste a effectué un travail de fourmis pour rassembler le plus de matières autour de l’histoire de la commune. Il nous raconte : “La construction de l’hôtel, qu’on appelait à l’époque, le Grand Hôtel, s’est inscrite dans le prolongement logique de la route de Cilaos. Dès qu’on a fi ni celle-ci, les travaux de l’hôtel ont débuté. D’ailleurs, l’ingénieur qui a supervisé les travaux de la route, Auguste Herland, a également participé aux travaux du Grand Hôtel de Cilaos. Cet ingénieur est décédé, ici, dans le cirque. Cilaos, Tsilaosa - “le pays qu’on ne quitte pas” -, porte définitivement bien son nom ! ”.

Le visage architectural de Cilaos

À l’époque, la construction de l’hôtel est un événement majeur pour le cirque et pour La Réunion. Véritable fl euron de l’hébergement touristique de l’île, le Grand Hôtel propose à son ouverture, en 1938, 21 chambres confortables et un restaurant de qualité. Les touristes sont au rendez-vous et l’hôtel est rapidement pris d’assaut, grâce à sa complémentarité avec les sources thermales du cirque.

Du reste, une autre personnalité du cirque est également présente sur le chantier de l’Hôtel des Thermes de Cilaos comme nous le rappelle Sully. “Irénée Accot, le premier maire de de la ville, participe à la construction en 1934 et à son amélioration dans les années 40. Il sera élu, près de 30 ans plus tard, à la tête de la 24e commune de l’île !”.

Les thermes se sont développés en même temps que l’hôtel. Malheureusement, en 1948, La Réunion fait face au “cyclone du siècle”. Parmi les nombreux dégâts, les thermes de Cilaos sont intégralement détruits. Une catastrophe, aussi bien historique qu’économique, pour la ville qui a fait de la cure thermale son principal attrait touristique. Une fois encore, Irénée Accot intervient : “C’est lui qui s’est battu pour concevoir un nouvel établissement thermal, de 1965 à 1987. Il ne verra jamais la fin des travaux puisqu’il décède un an avant l’ouverture du nouveau bâtiment, baptisé Établissement thermal Irénée Accot”.

En parallèle, au fil des gestionnaires, des travaux d’agrandissement de l’Hôtel des Thermes sont entrepris notamment dans les années 70, avec le couple Forest. “En 1978, on a fi nalisé le second étage pour un montant de 900 000 francs. L’intérieur est également entièrement réaménagé et on passe alors à 44 chambres. À cette époque, le prix pratiqué est de 165 francs pour une chambre-double, petit-déjeuner compris.” Fier de ses 3 étoiles, l’établissement stagne. Le bâti commence à vieillir, la mauvaise gestion est rapidement pointée du doigt et, en parallèle, l’offre touristique d’hébergement du cirque se développe… L’histoire s’essouffle.

"C’était un joyau, une fierté"

“J’étais client de l’hôtel dans les années 90, à deux reprises. C’était particulier, car c’était quelques années avant sa fermeture. On pouvait constater que le lieu avait perdu de sa superbe.” se souvient Sully. En 1998, le département ferme définitivement l’établissement. “C’était un joyau, une fierté. C’est devenu une verrue pour les habitants. On ne voit que ça en arrivant dans le cirque, cet immense bâtiment en ruine.” poursuit Sully, une pointe de nostalgie dans la voix. Les habitants restent, malgré tout, très attachés à cet Hôtel des thermes dont la singularité architecturale a accompagné plusieurs générations. “Des blanchisseuses, des réceptionnistes, des cuisiniers…De nombreux Cilaosiens ont travaillé pendant 10 ou 15 ans dans cet hôtel. C’est une partie de leurs histoires qui est en ruine.”

Aujourd’hui, des acteurs économiques se sont positionnés pour que l’ancien Hôtel des Thermes redevienne la figure de proue du tourisme de Cilaos. Un nouveau chapitre que les habitants, comme les touristes, ont hâte d’entamer !

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