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Ameylia Wu Saad, chanteuse lyrique et harpiste

Publié le 26 juin 2012

A 30 ans, Ameylia partage sa vie entre la Provence, le Liban et la Réunion qui l’a vue grandir. Tout en travaillant sur un deuxième album de ses compositions pour voix et harpe celtique, elle prépare plusieurs rôles d’opéra pour soprano lyrique et des concerts, dont la première partie en février 2013 à Paris de Rocìo Marquez, star du flamenco chanté.

Photos : Patrick You-Seen lors de la Fête des Lanternes à la Réunion

Ameylia Wu Saad, chanteuse lyrique et harpiste

Racontez-nous votre parcours.

Je viens de Saint-Denis de La Réunion où mes parents, jadis professeurs, sont maintenant retraités. A mes débuts, je prenais des cours particuliers de musique, on était alors une vingtaine d’élèves. Ma pensée va à Madame Agnès Corré-Godart, mon premier professeur de harpe qui a déployé tant d’énergie pour faire entendre cette musique aux habitants de l’île. Que n’a-t-elle pas fait pour nous mettre en avant de la scène ? Passer à la télévision lors des émissions culturelles, nous produire dans plusieurs sites de l’île, les mairies, les églises, les rues...

Dans quelles conditions avez-vous été amenée à quitter l’île ?

La Réunion est le seul département français dont le Conservatoire à Rayonnement Régional de musique et de danse n’a pas une classe de harpe... Après le bac, pour ne pas briser mon élan musical, j’ai suis partie à Aix-en- Provence pour suivre une licence de musicologie et un cursus diplômant en harpe et en chant. Dans mes valises, ma première harpe celtique, des photos de famille, des livres sur la Réunion, objets ayant une valeur sentimentale et plein de beaux souvenirs que je garde calfeutrés dans mon cœur.

Comment se sont passés vos débuts en métropole ?

Le premier trimestre à Aix-en-Provence a été difficile : je devais faire mes preuves et on me l’a bien fait comprendre. J’étais très motivée mais je n’avais pas de méthode de travail, je n’étais donc pas habituée à étudier au rythme du conservatoire. J’ai beaucoup travaillé pour rattraper le niveau. Efforts bientôt récompensés puisqu’ils m’ont valu de devancer les élèves de ma promotion en obtenant avant eux mon Diplôme d’Etudes Musicales de chant. Ensuite, sans perdre mon élan, je suis allée à Milan pour poursuivre des études de chant au Conservatoire Verdi qui est jumelé avec les Conservatoires Supérieurs de Musique de Paris et de Lyon. Esseulée dans cette ville, à mes heures perdues, je me mise à composer pour la voix et la harpe celtique. Cette initiative de créativité a été le point de départ de mon métier car, actuellement, je produis des concerts de ma propre composition.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Titulaire d’une Licence de Musicologie de l’Université de Provence et des diplômes de 3ème et 4ème cycle de chant lyrique, harpe classique et harpe celtique des Conservatoires de musique d’Aix-en-Provence, Marseille et Milan. Je suis devenue chanteuse lyrique et harpiste. Pour mon nom artistique, j’ai ajouté Wu qui est le nom de mon grand père maternel.

Quels sont vos projets ?

En ce moment, je suis en création pour "Moires et Mouvances", deuxième album de mes compositions pour voix et harpe celtique. Je m’inspire pour cela du recueil de poésies "Moires du Sahara", écrit par mon père, Michel Saad, édition Edilivre. J’étudie également des rôles d’opéra pour soprano lyrique colorature.
Je me prépare pour plusieurs concerts. Une scène sera très importante pour moi en 2013 car je ferai en février à Paris la première partie de Rocìo Marquez, une star du flamenco chanté. J’en suis très impatiente !

Ameylia Wu Saad, chanteuse lyrique et harpiste

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Voir au-delà de l’horizon, passer des diplômes inexistants à La Réunion, rencontrer des professeurs et des professionnels de la voix et de la harpe, croiser des organisateurs et des journalistes, participer à des événements publics en Europe et récemment au Liban, enfin... m’éclater en musique !

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Ma famille, la chaleur, le calme, les diverses traditions culinaires, les épices, les oiseaux endémiques si jolis, le lagon dont je salue les poissons arc-en-ciel…

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la
Réunion dans votre parcours ?

Venant d’un département français, je n’avais pas de problème de communication. De plus, l’un de mes atouts aura été mon métissage de naissance, devenu plus tard musico-culturel. Cela intrigue les gens, les surprend, si bien qu’ils se souviennent de moi. Finalement, je n’ai pas eu de problème d’intégration en France ni en Italie.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Les gens voient dans la Réunion un exemple de cohabitation inter-ethnique réussie et un paradis climatique. Ils ignorent que, confrontés au chômage et à une vie chère, les jeunes ne cachent pas leur mécontentement.

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses
habitants ?

J’aime beaucoup la Région Provence Alpes Côte d’Azur, il y a plein de choses à vivre et à voir, le climat est doux. Je regrette que certains organisateurs d’événements artistiques ne soient pas aussi ouverts qu’ils prétendent l’être...

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Suivre son cœur… Si l’on se sent bien à la Réunion et que l’on y trouve de quoi satisfaire son ambition professionnelle et personnelle, inutile de regarder plus loin. Par contre, si l’on souhaite élargir ses horizons, découvrir d’autres pays, connaître d’autres mondes, mieux vaut écouter la voix de sa vocation.

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

Ce site est un tremplin formidable, très ouvert sur plein de domaines. Je partage un grand plaisir avec ceux qui s’y connectent.


- Le site www.ameylia-saad-wu.com

- Le profil d’Amelya Saad

- Lire aussi : Michel Saad : un Libanais de la Réunion témoigne

Infos réunionnaises au Liban

Ameylia Wu Saad, chanteuse lyrique et harpiste
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