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Comète de Halley à Nosy-Bé : quand la petite histoire rejoint la grande

Publié le 13 juillet 2023

En avril 1986, à Nosy-Bé (Madagascar), l’observation de la comète de Halley sur la plage d’Andilana Beach nourrit l’imagination de l’évolution géopolitique du monde en 2043, un témoignage où la petite histoire rejoint la Grande Histoire.


Avril 1986 : passage et observation de la comète de Halley à Nosy-Be (Madagascar), plage de Andilana Beach et l’imagination de l’évolution géopolitique du monde en 2043.

Quand l’histoire individuelle témoigne sur un événement scientifique mondial devenu un mythe international et quand la petite histoire sans "H" majuscule rejoint la grande histoire écrite et immortelle.

Chapitre XI :

Les jours se faufilent très vite… Quelques jours plus tard, Roger est venu nous chercher à l’hôtel pour nous emmener vers les plages d’Andilana, tout au nord de Nosy-Be.

« - Cette plage n’appartient plus au propriétaire indien depuis l’année 2000, me confie Roger.

- Ah bon ! Mais il y avait un hôtel Holiday Inn 5 étoiles ici ? » lui ai-je alors demandé. C’était le plus luxueux hôtel dans les années 1980.

- Oui ! répondit-il. Il a fermé en 1997. Ensuite, ce fut un promoteur italien du nom de Rodolfo Valentini qui avait ouvert ici un grand complexe touristique luxueux de 1997 à 2015, du nom de « Nosyitaliabé hôtel ». Il y avait des vols directs pour un week-end entre Milan, Florence, Rome et Nosy-Be. Mais le promoteur a fait faillite à cause de la révolte des Malgaches qui s’est terminée en émeutes meurtrières en 2015. Il était aussi un membre de la mafia sicilienne. Financièrement déplumé, accusé de fraude et de corruption, ainsi que de proxénétisme, il est rentré chez lui, à Catanzaro. L’État malgache a alors signé depuis 2020 un bail emphytéotique de 90 ans avec quatre promoteurs associés : un Chinois, un Brésilien, un Sud-africain et un Indien. Ces actionnaires des puissances, à l’époque émergentes et dominantes aujourd’hui sur le marché mondial, ont saisi l’opportunité pour mettre en avant leur projet de développement touristique haut de gamme. Depuis 2020, ça marche très fort, me dit Roger ! L’hôtel a été baptisé « Asianlatinoafrican Paradise ». C’est une infrastructure haut de gamme équipée d’une piscine, de dix grands restaurants, de diverses activités annexes et surtout de 1000 chambres luxueuses ! Le monde a bien bougé durant cette première partie du XXIe siècle !

- C’est fou ! m’exclamai-je auprès de Roger. Il est difficile de croire comment les puissances qui étaient à l’origine des pays sous-développés et souvent considérés comme des ateliers par les pays de la Triade dans les années 1950 à 1980 ont fini par connaître une émergence économique et financière à partir des années 1990, et ont depuis connu une croissance soutenue depuis 2008. Aujourd’hui, tu vois, des pays tels que la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud dominent l’économie mondiale, tandis que des pays comme les États-Unis et le Japon se sont affaiblis et appauvris brutalement. Leurs populations sont confrontées au vieillissement et au manque d’innovation.

Ces pays ont stagné depuis la crise de 2008-2009 qui les a frappés de plein fouet… Cette crise, d’ailleurs, il faut bien l’admettre, n’était pas seulement une crise économique, financière ou matérielle. Elle a également révélé que les puissances développées dominantes de l’époque ont connu une véritable crise d’angoisse existentielle, une crise identitaire et psychologique face à la montée en puissance et à l’affirmation hégémonique d’autres nations appartenant à des régions telles que l’Asie ou l’Amérique latine.

Les États-Unis, par exemple, à force de s’immiscer dans les affaires d’autres pays et de les aider à s’émanciper, ont fini par oublier que les gens souffrent beaucoup sur leur propre territoire. Ils auraient dû revenir à l’application de la doctrine du président James Monroe, définie le 2 décembre 1823. Initialement adeptes d’une politique isolationniste, ils sont devenus trop interventionnistes. Ils ont également beaucoup souffert de catastrophes naturelles, tandis que leur économie et leur société ont été affaiblies par les guerres civiles, les catastrophes naturelles et les interventions incessantes en Afghanistan, en Irak, en Corée, puis en Iran, au Pakistan, en Syrie, au Yémen et enfin au Myanmar en faveur de la démocratie.

Quant à l’Europe des 29, en incluant la Turquie et la Russie, elle a certes été victime d’appauvrissement, mais elle a réussi, grâce à des dirigeants audacieux et à une politique multiculturelle de partage et de dialogue, à maintenir le cap. L’idée des fondateurs de passer d’une Europe de guerre à une Europe de paix était excellente à la fin de la Seconde Guerre mondiale ! Cependant, la transition du lien fédéral vers le supranational a été mal gérée, un cap mal pris au début du XXIe siècle ! Néanmoins, les Français, grâce à leurs capacités d’innovation dans le domaine médical et leurs technologies de pointe, soutenus par les Allemands dans le domaine de l’aérospatiale et de l’électronique, ainsi que par les Russes dans l’aéronautique, l’astronomie et le nucléaire, contribuent à faire avancer cette grande puissance en marche, "ce grand chantier illimité" toujours en cours de construction. La solidarité entre les peuples européens et leurs cultures communes et complémentaires les a sauvés et leur a permis de faire face aux grandes dépressions économiques et aux révoltes sociales cycliques.

Le Japon voit, quant à lui, sa population vieillir et sa situation économique et financière se détériorer gravement. Les rares jeunes n’ont plus de repères du tout ! Ils ont perdu toutes leurs valeurs et le pays autrefois connu pour sa courtoisie est devenu le théâtre d’une criminalité rampante ! Pire encore, le Japon détient le taux de délinquance chez les personnes âgées le plus élevé au monde, ainsi qu’un taux de suicides et de troubles mentaux qui ont atteint des niveaux records l’année dernière ! Les Japonais ne sont plus à la pointe de l’innovation. Les autres pays le surnomment désormais le "pays des nuits obscures"... et pourtant, il fut autrefois appelé le "pays du soleil levant" ! En 2032, le Japon a fait une demande pour intégrer l’Union européenne, mais cette requête n’a pas abouti. Aujourd’hui, c’est un pays isolé !

Quant au Moyen-Orient, depuis la disparition de l’OPEP en raison de l’épuisement successif des réserves de pétrole et des désaccords entre les États "pétrodollars", il a perdu toute influence sur la scène internationale. Sa politique de reconversion axée sur le tourisme et l’immobilier a atteint son apogée en 2012, mais s’est révélée inefficace par la suite en raison de l’effondrement brutal du marché immobilier et de l’émergence d’autres complexes touristiques haut de gamme plus attractifs ailleurs, notamment dans l’Himalaya et la cordillère des Andes. Il convient également de mentionner le développement massif et la démocratisation du tourisme spatial, autrefois élitiste, qui est désormais abordable grâce aux vols suborbitaux de l’ISAFC (International Space and Air Force Company) à destination de somptueux hôtels flottants sur la Lune, Vénus et Mars.

Le monde n’est pas figé. Il est en perpétuelle évolution et je dirais même en pleine mutation. Les puissances qui dominent aujourd’hui de manière stable sur le marché mondial sont le Brésil, l’Inde et la Chine, sans oublier le Mexique et l’Afrique du Sud. C’est incroyable ! Qui aurait dit que ces puissances connaîtraient un jour des ascensions fulgurantes ? Qui aurait pu dire que ces pays deviendraient les éminents créanciers de tous les pays du monde ? Leurs diasporas déferlent sur tous les continents. Les immigrants s’adaptent à leurs nouveaux modes de vie. Ils fondent des familles ailleurs. Ils apportent leurs propres cultures, leurs langues, leur savoir-faire culinaire, leurs systèmes de valeurs et leurs modèles sociaux d’intégration à d’autres pays. Les voix de ces pays sont écoutées en matière de lutte contre le terrorisme, de sécurité alimentaire, de l’indépendance de chaque nation, de politique nucléaire et de développement écologique durable. L’ONU et l’OTAN n’existent plus ! Ces organismes, devenus obsolètes, ont été remplacés en 2016 par le SUNLAT (Solidarité Unilatérale entre Nations du Monde pour la Haute Lutte Anti-terroriste). Cet organisme est unique et chaque pays y est traité équitablement. De plus, il n’y a plus de droit de veto et seul le vote majoritaire compte. Cet organisme est chargé de promouvoir et de sécuriser la paix, de maintenir l’ordre en cas de guerre et surtout de lutter contre le grand banditisme, la haute délinquance urbaine, les mafias, les sociétés secrètes dangereuses, les sectes religieuses et surtout les menaces terroristes internationales.

- Comme ce site au nord de Nosy-Be ! me dit Roger. Ce sont les Brésiliens, les Indiens et les Chinois… ils sont partout ! Ils investissent, innovent et garantissent la sécurité et la survie alimentaire du monde qu’autrefois on appelait occidental. L’opposition Nord/Sud n’existe plus et les rapports et les sphères de puissances, voire les zones d’influence entre ce que l’on appelait couramment autrefois, les Centres et les Périphéries se sont curieusement inversés. Aujourd’hui, il y a les Pays Dirigeants d’Asie et Périphériques Européens Agissants (PDAPEA) et les Nouveaux Centres Pauvres d’Occident et du Moyen-Orient (NCPOMO). On peut ajouter, évidemment, les États-Unis qui forment avec le Japon et l’Australie, le club des Anciens Pays de La Triade en Voie d’Introversion (APTVI). Il n’y a que le continent européen qui a survécu à ce que l’on appelait habituellement l’ancienne Oligopole géographique ou la Triade. Enfin, en marge de ces pays, il y a aussi les Pays Éternellement Dépendants et Instables (PEDI) comme les pays du Maghreb et d’Afrique noire, ainsi que quelques pays d’Amérique latine. Ils ont les plus faibles PNB et PIB au monde, mais en revanche, ils ont les plus grandes valeurs humaines.

- C’est tout à fait vrai ce que tu dis, Roger, ajouta Vijay. Ces informations, je les avais déjà entendues sur l’ordinateur de bord, dans le cockpit de l’avion que je pilotais en 2031 lors d’un vol Rio de Janeiro-New Delhi. Cet ordinateur enregistrait, dans un livre-journal numérique, une sorte de chronique évolutive de l’état du monde et affichait quotidiennement la situation dans le monde, heure par heure. Tu as raison, le monde a bien changé et les pays qui dominent aujourd’hui ne sont plus forcément les mêmes que dans les années 2009-2010. Il n’y a que quelques pays européens comme la Russie, l’Espagne, l’Italie, la Pologne, l’Allemagne ou la France qui ont compris très tôt qu’il fallait s’adapter hâtivement à la cadence technologique internationale et à l’harmonie interculturelle mondiale.

En revoyant ce site du Nord de Nosy-Be et cette belle plage d’Andilana, je me suis alors aussi souvenu promptement d’une petite anecdote que j’ai racontée alors à ma petite famille et à Roger.

« - C’était là en juillet 1986, il y a de cela bien longtemps, qu’avec mon père Rajesh et ma mère Sanya-Indira, je suis venu observer sur ce petit îlot que vous voyez en face de la mer, la comète de Halley ! Il y avait à l’époque des télescopes de grande qualité installés par un coopérant français. Un soir de ce mois de juillet 1986, mon père m’a dit : Amith, veux tu aller voir la comète ? Et tous, ensemble en famille, après le dîner, nous sommes allés en direction de ce site, pour contempler cette comète ! Nous étions très heureux et unis en 1986 ! »

Je me disais alors silencieusement et j’étais en train de penser, les yeux noyés de larmes, cachés par les lunettes solaires : Qui aurait dit que quatre années plus tard, ma vie allait être totalement bouleversée par cet accident d’avion ? Après quelques minutes de silence, je demandais alors aux enfants, pour tester un peu leurs souvenirs d’élèves :

« -Vous vous souvenez de cette comète ?

La plus célèbre des comètes, me dit alors Éléonore. Elle réapparaît tous les soixante-seize ans. Son passage a été remarqué à trente reprises entre 240 av. J.-C. et 1986. Sa prochaine apparition est prévue pour 2061, c’est-à-dire dans 18 ans ! Les dates auxquelles la comète est visible de la Terre correspondent au moment où elle atteint son périhélie, le point de son orbite le plus proche du soleil.

Son apparition en 1066 est restée célèbre par l’interprétation qui en fut faite ultérieurement, rajouta Karina ! : Ce fut un présage favorable pour le Normand Guillaume, et signe néfaste pour le roi anglais Harold au moment de la bataille d’Hastings. La tapisserie de Bayeux authentifie du passage de la comète cette année-là.

- Eh bien ! Les enfants, je suis fier de vous ! Vous en connaissez des choses ! Ajoutai-je gaiement.

- Bon, on va y aller, dit Roger, nous devons passer à la plage d’Ambatoloaka, d’où vous devez prendre votre bateau pour les excursions des îlots Nosy-Sakatia, Nosy-Komba, Nosy-Tanikely et surtout Nosy-Iranja… Qu’il faut absolument aller voir… avant que la montée des eaux et les tsunamis ne les engloutissent !

- C’est vrai ! dit Éléonore, les îles paradisiaques de l’archipel des Maldives où nous nous sommes rendus en 2007 ont bien été submergées en 2020 par la montée des eaux, conséquence du réchauffement climatique et de l’effet de serre ! La pollution et les destructions deviennent universelles.

- Oui, les Seychelles et l’archipel de Tuvalu ont disparu également ! On dit de plus en plus que beaucoup de petites îles lointaines, dans la région du Pacifique et celle des Caraïbes par exemple, qui sont si belles, risquent de disparaître similairement. Tous les pays, surtout littoraux, sont touchés ! Tiens ! Par exemple, j’ai lu dans le quotidien numérique Midi Madagascar, ce matin, que le Bangladesh, le Népal et le Sri Lanka ont disparu avec la fonte des glaciers de l’Himalaya et les tsunamis, ajouta Roger. Toute leur population survivante va migrer maintenant vers d’autres pays. Il faut dire que les habitants de ces pays n’ont pas eu de chance. Pour le Bangladesh, par exemple, qui est pour moi le cas le plus douloureux, la nature a pris sa revanche totale sur l’homme, continua-t-il. La déforestation et la désertification ont fragilisé la terre et ont entraîné l’effritement et l’écoulement plus brutal des eaux. Les fortes pluies de mousson et la fonte des neiges ont provoqué en été la crue des fleuves comme le Brahmapoutre-Jamuna ou le Meghna. Les cyclones s’engouffrant dans le golfe du Bengale ont provoqué ainsi des tempêtes et la montée des eaux. Tout le Bangladesh et sa capitale Dacca étaient densément peuplés et se trouvaient dans la zone inondable et deltaïque. De même, les nouvelles îles formées par les sédiments, d’ailleurs eux-mêmes charriés par les fleuves qui descendaient de l’Himalaya, ont disparu.

- Oui, les causes à l’échelle mondiale en sont nombreuses, Roger ! Continue Eléonore. On peut rajouter les massacres des forêts himalayennes, l’érosion qui entraîne le ruissellement, la dilatation de l’eau qui est elle-même liée au réchauffement climatique, l’augmentation de la température terrestre, la fonte des glaciers de l’Antarctique. A cette misère se sont ajoutées la médiocrité des communications et les difficultés d’acheminement des secours sans omettre les épidémies de choléra, de dysenterie, du SIDA, du paludisme, de tuberculose et surtout l’arsénicisme. Le sort s’est vraiment acharné contre ces personnes-là, termina-t-elle. Quelle misère !

Nosy-Be et ses îlots sont relativement à l’abri des inondations en l’occurrence ! fit remarquer Kareena. Ils sont encore protégés par la côte est africaine et Madagascar, compte tenu de leur situation géographique dans le canal du Mozambique.

- Mais dites-moi un peu pour éclairer ma lanterne, reprit Vijay. Qu’est-ce que c’est l’arsénicisme ? Je me trompe ou ce mot a quelque chose à voir avec l’arsenic ? Excusez-moi de mon ignorance. Je voulais juste en savoir davantage, car le premier pas vers la connaissance est la prise de conscience de son ignorance, n’est-ce pas ? C’est papa qui nous l’avait toujours dit et répété depuis qu’on était encore petits.

- Oui ! C’est ça même, mon ami Vijay, précisa Roger. Ton fils Vijay est curieux comme toi, Amith ! Me lança-t-il en me donnant une tape amicale dans le dos. En fait, pour apporter un peu plus d’explications, l’arsénicisme est causé par l’arsenic chimique. L’arsenic est un élément toxique qui n’a pas d’effet bénéfique apparent sur la santé de l’homme. Les sels d’arsenic naturels sont présents dans toutes les eaux, mais généralement à des concentrations très faibles uniquement. La plupart des eaux dans le monde ont des concentrations d’arsenic naturel de moins de 0,01 mg/litre. La contamination par l’arsenic naturel était une cause de préoccupation dans de nombreux pays du monde, notamment en Argentine, au Bangladesh, au Chili, en Chine, en Inde, au Mexique, en Thaïlande et aux États-Unis d’Amérique. L’arsenicisme est l’effet de l’intoxication par l’arsenic, généralement sur une longue période pouvant aller de 5 à 20 ans. Des études de cas sur la situation dans divers pays ont été compilées en 2020 et le problème de l’arsenic au Bangladesh notamment a entraîné la mise en place d’une surveillance plus intense dans de nombreux pays. Au Bangladesh, il a été montré que 91% des puits tubulaires peu profonds avaient une forte concentration d’arsenic (supérieure à 0,15 mg/l). On estime que 150 millions de la population totale du Bangladesh, qui s’élevait à 500 millions, étaient exposés à une eau de boisson contaminée. La consommation d’eau riche en arsenic sur une longue période entraîne divers effets sur la santé, y compris des problèmes de peau (tels que la dépigmentation de la peau et des plaques rugueuses sur la paume des mains et la plante des pieds), le cancer de la peau, de la vessie, des reins et des poumons, ainsi que des maladies des vaisseaux sanguins des jambes et des pieds, et peut-être également le diabète, l’hypertension artérielle et des troubles de la reproduction. »

Nous avons continué notre périple en louant un catamaran qui nous a conduits vers ces magnifiques îlots satellites de l’île de Nosy-Be. Nous avons exploré Nosy-Komba, où nous avons eu l’occasion de visiter une réserve de lémuriens, ainsi que Nosy-Tanikely, où un phare datant de 1908, en ruines, est caressé par la puissance des vagues. Les îlots les plus remarquables sont les frères Iranja et Tsarabajina. Nosy-Iranja se compose en réalité de deux îlots offrant un contraste saisissant, caractéristique des régions en développement. Sur l’un des îlots, une forêt de mangroves abrite un village typiquement africain, tandis que sur l’autre îlot se dresse un hôtel cinq étoiles, l’un des plus luxueux de Madagascar. Un fin ruban de sable blanc, d’environ deux kilomètres de long, relie ces deux îlots tels un cordon ombilical reliant un enfant à sa mère. À marée basse, nous pouvions traverser en attendant que les vagues de chaque côté du ruban se rejoignent progressivement, donnant à la mer toute sa puissance et son unité au cœur du canal du Mozambique.

Lors d’une plongée, nous avons été témoins de merveilles. Les paysages sous-marins étaient majestueux, où les couleurs vives se sont donné rendez-vous dans le silence des poissons et le mouvement des langoustes, telle une toile peinte par les artistes de la Renaissance. La vie et le silence sous la mer contrastaient avec le bruit des oiseaux multicolores dans les arbres et le tumulte des klaxons ainsi que les cris des vendeurs ambulants que nous rencontrions dès l’aube dans les rues et les dédales de Hell-Ville.

En contemplant la montée majestueuse de la mer, engloutissant lentement la langue de sable blanc, je me suis rappelé d’autres endroits dans le monde où la puissance de l’océan fascine, intrigue et attire. Le détroit de Gibraltar, où la mer Méditerranée rejoint l’Atlantique, le Cap de Bonne-Espérance qui marque la jonction entre l’océan Atlantique et l’océan Indien, sans oublier le détroit de Magellan où l’Atlantique se mêle au vaste océan Pacifique. Dans ces lieux, la nature et la puissance de la mer nous rappellent à quel point la nature est à la fois puissante, destructrice et séduisante.

Après quelques jours, Vijay fit remarquer que notre séjour touchait presque à sa fin.

"Quel séjour sensationnel !" me dit-il. "C’était émouvant et magnifique, et nous avons appris tellement de choses sur notre histoire."

"C’est fabuleux, merveilleux, presque magique et légendaire !" ajouta Kareena. "Nous aurons tant de choses à raconter à nos enfants lors des soirées où nous leur lirons contes et légendes..."

"Cette histoire véritable est romanesque et mythique, digne d’un livre, Amith", dirent en chœur Eléonore et les enfants. "Tu devrais l’écrire sous forme de fiction historique autobiographique !"

"J’y penserai une fois de retour chez nous", répondis-je. "Mais avant de nous rendre à l’aéroport international de Fascène, j’aimerais vous emmener dans un endroit particulier."

"Roger, emmène-nous acheter des fleurs, des roses de toutes les couleurs, au marché de Hell-Ville, s’il te plaît. J’ai un dernier endroit à visiter..."

Après toutes ces années, j’ai enfin l’occasion de me recueillir, et cette fois-ci, avec ma famille, celle que j’ai fondée. Nous sommes arrivés à la sortie de Hell-Ville, au cimetière indien. Un silence angélique régnait en ce lieu où repose éternellement mon passé… un passé immortalisé par des pierres tombales et des épitaphes gravées en gujarati et en français. En face de nous, se dressaient les tombes de mon père Rajesh et de ma mère Sanya-Indira, tous les deux décédés en 1990, ainsi que celles de mes grands-parents, décédés en 1994. Avec ma famille réunie, je me suis recueilli silencieusement sur les tombes de mes proches... ceux qui m’ont tant aimé et que je n’oublierai jamais. J’ai toujours pensé à eux, qui m’ont donné la vie, chaque jour. Ils sont vivants dans mon cœur et dans ma mémoire. Tous les souvenirs sont intacts dans ma mémoire et remontent à la surface avec la force d’un tsunami. Ces chroniques sont là, témoins immortels d’un passé, de plusieurs chapitres de mon histoire. Ces souvenirs sont là, écrits et gravés dans mon cœur à tout jamais. Ils me donnent la force, la chaleur et l’envie de foncer, de combattre, de continuer à avancer sans jamais baisser les bras, d’affronter chaque épreuve de la vie et de me relever encore et encore... Je sais qu’ils sont là, invisibles mais éternellement présents, pour m’accompagner jusqu’au bout dans tous les combats et les peines de mon cœur, en ouvrant pour celui-ci la longue et grande voie de la vie, celle de l’espérance qui fait naître un sourire et apporte des moments de joie à mes larmes du cœur.

Rappel du synopsis : résumé

Synopsis du Roman :

Nous sommes en mars 2043. La face du monde a changé depuis la Seconde Guerre mondiale. Les différents pays commémorent à leur manière les centenaires de certains événements clés politiques, militaires ou littéraires, tels que l’armée allemande capitulant devant Stalingrad, l’évacuation japonaise de Guadalcanal, l’insurrection des Juifs dans le ghetto de Varsovie, la naissance du chanteur et acteur Johnny Hallyday, la conférence de Téhéran entre Churchill, Staline et Roosevelt, la publication du "Le Petit Prince" d’Antoine de Saint-Exupéry, le décès du résistant français Jean Moulin après avoir été torturé par Klaus Barbie, le général De Gaulle et le général Henri Giraud créent le C.F.L.N. (Comité Français de Libération Nationale) à Alger, la Première à Paris du "Soulier de satin" de Paul Claudel. Mais en 2043, un homme se souvient de son parcours de vie personnel...

Lisez donc ce roman passionnant et émouvant de Tamim KARIMBHAY, "Année 2043 : Autopsie D’une Mémoire", qui vous entraînera dans les entrailles de l’Histoire et de la Littérature, et offrez-vous cette plongée géopolitique imaginaire dans le monde du XXIème siècle...

Amith Khan est un jeune retraité de la fonction publique. Il vient d’avoir 67 ans. Il vit sur l’île française magnifique de La Réunion, région ultrapériphérique de l’Europe dans l’océan Indien. Il a voyagé partout dans le monde. Toutefois, un endroit a été omis volontairement. Mais un jour, le voile est levé. Ses enfants lui offrent un séjour complet de trois semaines pour partir à destination de l’île de Nosy-Be (Madagascar) espace insulaire dans le canal du Mozambique, qu’il n’a pas revu depuis ses 18 ans où il a passé les premières années de sa vie.

Après avoir fait escale à Tananarive (la capitale mégapole tentaculaire) et avoir survolé la splendide baie de Diégo-Suarez, il rencontre là-bas son ami d’enfance, Roger, qui est devenu entre-temps un taximan.

Un demi-siècle s’est écoulé entre son enfance et sa retraite.

Que lui réserve ce voyage hors du commun à travers les couloirs du temps ? D’aventure en aventure, comment va-t-il parcourir ce chemin du retour aux sources ? Quel bilan fait-il de son itinéraire terrestre ? Quelles valeurs l’ont guidé tout au long de sa vie ? Que lui réserve ce voyage hors du commun à travers les couloirs du Temps à la découverte des secrets de la Mémoire, enfouis dans les labyrinthes de cette île splendide, de sa capitale Hell-Ville, de ses villages alentour ?

Article culturel, historique, littéraire et géopolitique rédigé par Tamim KARIMBHAY, professeur, historien et romancier, auteur d’une monographie culturelle et historique d’un espace culturel et touristique insulaire dans l’océan Indien et le canal du Mozambique : Nosy-Bé : Âme malgache, Cœur français, et du roman autobiographique et géopolitique : un hypertexte polyvalent et visionnaire : Année 2043 : Autopsie D’une Mémoire à contre-courant.

Le 16 juin 2023.

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