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A six mois de la Coupe du Monde : une Réunionnaise au Brésil

Publié le 25 décembre 2013

Originaire du Tampon, Nadia Lokhat a posé ses valises à Rio de Janeiro après un tour du monde d’un an et demi. Responsable marketing dans une agence de tourisme réceptif, elle est au cœur de l’événement et des transformations qui traversent le Brésil à l’approche de la Coupe du Monde.

Nadia Lokhat
Morro do Leme

Racontez-nous le parcours qui vous a conduit du Tampon à la « Cidade Maravilhosa ».

Mon bac en poche et ma marmite à riz emballée dans la valise, j’ai poursuivi des études jusqu’en Master 2 de Communication à Montpellier, complété par une une formation en école supérieure de commerce à Paris. Après un premier poste dans la filiale d’un groupe industriel français au Mexique, j’ai réalisé un vieux rêve : faire le tour du monde. Partie de Londres, j’ai parcouru l’Egypte, le Sri Lanka, l’Inde, le Népal, l’Asie du Sud Est, la Chine, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, l’Argentine, la Bolivie, le Pérou et le Brésil en mode sac à dos... « J’irai dormir chez vous » pendant un an et demi ! Lors de ma dernière étape, j’ai saisi l’opportunité de travailler à Rio de Janeiro. Cela fait maintenant un an que j’y suis installée.

Pourquoi avoir posé vos valises dans ce pays ?

C’est ici et maintenant que les choses se passent au Brésil.
Depuis mon arrivée à Rio de Janeiro, la ville merveilleuse, célèbre à travers le monde pour son carnaval, son christ rédempteur, la plage de Copacabana, ses favélas et autres nombreuses curiosités touristiques, j’ai vraiment l’impression d’accompagner un mouvement en marche. J’entends déjà les vibrations de la coupe du monde à Rio et dans tout le pays. J’attends avec impatience de voir les résultats des transformations de la ville pour les JO 2016 !

Justement, comment les Brésiliens se préparent-ils à accueillir un Mondial de foot et des JO ?

Ce n’est que récemment qu’on a vu se déployer de nombreux projets de constructions, d’aménagements et de transformations, indispensables compte tenu de l’ampleur des événements à venir. On arrive à palper une certaine dynamique, un mouvement, mais il y a encore beaucoup à faire, je le constate dans mon travail. Le pays a encore besoin de développer et d’adapter les structures hôtelières, la qualité des services, la sécurité et l’encadrement nécessaires pour accueillir les touristes qui viendront du monde entier…

Nadia Lokhat
Copacabana

Y-a-t-il un côté obscur de ces grands événements sportifs ?

Les Brésiliens ont surpris le monde entier en juin 2013 en manifestant dans les rues, toutes générations confondues, pour exprimer leur mécontentement et leur ras le bol général. Cette colère avait été déclenchée par une série d’augmentation des prix. Beaucoup ici sont scandalisés par les millions investis dans les grands événements de prestige, alors qu’une bonne partie de la population vit encore sous le seuil de pauvreté et ne touche qu’un salaire minimum de 300€/mois. Inflation démesurée, injustices sociales, corruption des dirigeants, abus policiers, inégalités dans l’accès à l’éducation et à la santé, mauvaise qualité des services publics viennent s’ajouter à la liste des problèmes.

Comment le pays fait-il face à ces défis ?

Différents programmes d’amélioration ont été entrepris, comme la « pacification » des favelas ; la campagne « zéro poubelle » pour une ville propre ; la construction du tramway qui a mis beaucoup de temps à démarrer, pour désengorger le trafic ; l’aménagement du centre historique et de la zone portuaire qui étaient complètement abandonnés jusqu’ici… C’est impressionnant de sentir un pays grandir et entrer dans une dynamique d’évolution. Ça fait du bien au moral de tous, même si les difficultés de structure et d’organisation internes demeurent.

La France s’est récemment qualifiée pour la Coupe du Monde. Est ce qu’on en a parlé au Brésil ?

Le peuple est animé par la passion du football qui est quasiment considéré comme une religion ici. Quelques collègues brésiliens m’ont lancé des félicitations. La France a une image positive ici. Elle est considérée comme un pays "chic", avec une population cultivée et raffinée. Ils connaissent principalement Paris, la Tour Eiffel, les marques de luxe, le vin, la mode… et se souviennent du mondial 98 !

En tant que Réunionnaise, quelles sont les grandes ressemblances qui vous frappent avec notre île ?

Les grands sujets qui traversent cette société portent sur l’accès à l’éducation et à la santé pour tous, les impôts et taxes excessives sur les produits, la corruption, les inégalités sociales, la hausse des prix, la religion… Les points communs entre La Réunion et Rio de Janeiro sont nombreux : climat tropical, paysages entre plages et montagnes, parc national de Tijuca (la plus grande forêt urbaine du monde)... Il y a aussi le métissage et l’héritage culturel africain (musique, percussions, danses, chants), la nourriture à base de riz et haricots dont le plat national connu sous le nom de « feijoada », une population chaleureuse proche de la famille et des traditions. Ils ont leur rhum, la cachaça et leur cocktail, la fameuse caipirinha. A La Réunion on dansa le maloya, ici c’est la samba !

Article paru dans Le Quotidien du 27 novembre 2013


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Corcovado
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