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Manger et se soigner à la Réunion - Maryvette Balcou-Debussche

Publié le 18 février 2011

Extrait de l’ouvrage "La Réunion, une société en mutation".
Contribution de Maryvette BALCOU-DEBUSSCHE
Ethnosociologue, chargée de mission en éducation à la santé
PAEDI (IUFM-Université de Clermont-Ferrand),
CURAPP- UMR 6024 du CNRS, UPJV Amiens
IUFM-Université de La Réunion.

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Maryvette Balcou-Debussche montre comment, en un peu moins d’une génération, les façons de manger, de se déplacer et de se soigner se transforment de façon considérable à La Réunion. Sous l’influence d’une classe moyenne concentrée dans les villes, d’une nouvelle offre alimentaire dans les grandes surfaces et d’une plus grande mobilité des individus, la population réunionnaise passe en peu de temps d’une alimentation traditionnelle fondée sur des relations étroites avec la nature à une nourriture plus variée, plus vite préparée, mais aussi plus riche en apports de graisses et de sucres. Ces changements engendrent des transformations profondes des rapports au corps, des façons de manger et de se déplacer.

Parallèlement, la diversification de l’offre de soins modifie les relations au corps et à la maladie, en même temps qu’elle rend plus aisé le recours à la consultation médicale et à l’hospitalisation. Aujourd’hui, les pratiques alimentaires diversifiées et les rapports complexes à la santé et à la maladie sont donc à lire à la lumière de ces mutations sociales qui constituent la toile de fond des analyses.

Dans le champ de la santé comme dans celui de la maladie, les pratiques continuent à s’enrichir mutuellement en participant à un processus partagé de créolisation. Pourtant, malgré une démocratisation effective de l’accès aux soins, une part importante de la population reste en marge des progrès qui ont été réalisés. Le développement des maladies chroniques et la crise du chikungunya en 2006 constituent deux exemples qui montrent comment les tensions sociales se cristallisent dans les pratiques individuelles tout en participant aux différenciations. On retrouve ainsi l’influence d’un premier mouvement mobilisant les ressources de la nature et des savoirs des populations d’origines culturelles diverses qui ont successivement peuplé l’île, en concurrence avec des modèles culturels et institutionnels venus de France métropolitaine qui attisent les tensions et révèlent les inégalités.

La suite dans l’ouvrage "La Réunion, une société en mutation", synthèse
actuelle des connaissances sur la société réunionnaise s’appuyant sur des
travaux scientifiques de référence dirigée par Eliane Wolff et Michel
Watin.

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