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Aurore Dijoux, chasseuse de tête à Montréal

Publié le 4 novembre 2018

Après un Master II spécialité Ressources Humaines à l’INSEEC Business School Paris, Aurore quitte la métropole pour le Canada où elle vit depuis plus de 5 ans. À 29 ans, elle est à la recherche des talents de demain en informatique et enseigne également la méditation au Centre de Méditation Kadampa de Montréal.

Photo N&B : Nytha Oronga pour le projet Visages d’Outremer - FrancoKaraïbes

D’où êtes-vous à la Réunion ?

Je suis née à Saint-Joseph et j’y ai vécu 18 ans, pendant toute ma jeunesse. Scolarisée à Saint-Pierre au Collège puis au Lycée Saint-Charles, j’ai vécu entre ces deux villes durant 7 ans. Cela me parait loin déjà, mais je garde un beau souvenir des voyages en bus dans la nuit noire ; de l’arrivée à l’école, tôt, peu après le lever du jour, dans le calme et la fraîcheur du matin, avant l’arrivée des autres. J’aimais me poser pour lire près des tamarins du collège ou du flamboyant du lycée. Les ballades après les cours sur le front de mer venteux de St-Pierre, l’air marin plein les poumons. J’éprouve, je pense, un peu de nostalgie lorsque je repense à cette époque, à la jeune fille que j’étais, mais de la fierté aussi.

Dans quelles conditions avez-vous été amenée à quitter la Réunion ?

Dès mon année de seconde j’étais décidée à partir en Métropole pour mes études. À l’époque je n’étais pas encore fixée sur ce que je voulais faire, alors je suis partie à Rambouillet dans les Yvelines (Île de France), laissant derrière moi ma terre, mes amis et bien-sûr ma famille. Le départ a donc été difficile... Mais le temps est passé vite et me voici aujourd’hui au Canada, après 5 années en métropole, qui aurait imaginé ça il y a 11 ans !

Photos : Nytha Oronga pour le projet Visages d’Outremer - FrancoKaraïbes

Qu’avez-vous fait ?

Après un bac économique et social au Lycée Saint-Charles, encadrée par des professeurs inspirants et des amis formidables, très vite le temps du choix est venu... Le temps des doutes aussi. Attirée par les sciences humaines, j’aspirais à m’inscrire à la Fac, mais malheureusement cette filière n’apportait que très peu de débouchés. Je me suis donc laissée tenter par un DUT Techniques de Commercialisation en alternance, puis un Master Ressources Humaines à l’INSEEC Business School Paris. Durant ses années en école de commerce, j’ai eu l’occasion de faire un stage à Montréal, ce qui m’a donné le goût d’y retourner pour y tenter une aventure à plus long terme.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Je suis toujours à Montréal et ce depuis 5 ans maintenant. Le moins que l’on puisse dire c’est que cette expérience de mobilité à contribuer à forger mon caractère et mes priorités dans la vie. Car si mon arrivée en métropole m’a fait ressentir plus que jamais Réunionnaise, mon installation au Québec a fait immerger mon identité Française. On pense souvent que venir s’installer dans un pays / une province francophone sera plus simple : pas de barrière de la langue, des valeurs communes, jusqu’à une histoire commune parfois… mais on se retrouve confronté à une autre réalité : le fait de devoir se battre pour se faire sa place, le jugement des autres, les injustices et le racisme aussi.

Après avoir travaillé dans des environnements ‘’challengeant’’ pour ne pas dire ‘’toxiques’’ et fait face à plusieurs difficultés dans le monde du travail, j’ai enfin trouvé mon équilibre dans cette Amérique du Nord en perpétuel changement. Ce virage radical je le dois à une découverte qui a changé ma vie et ma perception des choses : la méditation.

Aurore et sa famille (2010)

J’ai eu la chance de découvrir cet art de la méditation ainsi que la philosophie bouddhiste au Centre de Méditation Kadampa de Montréal en 2016. Et cela a changé ma perception des choses : qu’il s’agisse du monde professionnel, de mes aspirations dans la vie, de mes souhaits, j’ai appris à voir les choses autrement et ça a été profondément libérateur. Contrairement à ce que l’on pense parfois, méditer ce n’est pas s’asseoir en position du lotus, avec de l’encens et faire le vide. Méditer est une action de l’esprit qui vise à nous familiariser avec des pensées vertueuses. Lorsque nous méditons, nous concentrons notre attention en un seul point le plus longtemps possible. Si cette discipline nous permet de gagner en paix intérieure et en sérénité, elle nous offre surtout la possibilité d’améliorer nos qualités humaines telles que la compassion, la sagesse ou l’altruisme.

En plus de mon emploi de chasseuse de têtes, j’enseigne également la méditation au centre Kadampa de Montréal, qu’il s’agisse des méditations guidées pour adultes ou des cours pour enfants le week-end. C’est une expérience extrêmement enrichissante que je dois à mon installation au Québec et à ce parcours que je ne regrette pas.

Quels sont vos projets ?

Ma découverte de la méditation a changé mes inspirations. Je ne me considère plus ambitieuse et carriériste comme il y a quelques années. Aujourd’hui j’aspire à vivre plus simplement et à trouver le bonheur. Je place l’humain et mon développement spirituel au centre de ma vie et cela a changé bien des priorités ! Mes projets sont donc de rendre ma vie utile aux autres, car j’ai réalisé que la vraie richesse que j’avais le pouvoir de créer, l’était en aidant les autres à cultiver eux aussi leurs qualités et à récolter le bonheur.


Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Si la Réunion me manquait dans mes premières années d’éloignement, notamment durant mes études, je me considère aujourd’hui davantage comme une citoyenne du Monde. Lors d’une rencontre incroyable avec Christiane Taubira il y a deux ans, elle avait évoqué la force de l’identité utramarine, et cette importance de faire rayonner cette diversité là où nous sommes et à travers nos parcours respectifs. De cette identité, je pense notamment à ce gout pour la langue française, pour l’environnement et sa protection, l’importance de l’humain et du respect des autres : ce sont des valeurs qui me sont à cœur.

Quels ont été les avantages du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Une des chances, que comporte le fait de venir de la Réunion est un profond respect des autres, une tolérance à l’épreuve de tout, quelque soit leurs origines ou leurs couleurs. La Réunion est pour moi le plus bel exemple de melting-pot au Monde : « z’arabes », « malbars », « yab », « malgaches », « chinois » … les Réunionnais vivent en harmonie comme nulle part ailleurs. Je dirais que c’est ce qui fait notre force, mais c’est aussi quelque chose à cultiver ! Car malheureusement, il suffit d’une crise pour que l’Homme perde vite de son Humanité… Je souhaite que La Réunion habite encore pour longtemps ce beau vivre ensemble que j’ai connu étant enfant.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Peu de personnes connaissent l’Île de la Réunion au Canada, certains la pensent aux Antilles, d’autres en ont brièvement entendu parler, notamment pour son patrimoine mondial à l’UNESCO, on volcan ou pour ses marathons mythiques. J’ai rencontré à Montréal des personnes formidables qui travaillent fort afin de faire connaître les outremers. Parmi ces personnes, Ania Ursulet de Francokaraibes. J’ai été ravi de rencontrer cette femme passionnée, qui, via différents projets, propulse la communauté des outremers sur la scène Montréalaise. J’ai eu l’occasion de représenter la Réunion lors du projet photos ‘Visages d’Outremers’ qui visait à faire découvrir les habitants des divers départements d’ultramarins français à travers 3 portraits réalisés par la talentueuse Nytha Oronga. Une expérience mémorable !


Aurore Dijoux Réunionnaise Montréal

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Je leur dirais de faire avant tout des études qui leurs plaisent, de rencontrer un maximum de gens, n’ayez pas peur de la distance. On n’en meurt pas !
Forgez-vous vos propres opinions et choisissez vos combats. J’ai été une personne longtemps frustré par l’injustice, et j’ai finalement trouvé un moyen de changer le monde, même si c’est à petite échelle : montrer l’exemple, être inspirante et bienveillante envers les autres. Croyez-moi, ça déjà montré ses résultats.

Pour finir, n’oubliez jamais cette phrase qui figure sur le blason de notre île :

’’Florebo Quocumque Ferar’’. Cela signifie : ’’Je fleurirai partout où je serai planté’’.
J’en ai fait ma devise, et celle-ci prend de plus en plus de sens avec les années qui passent. Que l’on soit à la Réunion, en métropole ou ailleurs, que l’on éprouve des difficultés dans nos boulots ou en santé, nous avons tous le choix de prendre les choses du bon côté. Avec notre perception des choses, nous créons notre propre réalité, alors faisons-la belle et rayonnante.
Soyons cette plante qui s’épanouie et fleurit qu’importe les circonstances extérieures.


Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

J’ai trouvé ce site par hasard il y a plusieurs années et depuis il ne se passe pas une semaine sans que je vienne faire ma petite visite hebdomadaire. Un site pour tous les expat’ de l’île de mon cœur, c’était vraiment indispensable. On peut retrouver des vieux amis, faire la connaissance de nouveaux, partager ces photos, commander le dernier DVD de Marie Alice Sinaman ou de Thierry Jardinot... Bref j’adore !

Voir le profil de Aurore Dijoux / La Page d’accueil Amérique du nord / Le blog Carnet d’une Réunionnaise à Montréal

Aurore Dijoux
En vacances à Biarritz
Aurore Dijoux, une Réunionnaise pendant ses études à l’INSEEC Paris
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