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Anthony Payet, ingénieur chez Samsung en Corée du Sud

Publié le 27 mai 2020

Ce Tamponnais passé par la prépa du lycée Leconte de Lisle a enchaîné les diplômes et les postes à l’étranger : aux Pays-Bas, au Japon et aujourd’hui à Suwon en Corée du Sud en tant qu’ingénieur senior chez Samsung Electronics.


Pouvez-vous vous présenter ?

Anthony Payet, 30 ans. Je suis originaire des Trois-Mares, Tampon. Durant mon enfance à la Réunion, j’ai toujours été interloqué par les publicités en été (autour de Noël) montrant des flocons de neige. Depuis ce temps, je me demandais à quoi ressemblait un hiver en Métropole. J’ai été un poil déçu de ne pas voir de la neige tout le temps, quand j’ai débarqué, après les classes préparatoires ingénieur au Lycée Leconte de Lisle.

Quel a été votre parcours ?

J’ai effectué un cursus d’ingénieur en électronique à CPE Lyon, durant lequel, j’ai eu la chance d’aller aux Pays-Bas, en immersion en entreprise durant un an. À la fin de mon cursus, j’ai doublé mon diplôme d’ingénieur avec un master de recherche. À l’obtention de mes diplômes d’ingénieur et de maîtrise, j’ai décidé de continuer en partant sur une thèse en micro-électronique à Grenoble. Enfin, j’ai été embauché dès la fin de ma thèse chez Samsung...

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

La mobilité me permet deux choses. La première est de m’immerger dans un pays, une culture et une langue, d’avoir un autre regard sur un pays. Travailler et vivre dans un endroit est complètement différent de juste y passer des vacances. C’est une chance de pouvoir le faire ! La deuxième est être en quelque sorte un porte-parole de la Réunion à l’étranger. Dans les pays où je suis resté travailler (Pays-Bas, Corée du Sud et Japon), la Réunion n’est pas connue. Mes collègues coréens ne connaissaient pas du tout l’existence de la Réunion, mais certains connaissaient Maurice, comme destination de voyage de noces. J’endosse alors ma casquette de l’IRT et fais découvrir la Réunion à mes collègues, grâce à des vidéos et à des saveurs culinaires (pâtisseries, sucreries et bien sûr les rhums).


Quel est votre regard sur la société coréenne ?

Les Coréens sont travailleurs et rapides dans l’implémentation dans la société de nouvelles mesures. Un exemple simple et révélateur étant bien sur la réponse coréenne au Covid-19. Les règles à respecter afin de réduire les contaminations ont été plutôt bien appliquées. Les Coréens ont un sens de l’harmonie sociale que les Français n’ont pas forcément. La désinvolture à la Française a ses avantages mais aussi ses défauts.

Quels sont vos projets ?

Professionnellement, je compte rester encore quelques années en Corée du Sud, puis j’essaierai de trouver un travail similaire en France, afin de me rapprocher de ma famille. Ce qui pourrait me faire revenir habiter à la Réunion ? Dans l’idéal, l’existence d’un pôle de recherche en microélectronique. Déjà qu’il n’y en a peu dans le monde… je ne m’attends pas à en voir un à la Réunion, malheureusement. Deuxième choix : un centre de recherche appliquée à la transition énergétique pourrait grandement m’intéresser.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique sur l’île ?

La Réunion a de nombreux avantages qui ne sont pas exploités. Dans mon domaine (science et technologies), la Réunion serait un candidat parfait pour une transition écologique, avec un mix d’éolien, de photovoltaïque, de chauffe-eau solaire, d’hydraulique et de biomasse. Nous pourrions être à la pointe de ce combat, en terme d’infrastructure et de recherche, mais malheureusement, la volonté politique n’est toujours pas au rendez-vous. Cependant, j’ai été agréablement surpris par le nombre de voitures électriques lors de mon dernier passage en octobre 2019.

Quels ont été les avantages / inconvénients de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Un des avantages de venir de la Réunion est l’adaptabilité. En tant qu’étudiant réunionnais en Métropole, il nous faut déjà nous adapter à un autre rythme de vie. C’est en quelque sorte un stage d’adaptabilité, dans le sens où l’on reste en France, donc on garde certains repères, mais d’autres repères (amis, famille, climat) sont perdus. De plus, à la Réunion, nous mangeons beaucoup de plats asiatiques et pimentés, mes collègues coréens étaient très étonnés de me voir manger du piment sans broncher !

La contrepartie de venir de la Réunion est bien l’éloignement familial. Durant mes années étudiantes, les petites vacances de deux semaines étaient assez difficiles. C’est dur de voir une grande partie des gens planifier leur retour dans leur famille ou voyager. Je ne pouvais faire ni l’un ni l’autre, vu qu’il fallait économiser pour le retour en juillet-août. En plus, ces vacances tombent en hiver ! Maintenant, en tant que salarié en Corée du Sud, il me faut plus d’un jour et demi de voyage pour l’aller à la Réunion, et avec 15 jours de vacances par an, c’est devenu encore plus difficile...

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

J’ai bien sûr ramené quelques objets de la Réunion, mes préférés étant un « La Dodo lé là » peint sur du bois et un petit kayamb qui m’accompagne depuis mon départ vers la métropole. A part ma famille, ce qui me manque le plus à la Réunion est la nourriture et les fruits (mangues, letchis…) Tout ce que j’achète me parait fade et sans goût. Pour la nourriture, ce n’est que lorsque je suis parti à l’étranger pour la première fois que j’ai découvert que la France est vraiment un grand pays de la nourriture. Et ceci est encore plus exacerbé à la Réunion, où l’on mange réunionnais et français. Mon ti-Jacques boucané me manque !

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