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Aurore Payet, étudiante en stage à Berlin

Publié le 23 août 2011

Originaire de Saint-Paul, Aurore achève à 24 ans un master de Langues Etrangères Appliquées par un stage en Allemagne dans l’entreprise Intercultures. Sa mission : organiser des séminaires interculturels pour des entreprises internationales.

Aurore Payet
A droite c’est moi, à gauche ma meilleure amie d’enfance qui vit toujours à la Réunion. C’était lors d’un tour de l’île à moto avec notre groupe de motards !

Racontez-nous votre parcours.

Je viens de la Plaine Saint-Paul, où j’ai grandi et vécu jusqu’à mes 18 ans. J’ai eu mon bac scientifique en 2005 au lycée Louis Payen. J’ai quitté l’île juste après pour entamer des études en licence de Langues Étrangères Appliquées à Aix en Provence (LEA anglais allemand). Le départ s’est décidé assez précipitamment à la fin de ma terminale. Je n’avais aucune envie de quitter l’île ; à l’époque je voulais faire un BTS à la Réunion ! Le départ à été très dur. Il y a eu beaucoup de moments de doutes et de nombreux coups de blues pendant les premiers mois. Mais après coup je ne regrette rien du tout, bien au contraire !

Parlez-nous de vos débuts en métropole.

Après quelques jours en métropole, l’une des premières choses que j’ai demandées à une boulangerie d’Aix en Provence a été un macatia au chocolat... La vendeuse m’a fait répéter et à ce moment je me suis rendue compte qu’il allait falloir que je me "déshabitue" de certaines choses. J’ai pris conscience que non seulement ma vie changeait au niveau distance famille/amis, scolaire, climat, mais qu’elle changeait aussi au niveau culinaire... J’ai aussi pris conscience du fait que mon français n’était parfois pas si français que ça, en parlant de "bringelles" ou de "chouchous" à des amis par exemple.

Et ensuite ?

Je suis restée deux ans à Aix en Provence pour ensuite m’embarquer dans la belle aventure Erasmus : un an à Berlin, et de très belles rencontres et expériences ! Entre ma licence et mon master, j’ai pris une année semi-sabbatique pour faire un stage à Berlin et prendre quelques mois de vacances. J’avais besoin de souffler. Il y a deux ans, je me suis engagée dans un master Franco-Allemand entre Passau (en Bavière) et Aix en Provence. Dans le cadre de ce master j’ai passée la première année en Bavière puis la seconde à Aix en Provence.

Où en êtes vous aujourd’hui ?

Depuis mai 2011, je suis an nouveau à Berlin en stage de fin d’études de master dans une entreprise berlinoise : www.intercultures.de. Pour faire bref, nous organisons et coordonnons des séminaires interculturels pour des entreprises internationales.

Quels sont vos projets ?

J’aimerai finir et valider mon master cette année pour ensuite rentrer à la Réunion et chercher du travail sur l’île. Après six ans de vie hors de la Réunion, j’avoue avoir envie d’un retour aux sources. Tout dépendra du marché du travail et des opportunités qui se présenteront à moi.

Aurore Payet

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Difficile de tout résumer ici. Je dirais avant tout une ouverture d’esprit et la découverte d’autres "modes de vie". Le fait d’avoir vécu en France métropolitaine, mais aussi dans deux régions d’Allemagne très différentes l’une de l’autre, m’a apporté énormément au niveau culturel et interculturel. Il y a bien sur également de nombreuses rencontres, de nouveaux ami(e)s, des expériences, des voyages en Europe. Les voyages en Allemagne m’ont entre autre permis de m’améliorer en allemand.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Pas mal de choses : la famille, les amis, la cuisine réunionnaise, la chaleur toute l’année qui permet de ne pas avoir deux ou trois garde-robes selon les saisons, mais bien une seule pour toute l’année ! Et bien sur aussi nos superbes paysages, mais j’ai aussi découvert de magnifiques paysages et des gens supers au fil de mes voyages.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

L’île à de nombreux atouts que ce soit au niveau économique, géographie, démographique ou social. C’est un véritable exemple de métissage. Notre gros désavantage est, je pense, notre grande dépendance à la France métropolitaine et à l’Europe. Attention je ne prône par pour autant l’indépendance de l’île, mais je trouve des projets tels que l’objectif autonomie énergétique 2025 ou des initiatives comme l’ARER très intéressants. Ce sont des projets qui, s’ils aboutissent, pourront beaucoup apporter à l’île.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Dans l’entreprise où je suis actuellement en stage, le fait de venir de la Réunion a été un avantage. Du fait que je n’ai pas grandi en métropole, j’ai forcément un regard différent sur la vie "continentale/européenne". C’est une entreprise où tous les employés ont des origines différentes et des parcours très variés (Egypte, Italie, Guatemala, Afrique, Réunion et Allemagne). Elle cherche volontairement à mettre en évidence les similarités et/ou différences culturelles entre les pays/régions. La diversité de nos origines est donc un avantage certain dans ce milieu. Autrement je ne peux pas dire que mon "origine" ait été un avantage ou un inconvénient particulier. Peut être le fait de susciter la curiosité des gens qui se demandent ce que des Réunionnais peuvent bien trouver à la vie en Métropole ou en Allemagne. Cette curiosité facilite en général le dialogue et donc les premiers contacts.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Je vis en ce moment à Berlin. La plupart des allemands connaissent l’île Maurice et voient cette île comme un coin de paradis. En revanche la Réunion n’est pas très connue. Mais une fois l’île citée dans une conversation, la plupart des gens vont se renseigner sur internet et reviennent me voir en me demandant ce que je fais là. Et pourquoi j’ai quitté cette île à l’air si paradisiaque ?

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

C’est ma troisième année en Allemagne, la vie Berlinoise est fabuleuse. Selon moi, c’est une capitale avec tous les avantages et sans trop d’inconvénients. Les Allemands sont très respectueux de leur environnement et contrairement au clichés, sont adorables une fois la "coquille percée". J’ai la chance de m’être fait de très bons amis ici avec lesquels je resterai certainement toute ma vie en contact. Il y a tout ce dont on peut avoir besoin : les infrastructures, les sorties, les restaurants, les lacs et même des "plages" aux bords de certains lacs. Mais la Réunion reste mon premier chez moi. Le climat joue pour beaucoup sur mon moral, les hivers Berlinois sont très rudes !

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Qu’ils n’hésitent pas s’ils ont l’occasion d’aller voir comment ça se passe ailleurs et comment les gens vivent. On en apprécie d’autant plus ses origines. Le fait de partir ne signifie pas renier son île ou fuir quoi que ce soit. Au contraire c’est partir pour mieux revenir !

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

C’est une très bonne initiative. Je le consulte régulièrement, surtout au niveau des offres d’emplois et de stages. Je l’ai également déjà recommandé à pas mal de Réunionnais de mon entourage.

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