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Alizée Falque, étudiante en art aux Etats-Unis

Publié le 21 janvier 2022

Tentant l’aventure du Visa J pour finir son lycée aux Etats-Unis, cette élève de Plateau Caillou est ensuite admise au célèbre cours Florent à Paris. Après quelques années d’apprentissage intensif, elle réussit à intégrer l’une des plus prestigieuses écoles d’art des Etats-Unis, l’AMDA basée à New York. A 24 ans, Alizée est aux portes du mythique Broadway, mais se retrouve confrontée aux blocages liés au Covid. Elle raconte.


Pouvez-vous vous présenter ?

Alizée Falque, 24 ans. Arrivée à La Réunion quand j’avais 5 ans avec mes parents, j’ai grandi et j’ai suivi toute ma scolarité à Saint Paul, au collège des Aigrettes, puis au lycée de plateau caillou en filière S. Grandir à La Réunion est une chance, là où les différences culturelles sont et ne sont pas un sujet. Quand on est enfant, on ne fait pas la différence entre les cultures. Tu grandis en côtoyant et en apprenant naturellement les différentes cultures religieuses et culturelles de tes camarades de classe. Cette ouverture au monde dans nos classes et dans la cour de récréation est une évidence. Pas besoin de cours sur la diversité et la tolérance, car tu la vis tous les jours à l’école et tu découvres, plus tard en voyageant, ta chance d’avoir pu grandir dans cette pluralité.

Comment l’idée de partir en dernière année de lycée a-t-elle germé ?

J’ai toujours eu de bonnes notes à l’école, j’étais en voie pour un bac S et mes professeurs me poussaient à continuer dans ce chemin car je pourrais « avoir accès à tout ». Mais en dernière année de lycée je n’ai pas suivi leur orientation, et j’ai décidé avec l’appui de mes parents, de réaliser une année aux Etats Unis, grâce à un dispositif peu connu à La Réunion : le visa « J ». C’est un visa permettant à des étudiants de faire une partie de leur scolarité aux Etats unis, assez similaire à Erasmus.


Pourquoi faire ce pari des Etats-Unis à 17 ans ?

Je voulais découvrir cette culture et ce pays grand comme un continent. L’ouverture au monde que je vivais en classe, je voulais la vivre également par le voyage. Mes parents m’ont soutenue dans cette aventure, face à la réticence et à la désapprobation de mes professeurs. Je peux comprendre : partir seule aux Etats unis à moins d’un an du bac peut paraître une folie, mais je voulais saisir cette opportunité. Je voulais me faire confiance et sortir des sentiers battus et je me suis envolée vers les « States » ! Le soutien des parents pour ce genre d’aventure est vital, car elle demande beaucoup de sacrifices, de courage, de conviction et de confiance de la part de toute la famille.

Comment avez-vous vécu cette année aux Etats-Unis ?

Aux Etats unis, je découvre qu’au lycée il n’y a pas de coefficient et que des matières en option en France, comme l’art, sont ici obligatoires. Toutes les matières ont la même valeur. C’est là que j’ai compris que tout était possible car aucune matière n’est dénigrée. J’ai toujours aimé l’art, mais en France cette matière n’est pas valorisée alors qu’aux Etats unis si je voulais faire carrière dans l’art c’était possible comme dans toutes les autres matières. Ici on t’encourage dans tes choix. Cela a été un déclic : je serai une artiste, et une artiste professionnelle !

Qu’avez vous fait ensuite ?

J’ai profité de ce déclic américain pour m’inscrire au fameux cours Florent à Paris. J’ai été auditionnée et acceptée dans la section comédie musicale, avec des cours de théâtre en anglais. J’ai également passé mon bac S en candidate libre et je l’ai obtenu avec mention. L’année de mon retour des Etats-Unis, je me suis investie totalement dans ma passion. J’ai pu valoriser mon ouverture aux cultures du monde, dans laquelle j’ai grandi à La Réunion, et en faire un atout indéniable dans l’expression de mon art.


Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Après quatre ans au cours Florent, j’ai tenté deux écoles d’art, l’une britannique et l’autre américaine. J’ai été auditionnée et accepté à l’AMDA, une des écoles les plus prestigieuses et reconnues dans « l’acting », le théâtre musical, la danse et le « performing art » à Broadway – New York. Je bénéficie d’une bourse d’étude. Aujourd’hui je vis aux Etats-Unis et je m’investis pour accéder à mon rêve. Mais depuis la crise du COVID, tout est devenu plus compliqué. L’ensemble des campus sont paralysés, les cours se font essentiellement à distance. L’apprentissage, le perfectionnement de la danse, du théâtre et de l’art en général, cela demande beaucoup de concentration et d’émotions. Avec les différents confinements je dois m’accrocher et continuer de progresser. Rodéo émotionnel garanti !

Quel est votre regard aujourd’hui sur l’art et son enseignement ?

La grande différence entre les deux cultures (Française et Américaine) que je perçois, c ’est la méthode d’apprentissage et la vision de l’art. La France intellectualise, aux USA on divertit. En France, dans le théâtre, nous cherchons le plus souvent, le choc, la vérité sèche et dure, les situations sont poussées à l’extrême avec des émotions pures et intenses. On nous demande un voyage en introspection, une interprétation intime et personnelle d’un sujet vers le spectateur.


Aux États-Unis on navigue entre l’art et l’industrie de l’art, le "show business". On t’apprend comment t’accomplir dans ton métier d’acteur, être performant et innovateur tout en comprenant les enjeux financiers et les risques que prennent les producteurs qui financent les projets. L’ acteur made in USA, n ’est pas pour autant un gestionnaire, mais il est important pour lui de comprendre que l’art est possible grâce au financement, et qu’il y a un équilibre à trouver.


« La Réunion que j’aime m’a inculqué l’ouverture au monde et aux cultures »


Surtout, aux Etats-Unis, les artistes et le public recherchent le divertissement, le réalisme dans des situations extraordinaires, des retranchements sociétaux par la comédie et l’échappatoire par le cinéma et l’aventure. L’acting (interpréter un personnage) c’est pour moi le moyen de créer de la représentation. C’est ce que demandent les grands médias américains, qui influencent aujourd’hui le monde entier. Cette puissance est fascinante pour la petite française et l’étudiante réunionnaise que je suis. Je peux raconter les histoires enfouies de communautés « invisibilisées » et donner un formidable coup de projecteur sur de nombreuses questions culturelles, politiques et sur de bien d’autres thèmes.

Comment envisagez-vous votre métier d’acteur ?

Je ressens une profonde envie et un devoir professionnel de chercher l’humanité et la profondeur dans chaque personnage qui m’ est confié. Mes expériences de vie dans la culture réunionnaise, si diverse, si colorée, si joyeuse, m ’aident à aller au delà des apparences et à tenter de trouver le lien qui nous unis tous !


Je me sens membre d’une nouvelle génération d’artistes saisissant les opportunités du monde, et tentant de s’inscrire dans une tradition académique (Cours Florent, AMDA) tout en investissant les nouveaux outils numériques pour diffuser autrement l’art. Cette génération d’artistes est la jonction entre un monde préférant l’instantané, mondialisé, digitalisé, pour ainsi dire désincarné, et un monde de culture se construisant sur des siècles d’apports artistiques, et sur le ressenti physique de l’émotion véritable.


Suivre Alizée Falque sur : www.instagram.com/alizeefalque_official

* Le Visa J est un visa qui permet aux étudiants de réaliser une partie de leur scolarité aux Etats-Unis. Plus d’infos sur www.france-esta.fr/visa-stage-j1/

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