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Hommage à Fida et à Sambou du village de Dzamandary sur île de Nosy-Be

Publié le 20 novembre 2023

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort : c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants et la transmission, à ceux qui ne sont pas encore, du nom, de la gloire, de la puissance et de l’allégresse de ceux qui ne sont plus, mais qui vivent à jamais dans l’esprit et dans le cœur de ceux qui se souviennent », disait Jean d’Ormesson en 1974, lors de son élection à l’Académie française.


Quand je lis cette citation de cet illustre homme qu’était Jean d’Ormesson et que j’admire beaucoup, cela me rappelle deux êtres aux grands cœurs, deux guerriers de la lumière que j’ai croisés dans le village de mon enfance, quelque part sur terre, et on dirait parfois, il y a si longtemps de cela, il était presque une fois ! Il y a presque 40 ans de cela ! Presque dans une autre vie. Pourtant ils sont bien présents dans la profondeur de mon cœur et gravés dans les abysses de ma mémoire pour toujours, pour l’éternité.

Les deux personnes étaient instruites, héritières d’une instruction publique solide du temps des colonies, mais des oubliées malheureuses de la décolonisation et de la période postcoloniale. Le premier était un mendiant usé par la vie, un sans-abri presque errant et titubant dans le village du matin au soir, et très malade. Il s’appelait Fidahouseen Eymadaly Adjee mais on l’appelait Fida et tout le monde l’appelait ainsi par affection. Il m’a transmis la flamme de l’histoire de France, de l’histoire mondiale, des dates et des rois, des reines et des dauphins, de la généalogie, des chronologies.


Le deuxième s’appelait Sambou. Il avait certainement un nom aussi mais, ma sœur et moi, nous l’appelions juste Sambou. C’était un éleveur de zébus et un vendeur de régimes de bananes vertes. De lui, je tiens ma passion pour les grands de la littérature française comme Victor Hugo, Honoré de Balzac, Jean de La Fontaine, François-Auguste-René de Chateaubriand, ou Alphonse de Lamartine pour ne citer que quelques noms. Une pensée profonde pour ces êtres de lumière, qui vivent à jamais dans mon cœur et ma mémoire !

Et merci beaucoup Monsieur Jean d’Ormesson pour vos livres et cette très belle philosophie de la vie, une vraie spiritualité laïque à laquelle peu de gens accèdent de leur vivant !


Article philosophique et réflexif rédigé par Tamim Karimbhay, professeur, historien et romancier, auteur d’une monographie culturelle et historique d’un espace culturel et touristique insulaire dans l’Océan Indien et le Canal du Mozambique : Nosy-Bé : Âme malgache, Cœur français, et du roman autobiographique et géopolitique, un hypertexte polyvalent et visionnaire : Année 2043 : Autopsie D’une Mémoire.


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