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Une grande fête dravidienne : « Pongal »

Publié le 14 août 2009

Par Dominique Jeantet. « Pongal » (poṅkal en translittération conventionnelle du tamoul), le plus populaire des rites dravidiens, est un « bouillonnement », un symbole de vie et de fertilité, un remerciement à cette Énergie Divine dans laquelle se sont fondus les ancêtres des Tamouls depuis des millénaires.

Cette grande fête du sud de l’Inde est célébrée en l’honneur du Soleil. Elle marque le passage du soleil dans l’hémisphère nord au solstice d’hiver. Elle a lieu au début du mois de tai à la mi-janvier et dure trois jours (le quatrième, kāṇum poṅkal, étant un jour de visite à la famille et aux amis).

● Le premier jour de poṅkal est le dernier jour du mois de mārkaLi, il s’appelle pōki poṅkal et, ce jour-là, on brûle dans les rues toutes les choses usagées accumulées dans les maisons (nattes, balais...). Les maisons sont nettoyées dans les moindres recoins et on achète de nouveaux ustensiles de cuisine.

● Le second jour est le sūryaḥ (skr.) poṅkal : un culte est rendu au soleil par la communauté agricole entière qui offre les premières récoltes obtenues après plusieurs mois de labeur. Dans chaque famille les villageois se rassemblent vêtus de vêtements de coton neufs et surveillent des pots de terre dans lesquels du riz est cuit dans du lait. Lorsque cette préparation déborde du pot tout le monde crie « poṅkalo, poṅkal » et les femmes claquent leur langue afin d’éloigner les mauvais esprits. Le mot ponkal signifie en tamoul « bouillonnement » et c’est aussi le nom de cette préparation de riz au lait. Le pot contient l’Énergie, il symbolise la plénitude débordante. Ce jour de sūryaḥ poṅkal les femmes dessinent des kōlam (dessins de sol faits à l’aide de poudre blanche de farine de riz ou de chaux) très élaborés et des offrandes sont déposées sur une feuille de bananier sur le kōlam. Il y a généralement cinq offrandes : pour le soleil, le feu (représenté par le fourneau), Indra ou la divinité titulaire de la maison, la lampe sacrée et le dieu Ganesha (représenté par un petit tas de poudre de curcuma). De petites boules de bouse de vache que l’on avait gardées des kōlam du mois de mārkaLi sont ici utilisées pour cuire le poṅkal .Après la pūjā (pūcai), qui comporte des noix de coco et des cannes à sucre, le poṅkal est offert au dieu Soleil puis une partie est gardée pour le bétail et le reste est partagé par les membres de la famille.

● Le troisième jour de poṅkal s’appelle māṭṭu poṅkal c’est à dire le poṅkal des vaches, on rend un culte aux vaches et aux bœufs. Tous les bovins sont lavés et décorés à l’aide de pâte de santal, de kuṅkumam (poudre de vermillon) ; leurs cornes sont peintes ; des guirlandes de fleurs sont nouées autour de leur cou ; les harnachements sont colorés. On les nourrit d’un festin de poṅkal et de bananes et on les honore. Les bovins sont alors lâchés dans les rues à la plus grande joie des villageois qui font beaucoup de bruit en tapant sur des instruments de cuisine et en poursuivant les animaux aux grands cris de « poṅkalo, poṅkal ». La campagne s’anime de milliers d’attelages, tous plus brillamment décorés les uns que les autres, de paysans riants et endimanchés, de ballons, de rubans... Une course de jallikaṭṭu est aussi organisée : un foulard noué autour du cou d’un vigoureux taureau en liberté doit être dénoué par un homme au milieu d’une foule de participants.

Le rite du poṅkal célèbre la vie, les ancêtres divinisés, les bonnes récoltes, la victoire... le comprendre c’est s’ouvrir à l’hindouisme du village, simple, basé sur le rythme des saisons, la fertilité et un monde pénétré du divin.
La fête de « Pongal » n’est plus célébrée à La Réunion... mais l’offrande de riz au lait accompagne tous les rites malbar...le mot poṅkal est davantage associé à la préparation de riz cuit au lait qu’à la grande fête du Soleil dravidienne !

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