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Benoît Macrésy : du journal de l’île à l’immobilier à Paris

Publié le 8 février 2022

Il a quitté l’île pour tout recommencer à 40 ans, études et nouveau métier, suite à une rencontre avec l’homme d’affaires Jean-Raoul Ismaël. A Paris, il apprécie l’anonymat et l’infini des possibles. « On se sent libre d’être qui on veut, sans le poids des regards extérieurs ». En fin d’article, Benoît raconte sa vie en cinq chapitres.


Pouvez-vous vous présenter ?

Benoit Macrésy, 44 ans. Originaire de Saint-Denis, diplômé d’un Master 2 en gestion des organisations à la Sorbonne Business School, je suis travailleur indépendant dans le secteur immobilier / finances à Paris.

Racontez-nous votre parcours.

Après un bac littéraire au lycée Lislet Geoffroy en 1997, je suis parti à Montpellier pendant trois ans pour suivre des études de philosophie. En 2000, retour à la Réunion, où je travaille comme archiviste au Journal de l’île avant de passer le diplôme d’Assistant de Service Social et d’intervenir au service des personnels de l’Education Nationale. Puis je deviens ensuite cadre pédagogique de formation à l’IRTS de La Réunion.

Et ensuite ?

En 2018 je fais par hasard la rencontre de Jean-Raoul Ismaël, qui change ma vie. Après trois jours d’échanges à bâton rompu, il me lance un nouveau défi : sous condition d’obtention d’un Master orienté « Finances », il serait possible d’imaginer une aventure commune dans l’immobilier. Je laisse alors mon fils de 10 ans pendant un an à La Réunion, pour tout reprendre à zéro à Paris, dans un studio de 9 m². J’obtiens un Master 2 en « Gestion des Organisations » avec mention, à la Sorbonne Business School et « saute la mer » pour de bon, sans la moindre hésitation.


Racontez-nous vos débuts à Paris.

Arrivé à Paris, c’est une véritable école de l’immobilier qui m’attend. j’interviens en tant que travailleur indépendant pour différents groupes immobiliers et Family Office, dont la Holding « JRI CAPITAL » de Jean-Raoul Ismael. J’apprends le cœur de métier de marchand de biens, l’achat : la restauration, la revente d’immeubles Haussmanniens dans les beaux quartiers de Paris, du 1er au 8ème et le 16ème Nord. J’assure la gestion locative et coordonne la maintenance d’ensembles tertiaires « bureaux et activités ». J’assure également la promotion immobilière de lots en « VEFA » sur la région de La Baule, m’initie à l’hôtellerie d’affaires à Paris et assure la mise en relation d’investisseurs et de financiers sur la niche très haut de gamme d’appartements de collection.

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

Les projets sont nombreux. L’idée est d’en lancer 10 pour en réaliser 1. Dans le domaine de l’immobilier, je souhaite développer une activité de marchand de biens sur des immeubles haussmanniens, des ensembles tertiaires et des appartements de collection. Dans la finance, je souhaite développer des projets de tokenisation immobilière sur la blockchain. Dans l’art, je veux mettre en avant la scène réunionnaise du Streetart et investir dans le développement de certaines niches de l’art contemporain, avec un développement du côté des NFT et du Metaverse.


Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

J’aime Paris. Je me sens à ma place depuis que j’y suis. Je suis le premier étonné car je suis un passionné de nature et de « qualité de vie ». Mais tout ce bruit, cette agitation, ce stress, cette sensation de risque et de conflit permanent… tout cela me calme. Je me sens libre et la richesse historique de Paris, son architecture, rendent les endroits et les moments assez magiques. J’aime déambuler dans ce Paris des grands esprits et des artistes. Je ne parle même pas des opportunités culturelles (musées, théâtres, concerts, activités) qui ouvrent un nombre infini de portes, de directions vers des choses passionnantes. Il y a comme un goût d’infini.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

L’amour ou les vieux jours. Je me sens chez moi dans ma tête et pense pouvoir me sentir bien à n’importe quel endroit de la Terre. Le fait d’être réunionnais apporte une certaine stabilité intérieure, un ralentissement qui permet de ne pas oublier de profiter de chaque instant. Avec notre grande faculté d’adaptation (celle du caméléon !), on a un regard un peu plus lucide sur les choses et nous ne sommes pas dupes.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Après de nombreuses années à La Réunion, vivre dans une grande capitale comme Paris est véritablement dépaysant. Tout semble aller plus vite. L’environnement de béton et d’acier et le climat plus rude rendent les rapports plus « durs », plus « brutaux ». L’individualisme exacerbé ressort avec force dans un mouvement de foule permanent. Le risque de solitude y est très grand, c’est paradoxal. La pauvreté, avec des familles entières sur le trottoir et dans les métros, rappelle le risque pris si l’on ne fait pas ce qu’il faut pour « réussir ». Les gens travaillent dur et sont toujours prêts à en faire plus car la vie est chère. Les logements contigus et hors de prix sont un vrai « choc » par rapport à La Réunion.

Mais cette atmosphère a quelque chose de reposant dans l’anonymat qu’on y gagne. On se sent libre d’être qui l’on veut, sans sentir le poids d’un regard réprobateur permanent sur ses choix. Paris est une ville où tout est possible et où l’horizon indépassable de l’océan est remplacé par le seul horizon des limites que l’on se met. Les opportunités et les affaires se trouvent dans ce vivier urbain et nulle part ailleurs.

Quel lien gardez-vous avec la Réunion ?

Ici j’ai amené l’ensemble de ma bibliothèque, héritée de mon grand-père, qui était dans le génie civil et a contribué à la construction de la première route de Cilaos. J’ai des contacts réguliers avec Jean-Raoul Ismael et Alain Guinot, associé Deloitte. J’ai également retrouvé quelques anciens amis réunionnais et je garde des rapports amicaux avec mon ex-femme. La Réunion me manque sous certains aspects. La beauté des femmes réunionnaises est difficilement égalable. La caresse du climat d’une bonne partie de l’année l’est également. L’intérieur de l’île est un paradis à préserver et franchement, un bon américain piment-mayo et des bonbons piments… Pour le reste de notre gastronomie, je trouve les produits ici et je cuisine ! (quoiqu’un bon cari feu d’bois à côté un bassin…)

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

A Paris, lorsque vous dites que vous venez de La Réunion, on vous prend pour un fou d’être parti… Contrairement à Montpellier, je n’ai jamais ressenti de rejet du fait d’être réunionnais à Paris. Au contraire, on prend la Réunion pour un paradis, l’imaginaire lié à l’île est merveilleux, le teint est jalousé et le sourire envié.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Je ne suis pas un spécialiste mais il me semble que la jeunesse est touchée fortement par le chômage. La mobilité me parait être une opportunité à ne pas négliger, mais elle soulève des questions lourdes en termes de moyens, d’accompagnement et de préparation, afin d’optimiser les chances d’adaptation et donc de réussite. Dans mon cas, je ne serais pas arrivé là si je n’avais pas un goût prononcé pour le risque et l’aventure, pour le changement et peut-être l’originalité. Mais vous savez : « On rencontre souvent son Destin sur le chemin que l’on emprunte pour l’éviter ».


Benoit Macrésy : Enivrez-vous ! (5 chapitres)


L’enfance : le petit d’homme

Benoit Macrésy est né le 29 mars 1977 à Saint-Denis de La Réunion. Fils de Ghislaine, assistante de direction d’un grand groupe immobilier et de Georges Macrésy, professeur de mathématiques en collège. Il a un grand frère de trois ans son ainé, prénommé Philippe. Il profite d’une enfance heureuse, déambulant entre les quartiers de Château Morange et de Saint-François. D’abord en établissements privés d’enseignements, il continue son cursus scolaire dans le public, au collège Montgaillard, puis au lycée Lislet-Geoffroy.

Enfant, Benoit vit dans son monde. Il se crée un royaume secret où il converse avec la nature et les animaux. Les humains ne sont pour lui que des marionnettes étranges sur lesquelles il n’a aucune prise et auxquelles il ne comprend rien. Dans son univers, connu de lui seul, il se sent en paix. Il arpente ainsi les ravines du quartier et s’amuse, libre, en compagnie des créatures fantastiques de son univers onirique. Cette civilisation enfantine prend fin avec le divorce de ses parents. S’il le vit bien du point de vue émotionnel, grâce à l’amicale tendresse qui a perduré dans la cellule familiale, cela change ses modalités concrètes d’existence.

L’adolescence : « La seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien »

Sa relation avec son père est basée sur une confiance mutuelle de principe. Cela lui permet de vaquer à ses occupations comme bon lui semble. Mais il n’en abuse que très rarement, car sa relation avec son père vaut plus que tout. Benoit commence alors à se faire des amis, à sortir, à découvrir les séductions féminines, mais sa vie bascule lorsque sa télévision tombe en panne. Son père, figure mythologique, refuse de la réparer. En mal de ses émissions favorites, Benoit traverse alors supplications, colère et ennui. C’est ce dernier ennui qui le pousse à regarder du côté de la bibliothèque héritée de son grand-père et à laquelle il n’avait jamais porté la moindre attention.

Benoit plonge dans un univers qui va littéralement l’engloutir. Il découvre des classiques de la Littérature : Balzac, Stendhal, Corneille, Racine, etc. Il tombe amoureux de grands poètes : Baudelaire, Lamartine, Verlaine, Rimbaud, Eluard, Prévert. Il s’initie aux textes fondamentaux des sciences politiques : Locke, Hobbes, Montesquieu, Rousseau, Tocqueville, etc. Mais ce sont surtout les philosophes qui le touchent le plus profondément : Schopenhauer, Nietzsche, Les Présocratiques, Platon, Les Stoïciens, Bergson et tant d’autres qui ne le quitteront plus jamais.

Cette découverte est si frappante, qu’il s’aperçoit vite qu’il ne fréquente qu’un groupe d’amis décédés. Aux côtés de Nietzsche, il détruit méthodiquement les illusions dont raffolent ses semblables et doit faire le constat qu’il ne croit plus en rien. Benoit évolue à nouveau seul, mais sur un champ de ruines. Il faudrait reconstruire en urgence, mais ce jeune autodidacte isolé en a-t-il seulement la capacité ? En 1997, fort d’un bac littéraire avec mention, grâce à la rencontre inespérée de deux professeurs de philosophie et de Lettres qui voient en lui autre chose qu’une boîte vide à remplir, il s’établit à Montpellier pour des études de philosophie, à l’université Paul Valéry.

L’étudiant : « Nettoyer les portes de la perception »

Benoit comprend qu’il ne pourra pas partager le destin des quelques poseurs de rangs de sa « fac de philo ». Il préfère continuer à étudier dans les bars, quelques fois jusqu’à la fermeture. Mais l’effluve nietzschéenne laisse de grandes traces dans son esprit et face à son incapacité à rebâtir un monde cohérent et reposant sur autre chose que des idoles creuses, il se détourne de la philosophie, de peur de sombrer. « A trop regarder dans l’abîme, l’abîme aussi regarde en toi » (Nietzsche).

C’est alors l’époque d’une fuite dans les paradis artificiels, aux couleurs des années 70, aux Etats-Unis, à s’enivrer des substances et des rencontres qui lui promettent de nettoyer les portes de la perception afin que chaque chose lui apparaisse telle qu’elle est, infinie. Un nouveau panthéon d’amis fait son apparition : Jim Morrison, Led Zeppelin, Deep Purple, Jimmy Hendrix, Rory Gallagher, Stevie Ray Vaughan lui murmurent à l’oreille qu’il existe un autre univers où tout est possible.

Trois ans plus tard, alors qu’il arrive même à douter de l’existence de l’université, le décès d’une connaissance, par overdose, le ramène à la réalité. C’est sans doute son éducation, la force et le caractère hérités de sa maman qui lui permet de comprendre qu’il fait fausse route et que le philosophe du soupçon pour qui il aime se prendre ne saurait se satisfaire de ces nouvelles illusions, aussi séduisantes soient-elles. La mort de son père, en 2000, véritable choc ontologique, dont il prendra des années à se relever, finit de sceller son sort : retour à La Réunion, il s’agit maintenant de travailler pour subvenir à ses besoins.

L’âge adulte : le philosophe dans la cité

Benoit travaille d’abord comme archiviste au Journal de l’Ile de La Réunion. Les trois années passées entre le journalisme et les éditos du samedi lui apprennent très rapidement la légère nuance entre ce qui est servi au public et ce qui se trame dans le sérail très fermé des « puissants ». Son passé et ce constat lui donnent envie de s’impliquer dans la société pour plus de justice. Il accepte sans hésitation le grand saut pour tenter l’aventure de l’entreprenariat journalistique, en participant à la création d’un magazine de société intitulé « Vu d’ici ». Ce dernier, méritoire, meurt de sa petite mort une année et demie plus tard, apriori faute de gestion raisonnée.

Cela suffit à lui signifier que cet univers ne lui permet pas d’impacter comme il le désire la société. Il obtient le diplôme d’Assistant de Service Social et intervient au service des personnels de l’Education Nationale. Il s’implique jusqu’à créer le « Groupe académique du mieux-être au travail », en lien avec les conseillers techniques du Recteur. Il côtoie des experts comme Yves Clot, Marie-France Hirigoyen et il acquiert le statut de « Personne Ressource » pour l’approche centrée sur le Développement du Pouvoir d’Agir (DPA) par Yann Le Bossé, son concepteur, en 2014.

Face aux limites éprouvées du champ professionnel du social, quant à l’aide réelle qui peut être apportée aux personnes en difficultés, Benoit devient cadre pédagogique de formation sur l’ensemble des diplômes du travail social à l’IRTS de La Réunion. Son objectif est de former les futurs professionnels et de sensibiliser le territoire réunionnais à la formation du Pouvoir d’agir, dans la même optique de contribuer à l’avènement d’une société plus juste. Sur le plan personnel, Benoit est père de famille. Il a un enfant de cinq mois, Tristan, de sa femme Sabrina. Le couple accueille dans la famille la soeur et le frère de sa femme, Julie et Michael, alors âgés respectivement de 11 et 15 ans.

La fleur de l’âge : la révolution copernicienne

A 44 ans, après 22 ans de vie commune faite de petits et de grands bonheurs, Benoit divorce tout en gardant le modèle archétypal de la séparation de ses parents, ou quand l’amour se cristallise en une tendre et belle amitié. C’est à ce moment, par hasard et pas rasé, qu’il rencontre lors d’un voyage de plaisance à Paris, le magnat de l’immobilier Jean-Raoul Ismael, réunionnais comme lui. Rien ne laisse présager, sinon quelques principes de la cosmogonie traditionnelle chinoise taoïste, qu’il puisse advenir ce qu’il se passe alors. Comment pouvait-il y avoir rencontre entre le philosophe autodidacte, professionnel du social, rêveur invétéré et l’homme d’affaires parisien, au cuir imputrescible du marchand de biens ?

Qu’à cela ne tienne ! Après trois jours d’échanges à bâton rompu, le nouveau défi est lancé. Sous condition d’obtention d’un Master orienté « Finances », il serait possible d’imaginer une aventure commune dans l’immobilier. Benoit obtient son Master 2 en « Gestion des Organisations » avec mention, à la Sorbonne Business School et « saute la mer », sans la moindre hésitation. Fort de sa réflexion et de son expérience, il choisit de tout remettre en question : comme dans le droit fil de la tradition philosophique, il s’agit de mettre à l’épreuve ses principes, pour ne garder que ceux qui résistent à la contradiction.

Arrivé à Paris, c’est une véritable école de l’immobilier qui l’attend. Il intervient en tant que travailleur indépendant pour différents groupes immobiliers et Family Office, dont la Holding « JRI CAPITAL » de Jean-Raoul Ismael. Il apprend le cœur de métier de marchand de biens, l’achat, la restauration, la revente d’immeubles Haussmanniens dans les beaux quartiers de Paris, du 1er au 8ème et le 16ème Nord. Il assure la gestion locative et coordonne la maintenance d’ensembles tertiaires « bureaux et activités ». Il assure également la promotion immobilière de lots en « VEFA » sur la région de La Baule, s’initie à l’hôtellerie d’affaires à Paris et assure la mise en relation d’investisseurs et de financiers sur la niche très haut de gamme d’appartements de collection.

Cela fait quatre ans qu’il s’y emploie et continue d’apprendre de Jean-Raoul Ismael les secrets bien gardés du monde des affaires. L’aventure le passionne et ne cesse de donner des développements novateurs et prometteurs, comme la mise en œuvre de la première « tokenisation » en lien avec l’immobilier en France et la mise en place à venir de projets en lien avec les « NFT » et le « Metaverse ».

Enfin, Benoit participe activement, aux côtés de l’artiste EKO, à la création et à l’organisation du Festival de Streetart de La Réunion : « Graffiti Réunion ». L’objectif est de favoriser les échanges entre des artistes internationaux, les artistes locaux et le public réunionnais. Grâce au concours de Jean-Raoul Ismael, « partenaire historique », ils rendent possible la venue de Lady Pink (marraine du Festival), lors de la première édition en 2019.

Même la crise sanitaire ne suffit pas à éroder le désir d’entreprendre et les affiches des éditions suivantes s’étoffent d’artistes venant des quatre coins de la planète. Un parcours de fresques est en construction sur les murs de la ville, visant à établir Saint-Denis comme une destination mondiale et incontournable du Streetart. Depuis 2022, Benoit continue de s’investir dans les projets de développement à l’international de la scène Streetart réunionnaise et l’exploration des développements possibles sur le champ de l’art contemporain. Il s’implique enfin dans sa relation avec son fils, maintenant âgé de 13 ans.
« Qui ne croit en lui-même, ment toujours » (Nietzsche)

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