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Anil Narassiguin, « data scientist » à Lyon

Publié le 27 mars 2019

La startup qui l’embauche, Upfluence, explore le futur du marketing d’influence et fait déjà travailler trois autres Réunionnais. Diplômé de l’Ecole Centrale de Lyon, Anil Narassiguin garde un œil sur son île d’origine* : « Quand je vois la somme des compétences réunionnaises et notre place stratégique entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, je fantasme des fois sur une Silicon Valley créole ! »


Pouvez-vous vous présenter ?

Anil Narassiguin, 28 ans. Je suis né au Port d’un père réunionnais malbar et d’une mère algérienne, tous les deux enseignants et j’ai grandi à Saint-Denis. Je suis parti de la Réunion à 18 ans pour une classe préparatoire en mathématiques à Versailles. Dans mes choix, j’avais sélectionné divers établissements parisiens bien classés et la classe préparatoire de Leconte de Lisle. Je pensais rester à la Réunion, j’avais de bonnes notes au lycée, mais la sélection se faisait sur toute la France ! Finalement j’ai été accepté au lycée Sainte Geneviève qui est l’un des plus côtés dans cette filière… Je ne pouvais pas refuser !

Racontez-nous vos études.

J’ai fait de longues études et j’ai eu l’occasion de pas mal barouder et de rencontrer plein de monde. Pendant mes études à l’Ecole Centrale de Lyon (école d’ingénieur), j’ai eu l’occasion de voyager, pour les vacances mais aussi pour des stages de longue durée en Inde puis en Allemagne. Je n’avais pas d’attaches particulières avec la ville de Lyon à ce moment, là mais après quelques expériences à l’étranger, j’ai décidé d’entamer trois ans de thèse à l’Université Lyon 1 en machine learning, un sous domaine de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, je suis « data scientist » dans une startup spécialisée dans le marketing d’influence qui se nomme Upfluence où il y a également trois autres compatriotes réunionnais !

Parlez-nous de votre métier de data scientist (expert en mégadonnées), élu « métier le plus sexy du XXIe siècle » par le Harvard Business Review ?

Mon métier consiste à traiter les données d’influenceurs (youtubeurs, instagrameurs, etc.) et d’en sortir des informations intéressantes afin que des marques puissent promouvoir des produits de façon plus ciblée. Le monde des data sciences, du machine learning et du big data est très excitant, les découvertes s’enchaînent tous les jours. De mon côté, je me concentre sur mon travail, sur quelques activités sportives et je m’occupe d’une association pour promouvoir les technologies du machine learning et de l’intelligence artificielle dans la région lyonnaise.

Mes collègues de travail réunionnais : Gwenn-Camille, Méliane, Léo et moi.

Quel est votre regard sur le secteur à la Réunion ?

Je ne suis pas économiste comme mon père ! Je ne répondrai que sur les opportunités d’emplois : dans mon domaine il est déjà très dur de trouver des offres intéressantes en dehors de Paris (si on parle de problématiques de pointe il faudrait même regarder plus vers les Etats-Unis et la Chine...). Lors de ma scolarité et de ma vie professionnelle, j’ai croisé un nombre impressionnant de Réunionnais travaillant et réussissant dans tout un tas de secteurs et je me suis demandé : pourquoi s’expatrier sur tous les continents à des milliers de kilomètres de chez nous si nous sommes assez compétents sur place ? Je n’ai pas vraiment de réponse pour l’instant, mais quand je pense à notre place stratégique entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, je fantasme des fois sur une Silicon Valley créole !

Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

La mobilité a été très bénéfique pour moi. Même si j’étais très épanoui à la Réunion, j’avais une terrible envie de voir le monde. J’ai toujours affirmé mes origines réunionnaises comme un élément fort de ma personnalité, les gens ont toujours eu plaisir à échanger autour de ce sujet. De toutes façons, comme me l’a dit un professeur d’anglais au début de mes études : les “Réyonais” rayonnent ! Je compte bien revenir un jour, reste à savoir quand...

Rencontre avec Cédric Villani et les responsables des Meetups Data Science / IA de France

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Pas grand chose : deux trois T-shirts Pardon, des shooters de rhum et un collier en bois d’un ami d’origine malgache que je garde toujours précieusement en souvenir de mes années lycée. Je pense que les doudounes que m’ont donné ma famille pour me protéger du froid remplissaient déjà bien la moitié de la valise ! La Réunion me manque, surtout les dimanches interminables en famille autour d’un bon carry poulet et d’une tarte à la banane. J’ai toujours gardé contact avec un petit cercle d’amis que je vois régulièrement, principalement des anciens camarades de classe. C’est l’occasion de s’échanger des pots de piments et de rougail mangue ! J’ai également mes deux soeurs qui étudient en métropole.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Plutôt très positive par rapport à il y a 10 ans. Avant c’était l’île du chikungunya, des attaques de requins et des mouvement sociaux violents. Maintenant j’entend régulièrement des remarques positives sur nos paysages, notre impressionnante diversité et notre cuisine !

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Au début je n’avais pas d’avis particulier sur les Lyonnais et les gens de la région. On se moque souvent des zoreils qui placent la Réunion dans les Antilles mais personnellement pour moi la France c’était Paris, les Alpes et la côte d’Azur. Il faut du temps pour réellement découvrir les subtilités de la culture d’une région. J’ai appris à aimer Lyon, qui pour moi a cette particularité inédite d’être à la fois très conservatrice et pionnière. C’est une ville très attachée à son terroir, à sa culture, à ses monuments mais qui innove constamment depuis des années : les métiers à tisser, le cinéma, même les nouveaux modes de mobilités, des vélos en libre service aux trottinettes électriques, tout est souvent d’abord testé à Lyon ! Sans oublier une douceur de vivre que lui envie sa grande rivale parisienne. Les alentours aussi sont magnifiques : l’Auvergne, le Beaujolais, les Alpes, l’Ardèche, … Il ne manquerait plus que la mer, 20 degrés de plus, et on se sentirait comme à la maison !

* Anil Narassiguin fait partie de la « tribu MAIA » (Mascareignes Artificial Intelligence Academy), école d’intelligence artificielle de la Réunion


www.reunionnaisdumonde.com/r/11/Lyon-Rhone-Alpes / www.reunionnaisdumonde.com/t/9/TIC

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