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Audrey Kin-Siong, 22 ans, en échange universitaire à Pékin

Publié le 12 novembre 2007

Elève de l’Ecole Supérieure de Commerce de Nantes, Audrey est en échange universitaire pour apprendre le chinois à Pékin. Pour cette St Pierroise, ancienne du lycée St Charles, "c’est très étrange de voir à quel point Pékin est en développement avec tous ces buildings qui se construisent, d’apercevoir d’autres quartiers plus traditionnels et beaucoup de gens encore dans la pauvreté".

Audrey Kin-Siong
En visite au Temple du Ciel dans la capitale chinoise.

Racontez-nous votre parcours.

"Je suis née et j’ai toujours vécu à St Pierre, jusqu’à l’obtention de mon bac en 2002. Après ma scolarité au lycée St Charles, j’ai décidé de faire deux années prépa aux hautes études de commerce à Toulouse. J’ai ensuite intégré Audencia, l’Ecole Supérieure de Commerce de Nantes. C’est dans le cadre de ces études que je suis actuellement pendant quatre mois à Pékin en échange universitaire".

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

"Il y a bien une prépa HEC à La Réunion mais pas d’école supérieure de commerce. Un jour où l’autre j’aurais donc été amenée à quitter l’île. J’ai décidé de le faire après mon bac pour me mettre directement "dans le bain". J’étais déjà allée plusieurs fois en métropole pour les vacances, mais y vivre, c’est vraiment différent ! Le plus dur bien sûr c’est de s’adapter au rythme de vie, au climat et de côtoyer des gens avec une culture et une mentalité différentes. La période la plus difficile est pour moi, à partir de mi-janvier jusqu’à mi mars : les fêtes sont passées et l’hiver a l’air interminable".

Est-ce que vous vous sentez bien à Nantes ?

"Globalement, le mode de vie en France est plus stressant et les gens paraissent à première vue moins chaleureux qu’à La Réunion. Mais on ne doit pas non plus en faire un préjugé, ceci est plus ou moins vrai selon les régions / les villes de métropole. Nantes est par exemple une ville très agréable à vivre, à deux heures de train de Paris, où la vie est très différente".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Je pense qu’elle m’a permis de mûrir beaucoup plus vite. On est très vite obligée de se débrouiller seule alors que certains, à l’époque de ma prépa, pouvaient se permettre de rentrer dans leur famille à chaque vacances. Cela m’a également appris à m’adapter aux modes de vie, aux gens et à découvrir plein de choses différentes".

Parlez nous de la Chine.

"Pour Pékin, c’est encore plus vrai : il faut savoir se débrouiller pour se faire comprendre dans une langue étrangère ou avec des gestes. A la fin de cette expérience, j’espère maîtriser un minimum de chinois et avoir une vision plus précise de la Chine au niveau culturel et économique. Toute expérience de mobilité est pour moi enrichissante, que ce soit au niveau personnel ou professionnel".

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Pékin est une ville très grande, avec énormément de monde. C’est très étrange de voir à quel point cette capitale est en développement avec tous ces buildings qui se construisent, d’apercevoir d’autres quartiers plus traditionnels et beaucoup de gens encore dans la pauvreté. Les Chinois ont l’air rustres et malpolis vu de l’extérieur, mais parfois ce n’est dû qu’aux différences culturelles et à la langue elle-même. Ils sont très confiants dans le développement économique de leur pays et travaillent dur pour cela".

Quels sont vos projets ?

"Après mes quatre mois à Pékin, je compte rentrer sur Nantes afin d’effectuer un stage de fin d’études. Je serai ensuite diplômée et me lancerai dans la vie active. Je pense rester encore quelques années en métropole pour me faire une solide expérience en entreprise. Et pourquoi pas ensuite revenir à La Réunion..."

Audrey Kin-Siong
"Mon copain réunionnais David et moi en balade à vélo à Nantes".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"En général, on dit tous que la famille, le soleil, la mer, la montagne, les fruits et les bons ptits caris nous manquent. Je n’échappe pas à la règle, mais je rajouterai une mention spéciale aux samoussas, mangues, letchis et brèdes chouchous. Je pense aussi que La Réunion c’est toute une ambiance, une chaleur humaine, un métissage qu’il n’y a pas forcément dans les autres pays".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Venir de la Réunion est certainement un avantage car c’est une preuve de mobilité, d’ouverture d’esprit et d’adaptabilité. Ces qualités sont très recherchées par les recruteurs".

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

"J’ai bien sûr gardé contact avec tous mes amis réunionnais qui ont, comme moi, quitté l’île pour étudier en métropole. Ils sont malheureusement plus du côté de Toulouse ou Paris que de Nantes. A Pékin, nous sommes quand même 8-10 Réunionnais à être venus pour étudier le chinois ! C’est souvent très agréable de se retrouver entre réunionnais autour d’un bon cari, que ce soit en métropole ou à l’autre bout du monde".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"A Pékin, c’est simple, personne ne connaît l’île de La Réunion. Ils ne connaissent même pas l’île Maurice. Alors pour leur expliquer d’où est-ce que je viens, je suis souvent obligée de leur montrer sur une carte. En métropole, bien sûr ils ont tous appris que La Réunion est un département de France. Ils ont tous l’image d’une belle île avec du soleil et la plage mais avec encore quelques préjugés sur notre région. Certains pensent qu’on n’a pas le même cursus scolaire, que les cyclones détruisent tout sur l’île, que les routes sont mauvaises (en chemin de terre ?), qu’on va tous les jours à la plage (ou qu’on y habite), que tous les Réunionnais sont typés africains. Ceux qui y ont passé quelques jours de vacances sont souvent agréablement surpris par les infrastructures de l’île et le métissage de la population".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Si un jeune a la possibilité de partir de l’île, même pour peu d’années, je pense qu’il devrait le faire. Même si l’expérience est parfois douloureuse, c’est important de s’ouvrir à autre chose. Parfois on réalise alors à quel point on aime la vie réunionnaise, parfois on préfère rester en métropole ou à l’étranger. Mais l’essentiel c’est d’avoir découvert autre chose et d’avoir essayé de s’adapter".

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

"C’est une très bonne initiative. Il permet de créer un lien entre tous les réunionnais "expatriés", incite à la mobilité et fait partager les expériences de chacun. Il va devenir un réseau très intéressant".

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