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Rosemay Nivard, portrait d’une poétesse réunionnaise en Ile de France

Publié le 20 février 2011

L’île se quitte mais ne s’oublie pas. « Je me suis installée non loin de la
Marne, et je guette les mouettes avec des envies de Paille-en-queue, le vin du côté
de Nogent n’est pas celui de Cilaos ».

Rosemay Nivard

Rosemay nivard est née au Tampon (île de la Réunion). Fille de musicien : accordéoniste de bals et mariages, de bals la poussière, son père à la retraite a fait partie, comme son oncle d’ailleurs dès la création, du groupe des « pépés des 400 » avec Danièle Laselve et les compères Grat’fil. Avant de mourir son père fait un disque à ses frais pour graver ces instants créoles où la musique était partie majeure des fêtes ; il reçoit une médaille de la SACEM Réunion en 2000. En 2010, Christian Laselve édite un album de ces musiques traditionnelles de la Réunion. Mère Saint- Louisienne, décédée.

Après des études au lycée Roland Garros du Tampon, avec cursus de latin de 6è en 3è où son professeur de français lui fait goûter et apprécier la langue française, Rosemay Nivard vient passer son bac littéraire à la Varenne Saint Hilaire (94).

Souffrance et maladie sont des mots qu’elle connait bien, fil conducteur de ses poèmes où elle vient sans cesse interroger le temps qui passe, qui se déroule et qui se tapit dans son inexorable voyage.
Ce voyage commencé par l’hémiplégie de sa mère, voyage retrouvé au cours de sa carrière d’infirmière auprès d’enfants en difficulté mentale pendant 20 ans, puis dans un hôpital psychiatrique, ce travail a mis en lien la langue et le corps, le rapprochement avec la langue française, par des ateliers d’écriture, des groupes autour du conte, du théâtre et de l’écoute musicale.

Les textes de Rosemay Nivard viennent
s’inscrire dans la sphère de l’humain. Les ressorts de son écriture sont dans des
enjeux de connivence avec la nature, sa sphère personnelle, le reflet de soi, et le
rapport universel au vivant. Les questions qui l’animent sont de rendre compte du monde, l’espace temps ou le temps qui passe… Son entrée en écriture est partie de
ses origines créoles pour arriver à décrire son quotidien hospitalier, d’où elle
parle
de rêvasser soi-même, après une journée d’escale dans la souffrance concrète…

Son premier recueil : Poésie Couleur Insulaire place les paysages de la Réunion,
montre les lieux (papaye amère, prison, les mouches, trois poèmes extraits donnent
le ton sur ce recueil qui oscille entre le cycle de la vie et nostalgie…)

Son deuxième recueil Douleurs et Poésie créole est ponctué de mots de là bas pour
aller avec l’habitant dans son quotidien pas toujours tranquille (j’ai vu ta peine, chabouck, morts, trois poèmes qui disent la douleur non comprise, le regard d’un
étonnement fort devant la mort ou l’inacceptable).

Les recueils suivants sont tous édités dans une collection de Poésie et voyages
chez les éditions Les Xérographes où Rosemay Nivard trouve certainement sa
place :
Océan Indien, poèmes terba aux senteurs créoles.

Pourquoi terba ? Ce mot phonétique du créole veut dire pour l’auteur là bas, plus
loin, sans importance, sans l’air d’y toucher. Ce recueil veut amener le lecteur à
un
intérieur de solitude.

Saint-Louis, ce poème exemple : une liste de courses,
riz, brève tombée, objet futile devient le mot abandonné, à terre, comme l’homme
seul se
raccroche à la vie).

Ce recueil arrivé deux fois en finale en remise de Prix
(Prix Fetkann 2005 et Prix de poésie à Ouessant). Mais hélas depuis qu’à
L’Académie de Lyon, la séance s’est levée pour le Muguet d’Or 2003 avec une
récompense de 1500 euros, Rosemay Nivard n’a pas eu d’autres prix. A signaler cependant le 1er prix
d’une lettre d’amour remis par Madame Annie Ernault la médiathèque de Noisy le
Grand en 2003.

Mais son énergie est toujours là.
En 2007 A Fleur de peau, poèmes bat’carré des bambous à la Marne, vient continuer ce
voyage : l’île se quitte mais ne s’oublie pas. « Je me suis installée non loin de la
Marne, et je guette les mouettes avec des envies de Paille-en-queue, le vin du côté
de Nogent n’est pas celui de Cilaos ».

Pour la première fois elle parle de ses
rencontres
avec ses lecteurs sur les salons : Foire de Paris est l’histoire d’une créole qui n’a jamais connu l’île, (puisque tu l’a quittée l’île / Lorsque tu étais bébé / abandonnée…)

Mais si l’île de France a une grande place dans ce recueil, l’île de la Réunion est
toujours là. En 2008,le périple poétique se poursuit et le temps s’égraine dans son recueil :
Voyages intérieurs, poèmes sous les feuilles, un recueil hospitalier, blouse
blanche où le créole et la mort font un ménage d’émotions :

Me voici Cerbère Saint-Pierre où concierge
Aux porte de la douleur
Je tends la main
Une main active
Entrez posez votre chagrin
A tenir ces mains les unes après les autres …..

La 4è de couverture dit « et si l’île c’était nous ? ». Un mot créole manque :
Somanqué, qui veut dire peut-être. Voyage introspectif, en Banlieue où dans l’île,
passé ou
présent, cela n’a pas d’importance.

Pommes d’hôpital, rêveries sur le pont, vient en 2010 confirmer cette
incursion dans le monde hospitalier, des mots simples pour décrire un univers
fort, avec
de l’espoir en plus.

Rosemay Nivard écrit à un ami :
« lorsque j’ai commencé à écrire, j’étais motivée par le mouvement de l’oulipo
mon principal crédo était : tu as quelque chose à dire mais tu ne rentres pas dans le
pathos,
tu trouves ce chemin qui va amener l’autre à s’arrêter et à lire plus loin ce qui te
touche intimement,
quitte à ce qu’il soit codé par ces contraintes personnelle ; (le labyrinthe que le
rat se crée, pour en sortir vainqueur)
voilà le pourquoi des termes dans tous les sens et les coupures intempestives
comme un courant électrique qui m’a joué des tours et des moments solides
d’étonnement personnel , ce qu’il m’importait à l’époque :
m’étonner moi- même avec une boîte de kleenex à mes côtés
puis je me suis détachée de ces soirs entiers à même heure à la tâche, m’empêchant
de poser mes écrits dans la nuit surtout et dans la journée pour les dompter en
quadrillages savants
c’était euphorique et vain peut-être mais dans mon premier recueil j’ai ainsi sorti
un paysage coloré sans un seul personnage de précis,
pour tout dire, cela m’a fait donc un sillon de mon écriture, à chaque recueil
j’avais ainsi la possibilité de continuer avec celui qui s’est arrêté, mon lecteur,
une
conversation plus simple......
7 recueils plus tard j’ai donc un itinaire
je cours les salons du livre et à mon stand c’est un oral que je passe je donne la
suite de ces moments oulipo que j’ai perdu .
Aujourd’hui j’ai remis les virgules parfois, je ne lance plus sur la page que ce qui
est sens à mon petit récit et j’essaie de fouiller au cutter les sentiments de mes
personnages pour avoir un écrit fort… »

Ce début d’année le printemps des poètes fait sa journée de lancement du 13ème
Printemps des poètes « place aux poèmes » du 7 mars 2011 destiné aux
établissements scolaires de la ville de Paris, de la maternelle au lycée , il est
proposé que les élèves se fassent passeurs de poèmes avec un texte d’Aimé Césaire et
un
corpus de textes d’une vingtaine d’auteurs ; Asunta Renau Ferrer ; Léon Gontran Damas
, Mikaël Kourto ; Pierre Gope ; Frédéric Ohlen ; Imasango ; Déwé Gorodé ;
Catherine C.Laurent ; Sonny Rupaire ; Ernest Pépin ; Roger Toumon ; Guy Tirolien ;
Henry Lafitte ; Joseph Zobel ; Nicole Cage-Florentiny ; Yazidou Maandhui ; Jean -Marc
Tera’ituatini Pambrun et Rosemay Nivard (dans le cadre de l’année de l’outremer)

Rosemary Nivard

Ouvrages collectifs :

- SPIRITUALITÉ,
Laurence Bouvet, Pierre Maréchaux, Rosemay Nivard
Éditions le Vert- Galant 2005
- - Val en poésie, 1986-2006
Anthologie éditée grâce au soutien du Syndicat d’Agglomération Nouvelle de
Marne-la-vallée Val Maubuée et de son président Michel RICART
Un poème, et réalisation de l’ouvrage par le choix des textes
- Les Recettes « faites ici » des habitants de la Goutte d’Or,
Éditions les Xérographes décembre 2006
Un poème
- L’Almanach de la Goutte d’or,
Édition Les Xérographes,décembre 2008
- Pour Haïti Édition Desnel 2010
- Trois Océans en poésie, Édition Bruno Doucey 2011

Participation aux salons :

- salon de la porte de Versailles en 2006 à 2010 stand île de France
- marché de la Poésie, stand des éditions Les Xérographes depuis 2005...
- salon de LYON , Place Belcourt 2006
- Salon de l’outremer 2005 (colloque avec différents auteurs des îles, modérateur
Jean-louis Robert)
- Salon d’Evreux
- Salon de Lésigny et Chanteloup, médiathèque, département 77
- Salon de l’autre livre depuis 2006
- Printemps de parole à Rentilly (77)
- Salon de l’outremer 2005 (colloque avec différents auteurs des îles, modérateur
Jean-louis Robert)
- Salon d’Evreux
- colloque avec Jean Metellus à la Halle Saint Pierre

Ailleurs sur le web :

- Editions Les Xérographes
- bibliothèque virtuelle du salon du livre insulaire d’Ouessant
- Liste des exposants salon du livre porte de versailles
- l’île de Patrick Morel

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