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Rubrique Le parcours du mois du Journal de l’île de la Réunion du 26 mars 2007

Publié le 26 mars 2007

A 28 ans, Olivier Hoarau travaille depuis quatre ans pour le cabinet d’audit Ernst & Young. Un emploi qui lui permet de voyager et de choisir ses destinations dans le monde. Après le Luxembourg et Montréal, c’est à Sydney qu’il vient de s’installer avec sa compagne. Si la vie en Australie reçoit toute ses faveurs, il est reparti de son dernier séjour à la Réunion stupéfait par le coût de la vie.

Chaque jour, pour se rendre à son travail, Olivier Hoarau traverse la baie de Sydney, par ferry, en une demi-heure.

Economie, avec le site www.reunionnaisdumonde.com

Olivier Hoarau, auditeur senior chez Ernst & Young à Sydney

A seulement 28 ans, Olivier Hoarau occupe le poste d’auditeur senior dans le prestigieux cabinet Ernst & Young, à Sydney, et a déjà bien roulé sa bosse à travers le monde. Originaire de Saint-Pierre, le jeune homme a passé un baccalauréat littéraire au lycée Ambroise Vollard de Terre-Sainte avant d’entamer un BTS de Commerce International au lycée prive Saint-Charles de Saint-Pierre. "Je pensais poursuivre mes études en intégrant une licence d’AES (aAdministration, économique et sociale), sans vraiment voir ou cela me mènerait, raconte-t-il. Mais peu avant les examens, un responsable de l’INSEEC, une école de commerce internationale implantée à Bordeaux et Paris, est venu nous parler de cette école et nous dire qu’il restait des places pour le concours d’entrée qui se déroulait le lendemain. Je me suis inscrit pour voir et j’ai été reçu. A ce moment-là, je ne voulais pas spécialement quitter la Reunion. J’y avais ma vie, ma famille, mes amis, mes habitudes. J’étais heureux." Pourtant, à presque 21 ans, cédant à la curiosité, Olivier Hoarau s’envole pour Bordeaux. Le programme de l’INSEEC le pousse à faire à nouveau régulièrement ses valises pour des stages en Angleterre, au Mexique, au Luxembourg. Puis, le jeune homme décroche un stage de fin d’etudes de 6 mois dans la finance chez Ernst & Young, au Luxembourg. Il y restera finalement pendant deux ans. "Le Luxembourg a représenté une étape difficile mais c’était aussi une des seules solutions pour un étudiant n’ayant pas fait une des 10 premieres écoles de commerce de France de se faire embaucher dans un cabinet d’audit de l’envergure d’Ernst & Young, explique Olivier Hoarau. Je suis entré par la porte de service en quelque sorte !" Décidé à quitter le Luxembourg et ne trouvant pas de poste à Paris, le jeune Réunionnais et sa fiancée bordelaise décident de se tourner vers l’étranger. Par chance, il trouve un poste chez Ernst & Young à Montréal, où ils s’installent en février 2004. En plein hiver. Il fait -30°C. Après deux ans et demi d’expérience canadienne, les hivers rigoureux pendant la moitié de l’année auront raison de l’engouement des deux jeunes gens. La prochaine destination sera Sydney et ses températures douces toute l’année. Olivier Hoarau et son épouse y sont installés depuis un peu plus de six mois et semblent prêts à y laisse leurs valises pour un petit moment.

1/ En quoi consiste précisément votre activité d’auditeur chez Ernst & Young ?
Je m’occupe de la certification de comptes pour des clients tels que des fonds d’investissement et des entreprises de technologie, communication et divertissement.

2/ Quels sont vos projets à l’heure actuelle ?

Pour l’instant, rien n’est sûr. Mon contrat de deux ans est renouvelable. Mon épouse et moi songeons déjà à rester plus de deux ans afin de bien profiter de la situation géographique de l’Australie. Ma femme vient tout juste de trouver un emploi dans ses deux domaines prédilection que sont le vin et le commerce international, ce qui ajoute à notre bien-être sur place. Pour ma part, j’espère continuer à grimper les échelons au sein d’Ernst & Young en Australie. Une chose est certaine, l’Australie propose encore de bonnes opportunités. A terme, je souhaiterais monter ma propre entreprise ici ou ailleurs.

3/ Envisagez-vous de revenir vivre à la Réunion ?

C’est une question qui revient souvent. Retourner à la Réunion ne fait pas partie de mes projets à court terme mais toutes les opportunités qui se présentent doivent être prises compte. Si demain, on me propose quelque chose d’intéressant sur place, je serai heureux de revenir dans mon île et de contribuer à la vie locale.

4/ Quel regard portez-vous dorénavant sur la Réunion, en particulier sous l’angle économique et social ?

Ma femme et moi sommes venus a la Réunion pour Noël dernier après 3 ans d’absence. Nous avons apprécié l’évolution de certaines infrastructures, comme le port de Saint-Pierre. Mais nous avons été déçus par la circulation, le phénomène de sur-consommation qui règne sur l’île ainsi que la hausse des prix des produits alimentaires. Je trouve inadmissible que le coût de la vie soit aussi élevé à la Réunion. Je suis convaincu que les frais d’importations - octroi de mer inclus- sont loin de suffire à justifier les prix des produits de base. J’ai d’ailleurs remarqué une chose curieuse. Les ordinateurs et autres appareils électroménager sont presqu’au même prix qu’en métropole alors que les produits de première nécessité sont entre 25 et 50% plus cher. Les grandes surfaces font beaucoup trop de profits sur des produits indispensables comme les aliments. Un tel abus me paraît vraiment malsain.

5/ Qu’appréciez-vous dans votre environnement actuel qui ne vous serait pas accessible à la Réunion ?

Ce qui me plaît le plus, c’est l’ampleur des choix qui me sont proposés en termes d’emploi, de loisirs, de cadre de vie, de voyages. Les prix des billets d’avion au départ de la Réunion sont trop onéreux et freinent considérablement l’émancipation des jeunes Réunionnais.

6/ Que diriez-vous à des Réunionnais que l’expatriation tente, mais qui hésitent à sauter le pas ?

Allez-y, le monde est là, de l’autre côté de l’océan ! Il vous suffit d’aller voir ce qu’il a à vous offrir ! Soyez préparés à ce que certaines choses vous manquent mais vous en découvrirez d’autres. Le fait de venir de la Reunion présente un grand avantage, car nous relativisons plus facilement et nous adaptons plus facilement aux autres cultures, la notre étant déjà tellement riche. Par ailleurs, le conseil général et d’autres organismes locaux proposent souvent des aides pour ceux qui désirent quitter la Réunion dans le cadre de leurs études. J’en ai moi-même profité pour financer mon école de commerce. Changer de pays souvent n’est pas chose facile parce qu’il faut tout recommencer à chaque fois. Nouvelle vie, nouveau logement, nouvelle culture, nouveaux amis, nouvel environnement... Il faut aussi apprendre les spécificités en termes de sécurité sociale, impôts, retraite. Mais c’est tellement enrichissant d’un point de vue personnel et professionnel que ça en vaut vraiment la peine.

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