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Aurore Brosset, chargée du pôle jeunesse à Fée Mazine - Spécial Retour

Publié le 31 août 2020

Après trois années intenses en tant que volontaire de solidarité internationale à Madagascar, elle est embauchée par l’association Fée Mazine à Saint-Pierre, qui œuvre pour l’accès à l’art et la culture du grand nombre d’enfants. Coup de projecteur sur un parcours tourné vers la coopération culturelle et un retour réussi à la Réunion.

Photo droite : S.Turpin

Peux-tu te présenter ?

Aurore Brosset, 29 ans. J’ai grandi à Saint-Denis avant de partir suivre des études littéraires, en communication et en gestion de projets culturels à l’université Paris Sorbonne. Après trois années d’expatriation dans la capitale malgache, je me suis installée il y a un an à Saint Pierre où je travaille pour l’association Fée Mazine en tant que chargée du pôle artistique jeune public.

Quel a été ton parcours ?

Après deux années intenses de classes préparatoires littéraires à Paris, intégrer l’université fut une superbe expérience, extrêmement libératrice. Le temps libre en dehors des heures de cours m’a permis de découvrir le milieu associatif étudiant dans lequel je me suis investie en tant que stagiaire et bénévole jusqu’à la fin de mes études. J’ai suivi un master professionnel en gestion de projets culturels spécialisés sur les enjeux interculturels à la Sorbonne Nouvelle car je voulais voyager et m’orienter vers la coopération culturelle. Le stage de fin d’études a été l’opportunité de partir quatre mois à Antananarivo découvrir la culture malgache et le travail du réseau culturel français à Madagascar et d’écrire un mémoire sur la coopération culturelle entre les deux îles : Madagascar et La Réunion.


Pourquoi avoir fait le choix d’un volontariat à Madagascar ?

Dès mon arrivée j’ai eu la chance d’être orientée vers l’Espace Volontariats Madagascar. Je n’avais jamais entendu parler de France Volontaires ni de ses missions et j’ai été séduite par l’équipe et les opportunités que cela représentait pour moi : tenter l’aventure du volontariat et revenir pour une période plus longue à Madagascar tout en gardant un lien avec La Réunion. C’était une occasion en or et je suis revenue un an après pour entamer une mission de Volontariat de Solidarité Internationale (VSI). (Missions de volontariat cofinancée par France Volontaires, la Région Réunion et les fonds européens Interreg V OI, au départ de La Réunion)

En quoi consistait ta mission de VSI ?

J’étais en appui à l’Alliance française de Tananarive en partenariat avec le service culturel de l’Institut français de Madagascar (IFM) en tant que chargée de coopération culturelle entre La Réunion et Madagascar. Mon rôle, en lien avec le réseau des 29 Alliances françaises réparties sur l’ensemble du territoire, était de suivre, d’encourager et de développer les échanges culturels entre les deux îles. En parallèle, je contribuais de manière plus globale à la programmation annuelle de l’IFM, qu’elle soit nationale, régionale ou internationale. Une mission passionnante, extrêmement formatrice, qui m’a permis de m’investir dans des projets très différents dans le spectacle vivant, les arts visuels, le cinéma, la littérature ou encore la formation.

Aurore avec l’équipe de l’IFM et les artistes Mikidache, Mikéa, Davy Sicard – Projet « Djirani » – Mars 2018

Une anecdote à nous partager ?

Des artistes réunionnais que j’ai eu la chance d’accueillir à Madagascar, certains sont nés ou ont grandi sur la Grande Île mais n’y étaient jamais revenu avant d’être invités dans le cadre d’un projet de coopération. J’ai des souvenirs très émouvants d’être témoin de ce « retour aux sources » et toujours ces mêmes questionnements : « Pourquoi avoir attendu si longtemps pour revenir ? ».

C’est assez représentatif de la complexité des relations entre ces deux îles, qui ont pourtant tant à partager. Partir à Madagascar est loin d’être une décision facile pour un grand nombre de Réunionnais, alors que c’est une expérience très riche qui ne peut que nourrir et enrichir la compréhension que nous avons de l’identité réunionnaise et indianocéanique. C’est là toute la richesse de ces projets d’échanges : encourager la rencontre, faire le lien, et contribuer à faire tomber les stéréotypes et les barrières culturelles qui peuvent exister entre les îles. Il y a une réelle nécessité à soutenir et à donner des moyens suffisants à la coopération régionale pour développer et pérenniser ces projets qu’ils soient culturels, touristiques, économiques, environnementaux…


Quel est le projet dont tu es particulièrement fière ?

La publication de la bande dessinée collective « Ho avy an-tsary », fruit de plusieurs mois de résidence entre La Réunion et Madagascar avec des dessinateurs et illustrateurs malgaches et réunionnais. Nous avons réuni ces six artistes à Antananarivo, à La Réunion puis à Diego-Suarez en leur lançant le défi d’imaginer ensemble un avenir à partager entre les deux îles. J’ai particulièrement aimé travailler sur ce projet où « coopération », bien plus qu’un terme politique, évoque une action collective, une réelle volonté de travailler ensemble, un enrichissement mutuel. C’était une aventure passionnante !

As-tu préparé ton retour d’une façon spécifique ?

J’étais à 100% investie jusqu’à la fin de la mission et n’ai pas vraiment pris le temps de préparer mon retour. Après trois années intenses, j’avais envie de faire une pause, retrouver ma famille, ne pas me précipiter avant de reprendre une autre activité. J’ai passé quelques mois entre La Réunion et la métropole, retrouvé notamment Paris et son effervescence culturelle, avant de prendre la décision de rentrer à La Réunion pour y travailler. J’avais le sentiment de faire un choix « facile » en rentrant à la Réunion. Mais lorsque l’on a quitté l’île après le bac et que l’on revient y travailler dix ans après, c’est finalement une toute nouvelle aventure qui commence, loin d’être aussi évidente que j’imaginais. Tout est familier, pourtant je le découvre avec de nouveaux yeux.


Ton engagement en VSI t’a-t-il aidé dans ton insertion professionnelle ?

Le fait d’être en lien pendant ma mission de VSI avec des artistes et des acteurs culturels réunionnais m’a ouvert des portes pour travailler dans le milieu culturel à La Réunion. J’ai aussi le sentiment d’avoir vécu, grâce au VSI, une première expérience professionnelle bien plus riche en termes d’ouverture, d’autonomie et de responsabilités, que si j’avais commencé à travailler ici après mes études.

Quel poste occupes-tu depuis ton retour de mission de volontariat ?

Cela fait maintenant un an que j’ai intégré l’équipe de l’association Fée Mazine qui œuvre depuis 10 ans pour l’accès à l’art et la culture pour le plus grand nombre d’enfants. Je suis chargée de coordonner les activités artistiques de l’association, notamment l’organisation d’événements comme le festival Mizik O’ Marmay, seul festival de musique pour les enfants à La Réunion ou encore Zétinsèl, festival pour les tout-petits de la naissance à 6 ans à l’Entre-Deux. Je suis très attachée au projet de cette association qui met en lien le milieu de la petite enfance et celui du spectacle vivant et de l’art de manière plus générale. C’est encore une fois histoire de coopération, et j’apprends beaucoup au quotidien au contact de mes collègues et des familles que nous accueillons au sein de la Kaz Fée Mazine à Pierrefonds.

8e édition du festival Zetinsel, Fée Mazine, septembre 2019 © jean christophe mazué

Avec le recul, quel bilan tires-tu de ton engagement à l’international ?

C’est assurément une belle expérience humaine, culturelle et professionnelle que celle du volontariat dans l’océan Indien. Vivre et travailler à l’étranger, c’est tous les jours être confronté à du nouveau, de l’inconnu. C’est l’opportunité d’en apprendre beaucoup sur soi-même, de développer ses capacités d’observation, d’adaptation et de sortir sans cesse de sa zone de confort. C’est vraiment une aventure quotidienne ! On apprend beaucoup chaque jour, on remet en question nos manières de faire, de penser, on invente de nouvelles possibilités.

Être VSI avec France Volontaires c’est aussi avoir la chance de pouvoir s’appuyer sur un réseau et être entourée pendant toute la durée de sa mission par une équipe qui a elle-même fait l’expérience du volontariat. C’est un accompagnement précieux et de très belles rencontres à la clé ! Si cette opportunité croise votre chemin, n’hésitez pas un seul instant, foncez !


Plus d’infos : www.facebook.com/F%C3%A9e-Mazine-122940831083823 / Voir le profil d’Aurore Brosset / Plus d’interviews & infos SPECIAL RETOUR

6e édition du festival Mizik OMarmay, Fée Mazine, Juin 2019

Voir : LES OFFRES DE MISSION FRANCE VOLONTAIRE DANS L’OCEAN INDIEN

Basé sur l’île, France Volontaires propose toute l’année des missions indemnisées de 12 à 24 mois en Afrique Australe et dans l’Océan Indien. Plus de 50 Volontaires de Solidarité Internationale originaires de La Réunion sont en permanence en mission dans des pays de la zone, en appui à des structures locales œuvrant pour la coopération régionale. Sur quels postes, dans quels pays et comment postuler ? Cliquez ici pour en savoir plus : De la Réunion, France Volontaires recrute toute l’année pour l’océan Indien

D’autres infos et portraits de Volontaires réunionnais dans l’océan Indien / La page Facebook

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