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Audrey Bulin : « le Québec m’a ouvert des horizons »

Publié le 16 mars 2022

Installée dans la Belle Province depuis 2008, cette Dyonisienne a développé ses compétences professionnelles, tout en maintenant des liens avec les Réunionnais de Montréal. Elle raconte son parcours.


Pouvez-vous vous présenter ?

Marie Audrey Bulin, 37 ans. Je viens d’un milieu très modeste à Saint-Denis. J’ai grandi dans les quartiers de Sainte-Clotilde et des Camélias. J’ai une formation principale en économie gestion puis en gestion de projet. Je suis actuellement consultante en gestion de projet chez Cofomo et je suis en mandat chez Hydro-Québec en tant que contrôleur de projets.

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

J’ai quitté l’île pour poursuivre mes études supérieures à l’étranger. J’ai commencé en 2008 par une année d’échange à l’Université de Sherbrooke au Québec. Après cette année de licence, je suis rentrée faire mon Master 1 à la Réunion pour repartir l’année suivante... et ne jamais revenir. J’ai suivi un DESS en gestion en contexte nord-américain avant de décrocher un Master en gestion de projet. J’ai eu le soutien de ma famille et le soutien financier de la Région et du Département de la Réunion mais j’ai aussi dû travailler pour couvrir les dépenses de mes études et de ma vie à l’étranger. Au cours de mon Master, j’ai dû m’accrocher tellement fort que j’ai pu décrocher une bourse d’excellence. L’entreprise qui me l’a offerte à l’époque, c’est celle où je travaille aujourd’hui !

Sortie aux pommes avec les copines. On retrouve des Québécoises, Haïtiennes, Guadeloupéenne, Réunionnaises...

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Au début, j’ai eu un petit peu de mal. Entre « immigrants », on avait toujours tendance à tout comparer et critiquer. Puis, un beau jour, mon regard a changé, et j’ai vu le peuple fort, fier de ses origines et surtout curieux et accueillants que sont les Québécois. Le Québec a de magnifiques paysages, quatre saisons, le sirop d’érable et la poutine que j’adore !

Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

La mobilité ouvre les horizons, ouvre l’esprit. J’ai énormément évolué et grandi. J’ai pris assez facilement des postes à responsabilités ici, chose que je ne pense pas qui me serait arrivé à la Réunion. On nous fait confiance ici, on nous donne notre chance et surtout, on a le droit à l’erreur. L’erreur est vue comme un apprentissage, l’erreur fait partie de l’expérience. On regarde comment tu t’en est remis plutôt que le pourquoi.


Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Comme un petit paradis, loin, petit, inaccessible. On me demande souvent ce que je suis venu faire ici... Il faut savoir que la majorité des gens ici rêveraient de fuir le froid et la neige pour aller vivre dans un endroit comme la Réunion.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Ma vie de famille. J’ai grandi dans une île et je pense qu’il n’y a pas mieux pour élever des enfants. Je pense donc à un futur retour à la Réunion… J’ai ce combo « diplômes + expériences » qu’on nous demande tant... En revanche, je ne peux pas espérer le même salaire sur l’île. Ce qui me manque ? Ma famille, les paysages, l’odeur de mon île, les gens, la convivialité, le créole, le métissage, la mixité sociale, l’intergénération, etc.

Mon fils en hiver

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Je regarde les actualités de l’île tous les soirs et je trouve que la situation se calque un peu trop sur ce qui se passe à travers le monde. Cependant, je trouve que la Réunion a beaucoup évolué, elle s’ouvre elle aussi sur le monde. Des choix plus orientés vers son contexte écologique auraient dû être fait. Je pense notamment à la route du littoral qui pour moi est non seulement un fiasco économique mais aussi environnemental. Il y avait d’autres solutions…

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Comme beaucoup de Réunionnais, j’ai apporté une petite roche volcanique de la Réunion, un pilon pour écraser les épices, faire mes petits rougails tomates, un boulier qui me rappelle mon enfance et qui sert de décoration…

Avec le groupe Ast’R avant notre petit concert

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Oui, ces dernières années (contrairement aux premières), j’ai pris beaucoup de contacts avec des Réunionnais qui sont maintenant des amis. On danse le maloya, on organise des pique-niques, des événements. On est une petite communauté ici et on se retrouve dès qu’on peut !


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