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Béatrice Leperlier : priorité à l’embauche des Réunionnais

Publié le 16 janvier 2011

Conseillère régionale dans l’opposition, administratrice de la Mutualité de la Réunion, Béatrice Leperlier répond au débat suscité par le témoignage d’Idriss, policier réunionnais en métropole et à la création de l’association "Mobilité sans retour". « Nous avons des chiffres sur le nombre de réunionnais recrutés dans l’Education nationale par exemple. Sur 1 000 emplois créés chaque année, 900 sont occupés par des personnes venant de l’extérieur, alors que les Réunionnais ne manquent pourtant pas de formations. Le système a montré ses limites ». Pour Béatrice Leperlier, la situation sociale et les 55,3% des jeunes au chômage sur l’île justifient des mesures particulières.

Béatrice Leperlier

Béatrice Leperlier, en réponse au message "La vie d’un policier réunionnais en métropole : le témoignage d’Idriss" : "Mes félicitations et mes encouragements dans le juste combat que vous menez. Aussi, comment en ce début d’année ne pas vous faire part de mes meilleurs vœux pour 2011 et surtout émettre le souhait de résultats dans la bataille.

Depuis plus d’un an, au sein de l’Alliance des Jeunes pour la Formation et l’Emploi à la Réunion (AJFEFR), nous menons le combat pour que la priorité soit donné à la Réunion, aux réunionnais dans l’embauche. Des Etats généraux de l’Outremer au président de la République en passant par tous les ministres de passage régulièrement dans l’île, nous ne cessons d’interpeller les pouvoirs publics. Aussi, il y a un an, nous avons mené une grande campagne de sensibilisation à travers une campagne d’affichage massive dans toute l’île avec des bandeaux où l’on pouvait lire "priorité à l’embauche des réunionnais".

Avec 55,3% des jeunes réunionnais qui sont au chômage (taux le plus élevé d’Europe), 52% de la population qui vit en dessous du seuil national de pauvreté, l’emploi est et doit être notre première préoccupation.

Nous avons beaucoup travaillé sur le recrutement dans la fonction publique de l’éducation nationale. A force de les demander nous avons reçu les chiffres sur le nombre de Réunionnais recrutés et autant dire qu’ils sont alarmants : sur 1 000 emplois créés chaque année à la Réunion dans l’Education Nationale, 900 sont occupés par des personnes venant de l’extérieur ! Ainsi, ce sont des milliers d’emplois qui passent chaque année sous le nez des réunionnais qui ne manquent pourtant pas de formations.

Au vu du contexte économique et social difficile à la Réunion, nous estimons que plus un emploi à la Réunion doit échapper aux réunionnais. Nous ne pouvons plus nous permettre, la jeunesse de notre île doit être au coeur de toutes les attentions parce qu’elle est l’avenir.

Aussi, conscients que l’Education Nationale n’est pas le seul secteur à produire des injustices, il est primordial de s’intéresser aux autres fonctions, à sensibiliser le plus grand nombre à la cause et à mener la bataille. La bataille continue donc et nous sommes convaincus, chaque jour un peu plus, de sa nécessité.

Ca n’a pas toujours été facile, notamment au début car très vite on peut nous traiter de racistes alors que le problème n’est pas racial mais social. Aussi, loin d’incriminer les personnes aujourd’hui qui profitent de ces modes de recrutement nous dénonçons le système, qui à notre sens a trouvé ses limites.

Nous pensons qu’il est important effectivement de bien expliquer la situation, ce que vous vivez là bas car est malheureusement souvent, méconnu du grand public.

En termes de solutions, nous entendons bien ce qui est proposé et c’est pas mal. Mais peut-être que la réflexion et que les revendications peuvent être poussées un peu plus loin…

En premier lieu, en matière mobilité nous pensons qu’elle doit être choisie et non subie.

Puis, au-delà de payer un billet d’avion, doivent être pris en considération les conditions de vie là bas et surtout, le retour. C’est primordial, sinon il s’agit comme on l’appelle vulgairement, de fuite des cerveaux.

Enfin, il est vrai que les jeunes (et les autres) ont un droit à la formation, il est aussi évident que nous avons droit au travail. Si tel n’est pas le cas, le droit à la formation n’a que peu de sens. Par-dessus tout, nous avons donc le droit à un travail décent et ce sur notre île, surtout que ce n’est pas comme s’il n’y avait pas de postes !

Nous devons, il est vrai, adapter le nombre de mutations des Réunionnais en fonction des besoins en emplois dans l’île. Nous sommes dans un contexte particulier et qui puis est difficile. La situation de la réunion n’est comparable à aucun autre département. A ce titre, situation particulière, mesures particulières.

Nous ne trouvons aucune raison valable à ce qu’à diplômes et compétences égaux, une personne extérieure soit favorisée par rapport à un réunionnais. Nou lé pas plus, nou lé pa moins.

D’autre part, il paraît évident que nous subissons depuis des décennies ce système injuste de recrutement dans la fonction publique et que de ce fait, se sont des milliers d’emplois qui sont passés sous le nez des réunionnais. Cela n’a que trop duré et je crois que le temps de l’exploitation des peuples doit prendre fin.

Il est évoqué sur ce groupe la possibilité de faire dans la mutation du 50/50… pourquoi ? Sommes-nous moins compétents et n’y a-t-il pas suffisamment de Réunionnais compétents pour occuper ces postes ?

Ca peut être une solution provisoire ou à titre provisoire mais notre droit au travail, dans notre île ne peut et ne doit être cédé à quelconque personne, en tout cas, pas quand 55,3% des jeunes Réunionnais sont au chômage.

Le travail est un droit, durement acquis et notamment pour les femmes et nous avons de ce fait toute légitimité à nous battre pour réclamer ce qui nous est, en quelque sorte, dû.

Concernant l’évolution de la bataille, il est important d’avoir des chiffres officiels : combien de policiers réunionnais sont en France hexagonale ? Combien de réunionnais partent chaque année se former ? Combien de personnes reviennent chaque année à la Réunion ? Parmi elles, combien sont originaires de l’île ?

Quoiqu’il en soit et à toutes les personnes qui subissent aujourd’hui le système, soyez sures de notre soutien et nos encouragements dans la lutte".

Pour l’AJFER,

Béatrice LEPERLIER


Lire aussi :
Retour des fonctionnaires réunionnais sur l’île : la mobilisation s’amplifie (2012)
Mutation des fonctionnaires : une motion du Conseil Général de la Réunion (2011)
La vie d’un policier réunionnais en métropole : le témoignage d’Idriss (2010)
L’association « Mobilité sans retour » créée par des policiers réunionnais de métropole (2010)
Fonction publique outremer : des mesures pour favoriser l’emploi des originaires (2010)
La mobilité dans les emplois publics dans les départements d’outre-mer (2010)

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