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Anasthasia Orance, jeune fille au pair en Californie

Publié le 1er février 2024

Elle a quitté un emploi de comptable pour partir s’occuper des quatre enfants d’une famille américaine. « Après la période du Covid, j’avais envie de changement, de nouveauté ; je voulais apprendre à parler anglais couramment. C’est comme ça que je me suis retrouvée fille au pair aux États-Unis… »


Pouvez-vous vous présenter ?

Anasthasia Orance, 27 ans, originaire de la Grande-Fontaine à Saint-Paul où j’ai vécu ma plus belle enfance entourée de ma famille et de mes amis. Après un BTS Comptabilité et Gestion au lycée de Bellepierre à Saint-Denis, j’ai travaillé en tant que comptable. J’ai quitté mon île pour la première fois en juin 2019 pour avoir plus d’opportunités professionnelles dans l’Hexagone. Je suis partie avec le CNARM à Lyon. J’ai eu un poste de comptable en CDI dans une compagnie d’assurance pour animaux où je suis restée près de trois ans. Quelques mois après mon installation, le Covid est survenu. Une période vraiment difficile pour moi car j’étais pour la première fois loin de mes proches et dans une situation vraiment terrifiante au début quand on y pense.

Qu’avez-vous fait ?

L’idée de rentrer à la Réunion m’a traversé l’esprit mais ce n’était pas possible. Avec la détermination je suis restée en France. L’après Covid m’a permis de réaliser plein de choses, notamment sur moi même et ce que je voulais réellement. J’étais à la recherche de nouveauté. C’est à ce moment précis qu’a surgi l’idée de partir vivre à l’étranger, de faire une pause dans ma carrière professionnelle. Et c’est comme ça que j’ai trouvé fille au pair aux États-Unis…

Avec ma famille d’accueil aux Etats-Unis

J’ai fait jouer mon expérience avec les enfants, ayant grandi moi-même dans une famille nombreuse et je voulais apprendre à parler anglais couramment. C’était l’opportunité idéale. En avril 2022, j’ai pris la direction de Philadelphie dans une première famille d’accueil où je suis restée un an et avec laquelle je suis devenue très proche. Aujourd’hui je suis dans ma deuxième famille d’accueil en Californie et j’ai décidé de rester quelques mois de plus que prévu aux Etats-Unis. Cette décision a bouleversé mes proches qui attendent mon retour avec impatience.

Décrivez-nous l’endroit où vous vivez.

Je vis au centre de l’état de Californie, à 2h de San Francisco et 3h de Los Angeles. L’endroit est paisible et les habitants très chaleureux. Les gens ici sont toujours souriants et prêts à aider. La nature est omniprésente, proche de parcs nationaux magnifiques et cela me plaît énormément. C’est très différent des endroits où j’ai vécu. Je suis fière de faire découvrir La Réunion aux gens que je croise. Quand je montre aux Américains La Reunion sur une carte, ils sont agréablement surpris de voir qu’il y a autant de paysages différents sur une si petite île. On me dit souvent que je suis une fille « exotique », je pense que c’est un compliment.

Avec ma famille d’accueil

Aux États-Unis, je n’ai pas encore croisé de Réunionnais mais je vais bientôt à New-York dans un restaurant qui vient d’ouvrir. D’ailleurs je voudrais remercier Réunionnais du monde car c’est sur le site que j’ai vu ça. J’ai vraiment hâte d’y aller pour avoir un peu de chaleur réunionnaise… Sinon j’appelle souvent ma famille et mes amis proches ; je profite à l’occasion pour les remercier de leur soutien sans faille.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Sans aucun doute je dirais ma mère et plus généralement ma famille (elle est très grande...) et mes amis. Je suis quelqu’un très « famille », je suis habituée aux repas chez mémé tous les dimanches, et c’est vraiment dur de vivre loin de ses proches, surtout en période de fête. Ici, j’ai ramené avec moi un sac avec le drapeau de La Réunion, qu’on m’a offert lors de mon départ, des photos de ma famille et de mes amis. Les paysages de La Réunion aussi me manquent. C’est loin de mon île que je me suis rendue compte à quel point j’avais de la chance d’avoir grandi à la Réunion. J’aime beaucoup la nature et je pense que j’en ai encore à découvrir sur mon île, sa nature, son histoire.

Les "au revoir" de ma famille à Gillot

Quels sont vos projets ?

Après cette expérience au pair, je pense postuler à nouveau dans la comptabilité et évoluer dans le métier. C’est un métier que j’aime beaucoup et qui m’a beaucoup apporté dans le passé. J’aimerais également voyager davantage maintenant que j’ai pris confiance en moi. J’ai plein d’autres projets mais je ressens également le besoin de me ressourcer sur mon île pour quelques mois.

Quel est votre regard sur la situation sur l’île ?

Je pense que la situation a toujours été compliquée. C’est pour ça qu’autant de Réunionnais tentent leur chance ailleurs pour chercher un niveau de vie meilleur. C’est un sujet sensible. Le taux de chômage est très élevé. Tout est cher à La Réunion et beaucoup de familles en souffrent. J’ai aussi vécu cette situation. Mais je suis ravie du dispositif de mobilité qui permet à des gens comme nous de tenter notre chance ailleurs et d’évoluer.


Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

La mobilité a été une grande étape dans ma vie. J’ai appris plein de choses sur le monde et surtout sur moi-même. J’ai appris que je pouvais m’adapter à différents climats, j’ai eu de la chance d’expérimenter plusieurs endroits, différentes langues et cultures. J’ai une toute autre vision de la vie maintenant. Grandir dans un environnement multiculturel m’a aidé à m’adapter plus rapidement et vivre avec différentes cultures plus facilement. L’inconvénient, c’est l’éloignement du reste du monde. Il y a eu un choc entre le quotidien à la Réunion et celui dans une grande ville de France et un choc immense aux États-Unis car tout est différent : les transports en commun, le climat…

L’hiver en France peut être très déprimant quand on est loin de ses repères et habitué au soleil toute l’année. Je trouve que cet aspect impacte énormément dans l’adaptation à un nouvel environnement, pour nous les enfants du soleil. La France a été un bon sas dans mon adaptation aux États-Unis. Je ne serais pas arrivée là si je n’avais pas vécu les moments difficiles de ma vie. Merci aussi à mes parents ; sans eux je ne serais pas là.


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