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Du Titanic 1912 au Titan 2023 : une réflexion à méditer

Publié le 13 juillet 2023

Le silence des abysses : Réflexions sur le Titanic, la mort et la présence des absents... À travers les paroles éclairantes de François-René de Chateaubriand et Victor Hugo, plongeons dans une réflexion philosophique sur la présence des morts dans nos vies et la manière dont ils continuent de nous instruire, tandis que l’auteur Tamim KARIMBHAY nous guide dans une exploration profonde de l’histoire et de la mémoire à travers ses ouvrages marquants.


« Il y a quelque chose de plus fort que la mort : c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants et la transmission, à ceux qui ne sont pas encore, du nom, de la gloire, de la puissance et de l’allégresse de ceux qui ne sont plus, mais qui vivent à jamais dans l’esprit et dans le cœur de ceux qui se souviennent », disait-il en 1974 lors de son élection à l’Académie française. François-René de Chateaubriand anticipait déjà : « Le grand tort des hommes, dans leur songe de bonheur, est d’oublier cette infirmité de la mort attachée à leur nature. »

De nombreux articles et documentaires numériques et télévisés synthétisent en ce moment bien l’ensemble des informations connues à ce jour sur ce dramatique événement post-covid, l’implosion du sous-marin Titan, tout en faisant une rétrospective réflexive et analytique sur la nuit terrible vécue par les personnes qui étaient sur le Titanic il y a 111 ans de cela. Déjà, le Naufrage du « Titan » (titre original : Futility), roman écrit par Morgan Robertson et publié en 1898 sous le titre Futility, prédisait le désastre du Titanic, 14 années avant le drame.

Je pense qu’il faut dorénavant que les milliardaires et les scientifiques comprennent qu’il faut laisser peut-être le Titanic tranquillement dormir et disparaître dans les abysses. Le monde est injuste : des milliers de pauvres gens qui meurent dans ce bas monde pour X raisons... et là, pour cinq milliardaires qui se sont déplacés dans un objet non homologué, exploité par une société qui avait été avertie par des professionnels des dangers existants, on dépense des moyens énormes et on rêve encore de déplacer des montagnes blanches dans les noirceurs des océans. Je trouve cela révoltant vis-à-vis des peuples qui vivent dans la misère et dans la guerre. Après, je présente naturellement mes condoléances à leurs familles respectives.

C’est juste triste de mourir subitement quand la folie des grandeurs et la tentation des profondeurs et de l’espace font dépenser des sommes colossales qui pourraient être utilisées au service de l’humanité. Je rebondis quand même sur le Titanic qui est devenu au fil du siècle un objet de fascination et de convoitises pour beaucoup de gens, particulièrement depuis la sortie du film en 1997. Effectivement, l’histoire de cette tragédie mérite d’être connue du grand public. En revanche, n’oublions pas que le Titanic est aussi la prison et un cimetière de souffrance pour ceux qui ont vécu ces moments dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 (une triste date où les secondes ont dû durer des heures et qui était leur temps présent à eux) et une source de souffrance et d’émotion pour leurs familles, aussi en tout cas pour ceux et celles qui en avaient en 1912.

Aussi, je continue à penser qu’il faut laisser toutes ces pauvres âmes reposer en paix dorénavant dans le silence monacal des profondeurs lugubres.

En conclusion, c’est sans aucun doute la grande morale et leçon de l’histoire de ce géant des mers dit insubmersible par ses constructeurs, et qui surgit malgré lui sur les chaînes de la télévision et dans les documentaires de grande diffusion, des profonds méandres du passé. Un des critères pour moi de ce qui devrait déterminer le degré d’humanité d’une civilisation n’est pas, comme le disait Gandhi, la manière dont elle considère les animaux, mais la manière dont les peuples qui la composent respectent leurs morts. La tragédie peut aussi être interprétée comme étant un signal fort envoyé à tous ceux qui confondent le monde virtuel et le monde réel... Enfin, ce n’est que mon humble avis.

François-René de Chateaubriand méditait dans les Mémoires d’outre-tombe, 1849-1850, tome 4 : « Les vivants ne peuvent rien apprendre aux morts ; les morts, au contraire, instruisent les vivants. »

Victor Hugo disait dans Les Misérables (1862), IV, Un cœur sous une pierre : « Aimez et souffrez, espérez et contemplez. Malheur, hélas ! à qui n’aura aimé que des corps, des formes, des apparences ! La mort lui ôtera tout. Tâchez d’aimer des âmes, vous les retrouverez. » « La beauté de la mort, c’est la présence. Présence inexprimable des âmes aimées, souriant à nos yeux en larmes. L’être pleuré est disparu, non parti. Nous n’apercevons plus son doux visage ; nous nous sentons sous ses ailes. Les morts sont les invisibles, mais ils ne sont pas les absents. »

Le 08 juillet 2023.

Article philosophique et réflexif rédigé par Tamim KARIMBHAY, professeur, historien et romancier, auteur d’une monographie culturelle et historique d’un espace culturel et touristique insulaire dans l’océan Indien et le canal du Mozambique : Nosy-Bé : Âme malgache, Cœur français, et du roman autobiographique et géopolitique : un hypertexte polyvalent et visionnaire : Année 2043 : Autopsie D’une Mémoire.

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