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Anthony Maillot : retour sur l’île après 4 ans au Québec

Publié le 4 mars 2020

« Arrivé à Gillot, l’air chaud m’a réconforté. J’étais prêt pour un nouveau départ... » Après 8 heures de bus et 2 jours d’avion, Anthony est rentré à la Réunion. Il raconte les avantages et difficultés de sa réinstallation professionnelle et personnelle.


Pouvez-vous vous présenter ?

Louis Anthony Maillot, originaire de Saint-Denis, île la Réunion. Issu d’un milieu populaire, j’ai effectué ma scolarité en aller-retours entre la Métropole et la Réunion. Depuis mon retour du Canada, je travaille dans une entreprise de communication à Saint-Denis. Dans ma vie personnelle je consacre beaucoup de temps à la musique, l’enregistrement audio, le montage vidéo ainsi qu’à l’art du tatouage.

Dans quelle condition avez-vous quitté l’île ?

Ma mobilité à été déclenchée par la visite dans mon lycée du personnel de Ladom, présentant le programme de mobilité vers le Québec. En réalité, j’avais déjà voyagé et mon intérêt grandissant pour la langue anglaise, la culture nord-américaine et l’immensité du territoire n’ont fait qu’appuyer mon choix. La Réunion ne m’offrait pas le conditionnement environnemental que je cherchais en tant qu’adolescent.


Racontez-nous votre parcours de mobilité.

Je suis donc arrivé au Québec en 2014, juste après le Bac et l’obtention du permis de conduire. A la base, j’avais choisi des études dans le domaine de la technologie de l’architecture. Mais je n’ai fait qu’une année, car je me suis rendu compte que ce n’était pas fait pour moi. Suite à une remise en question, je me suis tourné vers la technique d’éducation spécialisée, domaine qui m’a beaucoup apporté sur l’acceptation des autres. D’après moi, le Québec est vraiment en avance sur les méthodes et l’approche clinique.

Quels souvenirs gardez-vous du Québec ?

Je me rappelle de toutes les magnifiques personnes et aussi les endroits que m’a offert cette terre d’accueil. Nous avons avec des amis fondé un club de rugby (sport très peu présent au Québec). Je me suis intéressé à l’enregistrement audio, au tatouage, au montage vidéo, à la photographie et mon intérêt artistique n’a fait qu’augmenter. Cette expérience a été très positive selon moi. J’ai réussi à en retirer le meilleur, malgré certains coups durs de la vie. Elle m’a permis de choisir mes combats et de laisser ceux qui ne m’appartenaient pas de côté. Aujourd’hui, je souhaite persévérer et travailler tout en m’améliorant dans mes passions, m’amuser dans ce que j’aime et continuer à être heureux.


Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?

C’est le choix le plus important que j’ai fait dans ma vie : tout abandonner là-bas pour revenir ici. Quatre années à l’autre bout du monde, c’était enrichissant. Cette coupure m’a fait du bien. Mais je suis revenu car j’en avais tout simplement besoin : besoin d’être proche des miens, besoin de retrouver mon référentiel de base pour valider mes acquis.

Dans quelles conditions s’est- déroulé votre retour ?

J’ai repris avec moi le strict nécessaire, laissé le reste à mes amis. Je savais que je reviendrais les voir en vacances, donc je leur ai tout laissé. Je n’ai pas vraiment eu le temps de comprendre, j’étais épuisé. J’ai fait huit heures de bus en direction de l’aéroport, puis deux jours d’avions... un peu comme sur pilote automatique ! Arrivé à Gillot, je me suis senti renaître. L’air chaud et étouffant m’a réconforté, j’étais prêt pour un nouveau départ.


Avez-vous eu des difficultés à vous réinstaller ?

Pas particulièrement. J’ai eu beaucoup de soutien de ma famille lors de mon retour. Ils m’ont permis de revenir de manière convenable. Le marché du travail m’a aussi bien accueilli. Je n’ai pas ressenti d’avantage lié au fait de revenir du Canada, autre que l’augmentation de l’estime et de la confiance en moi gagnés là-bas. En réalité, je trouve que le marché du travail est plus représenté à la Réunion par les connaissances sociales que par les compétences.

Qu’avez-vous trouvé de changé à votre retour à la Réunion ?

Il y a certaines infrastructures en plus et une évolution sociale, mais ce qui a le plus changé c’est moi. Entre mon départ et mon retour, une nouvelle dimension identitaire s’est forgée. Je n’ai plus les mêmes convictions, les mêmes comportements. Je me suis rendu compte que j’étais une autre personne.


Quels sont les points de satisfaction / déception de votre retour ?

Pour l’instant j’essaye de me satisfaire au maximum et d’écarter la déception. Il n’y a selon moi pas de choix qui soit meilleur qu’un autre, mais juste une manière d’assumer et d’entreprendre ses décisions qui nous pousse vers la satisfaction.


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