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Anthony Payet, entrepreneur nomade

Publié le 28 novembre 2017

De Cilaos aux sommets du monde, le parcours extraordinaire d’Anthony qui a visité plus de 30 pays. « Ma vie tient dans un sac de 12 kilos », confie celui pour qui être nomade digital représente le futur du travail. Après avoir travaillé dans une banque d’investissement, dans l’aéronautique et dans une PME spécialisée dans les énergies, il a voulu changer d’horizons. À 27 ans, il est aujourd’hui coach professionnel et développe plusieurs projets liés à l’entrepreneuriat et à l’innovation.


Pouvez-vous vous présenter ?

Anthony Payet, 27 ans. Toute ma famille vient de Cilaos ; moi je suis né à Saint-Denis. J’ai fait une école de commerce qui m’a permis de découvrir l’Europe, puis un master de psychologie, car l’accompagnement au changement me passionne. Aujourd’hui je suis multi-entrepreneur et digital nomade. Ca veut dire que je travaille en voyageant. Je donne également des cours d’entrepreneuriat, d’innovation et de développement personnel en école de commerce. J’aspire à montrer aux étudiants et aux entreprises que le monde du travail évolue et je leur donne les clés pour s’y adapter. J’ai quitté l’île à 18 ans pour les études. Depuis j’ai visité plus de 30 pays et je compte bien continuer.

Comment gagnez-vous votre vie ?

Aujourd’hui je suis ce qu’on appelle un « slasher nomade ». Ça veut dire que j’ai plusieurs activités professionnelles que j’exerce en voyageant et que je partage sur les réseaux sociaux. Une de ces activités consiste à donner des cours à des étudiants en bac+3/4/5. Je partage avec eux les clés pour faire la différence dans le domaine qui les intéresse et créer la vie qui les inspire. J’ai décidé de rendre ces cours accessibles en les mettant en ligne. Depuis mon plus jeune âge, je me suis toujours dis : si je ne trouve pas un travail qui correspond à mes attentes, j’en créerai un. Après plusieurs années d’études, plusieurs projets entrepreneuriaux, un tour du monde, des entreprises qui tournent, je partage mes savoirs et mes compétences. 50% des travailleurs seront freelances en 2040. Le futur du travail n’a pas de bureau fixe, juste des individus compétents capables de faire la différence...


Vous tenez également un blog : Kilometers of Life.

À la base je n’avais aucunement l’intention de partager mes voyages sur les réseaux sociaux, c’était principalement pour ma famille et mes amis proches. Les retours positifs suite aux partages de certaines photos m’ont fait changer d’avis et m’ont fait prendre goût au blogging. Aujourd’hui il est possible de voyager avec peu d’argent (depuis l’Europe) et de traverser une bonne partie du globe sans risques. Kilometers Of Life est pour moi un moyen d’apprendre, d’inspirer, de partager. Même si ce blog a déjà quatre ans, j’ai le sentiment que l’aventure ne fait que commencer…

Quels sont vos projets ?

Je m’envolerai de nouveau en 2018 vers de nouvelles destinations afin de devenir la figure publique du futur du travail. Je ferai des interviews, une chaîne You Tube ainsi que des articles sur les 1001 façons de réaliser ses rêves tout en ayant une carrière et une stabilité financière.

Selon vous, pourquoi êtes-vous si attiré par le voyage ?

Étant né à l’île de la Réunion, j’ai toujours grandi avec l’idée d’être loin, plus précisément à 10 000 km de l’Europe. Je me souviens avoir passé la quasi-majorité de ma scolarité à regarder l’horizon par la fenêtre en me demandant ce qui se cachait derrière… Je pense que la plupart de mes projets aujourd’hui répondent à cette question, pays par pays.


Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Un jour un Réunionnais m’a dit que, pour lui, Manapany était une "prison dorée". Cette expression me reste en tête car je pense qu’elle reflète bien ce qu’est la Réunion : un paradis avec ses avantages et ses inconvénients qu’il est difficile de quitter pour des raisons culturelles, familiales, sentimentales et financières. La mobilité m’a apporté une ouverture d’esprit et m’a permis d’accéder à toutes les opportunités qu’offre le monde. Je pense que chacun a des chaînes qui l’empêchent de sortir de sa zone de confort. L’insularité à la Réunion rajoute des maillons à cette chaîne pour toutes les raisons que j’ai cité plus haut. À travers chacun de mes voyages, j’essaie de montrer aux jeunes des Dom-Tom que la barrière est avant tout mentale.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Pour être mobile, il faut voyager léger. Je me rappelle avoir quitté la Réunion avec trois grosses valises. Aujourd’hui ma vie tient dans un sac de 12 kilos. J’ai déménagé tous les six mois ces sept dernières années, sans compter les voyages où j’ai traversé des continents entiers. J’adopte un mode de vie minimaliste et le seul objet qui m’accompagne tous les jours c’est un petit globe terrestre en mousse qui sert d’objet anti-stress et d’inspiration pour mes prochaines destinations. 


Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Oui bien sûr, je suis resté en contact avec la plupart de mes amis. On prend des nouvelles au téléphone ou sur Facebook. J’entreprends des projets avec certains d’entre eux, comme pour le livre illustré d’anecdotes d’expatriés avec Franck Hoarau, Aplanea. Suite à mon départ je me suis rendu compte qu’un grand nombre de Réunionnais en mobilité faisaient face à des préjugés : "Tu paies avec des bananes là bas ?", "Vous allez à l’école en pirogue ?", "Vous avez Internet ?". Avec mon ami Franck Hoarau on a donc lancé le blog Aplanea et nous souhaitons en faire un livre illustré afin de communiquer sur les challenges de l’expatriation. S’informer c’est déjà réussir.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ma famille, le rougail saucisse et l’immense chance de pouvoir croiser une fois par an les meilleurs surfers du monde venus pour la gauche de Saint-leu. Etant nomade, je suis constamment en train d’éduquer sur la situation géographique de la Réunion. Il m’arrive souvent d’être le premier à poser le drapeau de la Réunion sur les cartes affichées dans des hotels ou les activités touristiques (Peer 42 à New York pour faire du kayak sur le Hudson, Centre de Trek Yoga au Nepal, centre de plongée à El Nido aux Philippines, Crêperie sur l’île d’Utila au Honduras, etc.). À chaque fois je croise les doigts pour être le premier d’une longue liste de Réunionnais qui sauteront aussi la mer pour aller plus loin que la Métropole !


Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Elle est encourageante, la scène start-up se développe. Je pense notamment à des projets comme Ballades Créatives qui repense le tourisme à la Réunion avec une approche qui mêle entrepreneuriat et culture péï, ou encore Datarocks qui montre que la Réunion est présente dans la tech et le big data. Au delà de ce dynamisme, je pense aussi qu’on a un problème de fond à la Réunion. On ne nous apprend pas à rêver grand, on est conditionné par l’appartenance à la France au point d’en oublier que nous avons des marchés émergeants à moins de 3 000 km de nous. L’esprit entrepreneurial n’est pas dans notre ADN et il ne fait pas partie, à ma connaissance, des axes stratégiques du développement de l’éducation supérieure sur l`île. C’est vraiment dommage.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Dans un futur proche, un projet d’envergure mêlant éducation, entrepreneuriat et résolution de problématiques locales et continentales par l’innovation. Dans un futur plus lointain, une réduction du coût de la vie... et une gestion pérenne de la crise requin.



- Découvrir : www.instagram.com/kilometersoflifewww.facebook.com/Kilometersoflife
- La campagne pour le projet APLANEA : www.pocpoc.re/fr/projects/aplanea-anecdotes-reunionnaises / Le site du Livre : http://aplanea.strikingly.com / La page Facebook pour suivre le projet : www.facebook.com/Aplanea/


À toi, lycéen désabusé qui rêve de liberté,
À toi, étudiant motivé que le marché du travail ne fait pas rêver,
À toi jeune employé dynamique démotivé par tes rôles et responsabilités,
À toi, être humain authentique dont les talents ne demandent qu’à s’exprimer...

Kilomètres de vie

J’ai trouvé ce nom il y a quatre ans avant mon premier « road trip » aux États-unis. Ça m’est venu assez naturellement sachant que je prévoyais près de 50 000 km de traversée. Les kilomètres sont en lien direct avec le voyage, instrument de mesure entre deux points à relier, ils incarnent parfaitement le fait que la destination n’est pas ce qui compte le plus, c’est l’expérience de vie entre les deux points qui fait la différence.

« Live with less, experience more »

Une phrase qui m’est aussi venue naturellement. Pendant mes études, j’ai appris deux choses :
- Je n’ai pas besoin de beaucoup pour vivre heureux.
- Moins je suis chargé, plus je vais loin.

Le mélange des ces deux prises de consciences m’a permis de voyager aussi loin que je le souhaitais. Aujourd’hui je laisse toujours 1/3 de mon sac libre avant de partir. Remplir son sac c’est emmener ses soucis, son état d’esprit et globalement son « ancien soi ». Plus l’espace est vide dans votre sac, plus vous êtes prêts à vivre de nouvelles expériences et à changer.


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