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Elodie et Thomas : confidences de voyageurs

« J’aimerais partir en Australie, on pourrait acheter un van aménagé et faire le tour du continent pendant un an…
- L’idée me plaît. On partirait quand ? »
Le temps de faire un rapide calcul, Elodie me répond : en Décembre ?!
- Parfait, ça me convient ! ». Nous sommes alors en aout 2013, et c’est ainsi qu’à commencé notre folle passion du voyage au long cours…

Article : Alyssa Mariapin


Avec un peu de planification, le départ fut repoussé au 5 mai 2014. Heureux de vivre le début d’un projet imaginé, un peu préparé, mais aussi soucieux de partir pour une année loin de nos familles et de notre environnement. Nous avions tous deux voyagé auparavant, mais jamais pour aussi longtemps. Nous arrivons à Perth, Capitale de l’ouest Australien, isolé par le désert, mais accueilli par Marnie, correspondante d’Elodie lors qu’elle était au collège. Nous avons passé deux semaines chez elle le temps d’acheter notre van, de mettre à jour nos documents administratifs et bancaires (simple et rapide en Australie), et de faire les dernières retouches à notre van. Ce van, ou plutôt ce cher Joe, tel nous l’avons baptiser, était bien plus qu’une voiture. Il était notre maison, notre compagnon de route, compagnon de tous les jours, solide et fidèle malgré son grand âge (26 ans), c’est le parfait ami qui complétait notre trio.


Nous voilà parti sur les routes australiennes, notre itinéraire calé sur le rythme des saisons, à travers les grands déserts qui occupent 98% du territoire. Notre feuille de route ? Rejoindre les un après les autres les parcs nationaux, à la recherche des beaux paysages et de la riche faune sauvage. Le kangourou est l’emblème du pays, mais nombreux sont les animaux endémiques. Telle est l’aventure que nous vivons au quotidien. En effet c’était devenu notre quotidien de se réveiller dans les immenses espaces, prendre un café en regardant les koalas, se promener dans des canyons et des montagnes, cuisiner au feux de bois, bref, vivre en harmonie avec la nature. Les mois défilaient, les expériences s’accumulaient, les rencontres se multipliaient, et nous nous épanouissions ! « Nous sommes ici à notre place », répétions-nous régulièrement.


Il nous aura fallu 9 mois pour parcourir 38 500 kms dans les 8 états Australiens.
- « 9 mois ? mais vous n’étiez pas parti pour 1 an ? » (j’anticipe votre questionnement).
- Oui nous étions parti pour un an. Et c’est là que le voyage au long court prend tout sons sens. Il y a une ligne directrice, rien de planifié. Partir pour plusieurs mois offre la possibilité de prendre le temps pour l’imprévu. Accepter une invitation car on est pas attendu par un bus. Prolonger une escale car on apprécie l’endroit. Etre libre de changer de route à tout moment. Il était alors temps pour nous de poursuivre le voyage différemment. Nous avons donc profiter de la revente de notre compère Joe pour changer de rythme : à nous la Nouvelle-Zélande !


Pays des moutons, c’est surtout deux îles étendues des latitudes tropicales (dans le nord) aux « sub-artique » (deuxième terre plus australe après la pointe de la Patagonie). La terre des « Blacks » regorge de trésors naturels, paysages côtiers, volcaniques, glaciers, montagnes, fjords… une diversité qui ravira tout amoureux de notre belle planète.
Si l’Australie et la Nouvelle-Zélande nous ont rempli les yeux de beaux paysages, nous avons terminé notre année par un bain culturel en Asie du sud-est. Fini le road trip. Place au sac à dos. Déplacement en bus local pour traverser le Myanmar (Birmanie), la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam. Fini les déserts océaniens. Place à la fourmilière asiatique. Sur un scooter, proche d’un temple ou dans un marché, elle offre un dépaysement permanent. Il y a toujours un temple à portée de vue. La douceur du bouddhisme, les traditions millénaires et les sourires permanents de ces peuples enjolivent chaque journée. La plaine de Bagan, les falaises karstique de Krabi, les temples d’Angkor, la générosité du delta du Mekong sont un extrait de la richesse offerte par cette région. Nous célébrons, le dernier jour, cette belle expérience autour d’un verre au 52ème étage de la plus haute tour d’Ho-Chi-Min.


Après une telle année, la nostalgie s’installe rapidement. Nous savourons les moments passés avec nos familles et amis. L’envie de repartir est permanente. Nous nous ressourçons dans nos terroirs. Nous partageons nos souvenirs. Inévitablement un nouveau projet prend forme : l’Amérique du sud le long de la cordillère des Andes.Le temps de mettre sur pied ce projet, nous sommes partis en Namibie retrouver les paysages désertiques et la grande faune africaine. Quelques mois plus tard, la gigantesque « Big Apple » (New York) et le Quebec.


En un claquement de doigt, nous voilà prêt pour un nouveau départ. Cinq mois en sac à dos sur un trajet allant de l’Equateur à la Patagonie, le long de la chaine montagneuse sud américaine. Nous partons légers : 16kg pour Elodie, 18kg pour moi. Cela inclus tout le matériel de camping : nous avons l’ambition de faire quelques uns des plus beaux treks du monde dans cette chaine montagneuse. La cordillère des Andes est un bijoux de la nature, d’archéologie, de culture. Merveille géologique, elle est la frontière naturelle entre une bande de terre aride du côté pacifique, et les plaines Amazonienne et Patagonienne à l’est.


Elle a permis de voir évoluer trois grands peuples qui ont su vivre en adéquation avec leur environnement (populations côtières, Andines et Amazonienne). La plus caractéristique est la population andine, qui vit entre 2000 et 5000m d’altitude, issues des nombreuses civilisations précolombiennes, dont la plus connue est la civilisation Inca, qui a laissé une empreinte de taille notamment grâce au Machu Picchu.
Nous commençons ces cinq mois à Quito, capitale de l’Equateur. Petit pays mais grande nature. De la côte pacifique à l’Amazonie en passant par la chaine volcanique, l’Equateur est à l’image de la cordillère des Andes, un territoire riche de ses contrastes et de sa diversité. Le parc national des Galapagos est un paradis biologique. Ces iles caractérisées par une faune et une flore endémiques ont aidé Charles Darwin à élaborer sa théorie de l’évolution des espèces.
Toujours itinérant en bus, le sac sur le dos, nous descendons vers le Perou. C’est au Perou que se trouve la plus grande quantité de sites archéologiques. Pendant plus de deux mille ans, des civilisations se sont succédées, certaines s’établissant localement (Chachapoyas, Chimù, Chavin), d’autres ayant un désir d’expansion (Incas). Tous ont laissé dans l’histoire des milliers de temples ou villages. Nous avons remonté le temps et marché sur leur traces. Marché sur les chemins qu’ils ont construit pour traverser les montagnes. Marché jusqu’à 5200m d’altitude dans des paysages que nos yeux ne sauront oublier… et oui, le Pérou c’est le pays du trek !


Les peuples andins ont su conserver leur culture et leurs traditions. Musique, vêtements, gastronomie. Une culture chaleureuse propre à ces montagnes.
Une fois encore, nous profitons de la liberté de notre non-planification pour aller passer les fêtes de fin d’année au Mexique, explorer les civilisations Mayas de la péninsule du Yucatan et faire de belles plongées dans les cénotes (grottes calcaires souterraines), et avec les requins taureau.


Ce détour sur les plages blanches et ensoleillées du Mexique fut très apprécié, après plus de deux mois dans les montagnes andines. A notre retour dans les Andes, nous reprenons la route où nous l’avions laissée. Direction le Chili où nous accueillons mes parents pour un road trip bien réglé. Quatre jours sur l’altiplano bolivien, du sud Lipez au Salar d’Uyuni. La chance est avec nous, il a plu la veille de notre arrivée au salar, transformant le sol blanc en un gigantesque miroir qui nous fait perdre tous repères.
Cap au sud le long de la frontière chilo-argentine. Désert de terre rouge, grandes étendues, découverte des vignobles argentins : une étape aussi aventureuse que gastronomique. Nous traversons de nouveau la cordillère, rejoignant Santiago du Chili, découvrant la triste réalité du régime de Pinochet et les belles couleurs de Valparaiso. Nous rencontrons par hazard Zara et Teddy, deux réunionnais. Une intéressante escale urbaine avant de repartir à la rencontre d’une civilisation disparue sur une petite île du pacifique : l’île de Pâques.


Que de mystères sur ce petit caillou de 15 kilomètre de long ! De grandes statues de pierres disséminées sur toutes l’île, et aucune transmission orale ou écrite expliquant leur provenance. Quand les grands explorateurs ont redécouvert cette île, elle n’était habitée que par les Moaïs. Toujours cap au Sud, direction la Pantagonie. C’est dans cette vaste région isolée, au climat exigent, à cheval sur l’Argentine et le Chili que l’on trouve une nature sauvage. Les montagnes granitiques, les immenses glaciers, les plaines à perte de vue, les fjords. A l’image de la Nouvelle-Zélande, les paysages du bout du monde impressionnent, encore et toujours.
La tête perdue dans les grands espaces sauvages, nous rejoignons Buenos Aires. Emblématique capitale de l’immigration, son coeur bat au mélodieux son du Tango.
Les Portenos le danse toutes les nuits.

Avant d’aller danser, nous dégustons un morceau de boeuf local accompagné d’une bonne bouteille de rouge, à la hauteur de la réputation. Les papilles satisfaites, le coeur rempli d’amour, nous partons pour Iguazu. Dans un écrin de verdure, au milieu du poumon de la terre, des centaines de cascades alignées sur deux kilomètres se jettent dans le vide. Elles délimitent la frontière entre l’Argentine et le Brésil. C’est là que nous passons la frontière pour entrer dans le dernier pays de ce périple. Nous filons à Rio de Janeiro pour la dernière soirée du carnaval. Pas de temps à perdre, c’est au Sambodrome que tout se déroule. Une grande avenue bordée de tribunes, remplie de passionnés et d’amateurs venus vivre la folie de ce carnaval. Des milliers de danseurs, dans des costumes éblouissants défilent sur un air envoutant de samba. Une nuit magique pour mettre un terme à cinq mois de voyage, de partage, de culture et d’émerveillement.


Loïc Peyron disait : « Le plus beau voyage est celui que l’on à pas encore fait ». Vous l’avez bien compris. Un projet terminé en appel un nouveau. Le voyage est une drogue. Celui qui a voyagé est toujours languissant de repartir. Nous avons appris beaucoup de nos voyages, mais il y a encore tant à apprendre. Aujourd’hui nous sommes en train de préparer un nouveau projet. Nous nous donnons quatre mois pour visiter cuba, rendre visite à la soeur d’Elodie en Guadeloupe, et participez à un projet de sauvegarde de la faune sauvage au Costa Rica. Il est encore tôt pour en dire d’avantage, si ce n’est que le départ est prévu pour le 19 septembre 2017.
- « A force de voyager, vous vivrez peut être à l’étranger ? » nous direz-vous.
Il est vrai qu’une expatriation nous vient souvent à l’idée. Nos voyages sont une sorte de prospection du lieu idéal. Ce n’est pas que nous fuyons nos racines. Nous aimons les partager. Nous sommes fiers de nos régions, d’où nous venons, où nous avons grandi. Lorsque nous rentrons chez nous (ou plutôt chez nos parents) ce n’est pas seulement un retour aux sources, c’est un nouveau voyage. Nous poursuivons la découverte de nos régions à chaque escale. Une expatriation c‘est changer d’endroit, de rythme de vie, changer de vie. Pourquoi pas changer de travail ? Toutes les options sont à envisager. Un nouveau projet professionnel fait parti de la démarche. L’idée est de s’intégrer dans une culture différente, avec un un mode de vie plus en adéquation avec la nature et l’écologie. Cesser la course permanente de nos journées rythmées par le temps. Nous n’avons qu’une vie, à nous de la remplir. Un vieux bushman namibien nous a dit : « La vie c’est une succession d’étapes : quand l’une se termine, elle amène de la tristesse la nostalgie. Cela n’empêchera pas que la nouvelle étape soit tout aussi belle ».

Quoi qu’il en soit, il y a autant de voyages que de voyageurs. Que vous soyez casanier ou aventureux, goutez à cette belle expérience. Vivez votre voyage, vos voyages.

Elodie et Thomas

Retrouvez les photos de nos aventures sur la pages Facebook « Le monde ensemble ».


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