Publicité

Bernard Joseph, réalisateur de « Chez Maxime »

Publié le 30 mars 2021

C’est une de ces petites boutiques chinoises qui font partie du paysage réunionnais. Lieux de commerce mais également de convivialité, elles ont été délaissées au fil des années au profit des grandes surfaces. Avec elles, c’est une partie de la culture réunionnaise qui est en train de disparaitre. Pour Bernard Josesph, le réalisateur de ce documentaire en 2007, « ce film est un hommage à M. et Mme Maxime et leur ti boutik chinois au Tampon, symboles d’un art de vivre tombé en désuétude. Il nous amène à nous interroger sur nos modes de vie actuels et notre rapport à la consommation ».


Pouvez-vous vous présenter ?

Bernard Joseph : Originaire du Tampon, je m’envole pour la métropole à 18 ans pour faire un BTS audiovisuel à Bayonne, premier établissement à proposer ce type de formation en France. Mon diplôme en poche, je monte à Paris en 1990 pour faire du montage, d’abord dans une petite structure où je fais mes armes, puis à Canal + pendant sept ans où je travaille pour les différentes émissions de la chaîne cryptée ( La Grande Famille, Nulle Part Ailleurs, Les Guignols, Les Sports, Les Infos, Le Zapping...). En 2001, je me lance en intermittent pour monter des documentaires (musique, politique, sport, découverte...) tout en continuant à travailler pour la télévision sur des sujets ou des émissions de différentes chaines (TF1, France Télévisions, Arte).

Comment avez-vous commencé à réaliser ?
 
Monteur de formation, j’ai longtemps travaillé sur des documentaires pour la TV avant de prendre une caméra pour faire ce qui me tient réellement à cœur : réaliser des portraits de personnes que je croise sur ma route. Ma vraie passion c’est le documentaire, raison pour laquelle j’ai commencé à réaliser des projets plus personnels au travers de portraits qui me permettent d’aborder des thématiques qui me tiennent à coeur : la culture, l’art, la justice sociale, la consommation, le rapport à la nature, la transmission...


Où en êtes-vous aujourd’hui ?
 
Installé à Menton, je réalise des films de formation et de communication pour des institutions comme le lycée Paul Valéry, le GRETA, le musée Jean Cocteau et prépare actuellement une série documentaire sur les artisans et commerces de proximité de la région. Que ce soit pour des projets documentaires, institutionnels, films pour des particuliers, j’aime prendre le temps d’écouter ceux qui deviendront mes personnages pour saisir ce qui fait leur singularité afin de raconter ensemble leur histoire, qu’elle soit collective ou individuelle.

Quel lien gardez-vous avec la Réunion ?

Je retourne régulièrement voir ma famille à la Réunion et chaque fois, je retrouve un pays un peu différent. Le réseau routier se développe, les constructions poussent comme des champignons, d’autres sont rasées, des gens que je connaissais sont partis... Et chaque fois, c’est un peu de mon passé qui disparaît. De gigantesques centres commerciaux sont apparus et sont remplis à toute heure de la journée. Les gens veulent consommer et adopter un mode de vie métropolitain. La Réunion que j’ai connue disparaît petit à petit sous le rouleau compresseur de la mondialisation. Victimes directes de ces changements : les boutiques chinois de nos quartiers !


Comment est né le documentaire « Chez Maxime » ?

En 2007, je suis retourné avec Ismaël Affejee voir les propriétaires de la boutique chinois de mon enfance, c’était comme un bond dans le passé : même comptoir, même boulier, mêmes odeurs, presque les mêmes produits... Comme un lieu hors du temps, loin de l’agitation générale. Seuls changements, M. et Mme Maxime avaient quelques années de plus et beaucoup moins de clients...

« Les boutiques chinois sont condamnées à disparaître, tôt ou tard »

Et pourtant, c’étaient de formidables lieux de vie. Il y en avait au moins une dans chaque quartier. Ceux qui les ont fréquentées connaissent les boulettes chinois, bonbons coco qu’on faisait « marquer sur le carnet » pour les payer en fin de mois. Ou encore les ballots de riz ou bouteilles de gaz qu’on se faisait livrer. C’étaient des commerces mais aussi des lieux de rencontre où l’on se retrouvait à la buvette ou devant la boutique pour parler quelques minutes... ou des heures entières.

Quel message avez-vous voulu faire passer ?

J’ai voulu faire ce film pour garder une trace de ces endroits qui faisaient partie de l’identité réunionnaise, comme un témoignage d’une époque révolue. Mais il est avant tout un hommage à M. et Mme Maxime qui m’ont accompagné toute mon enfance et plus généralement à tous les commerçants chinois. Il intéressera peut-être les nouvelles générations qui n’ont pas connu ces formidables lieux de vie lontan... ou remémorera de bons souvenirs aux anciens !

...

Quelques années après le tournage, j’ai appris la disparition de Mme Maxime. Et la boutique a fermé ses portes en 2019. Suite à la diffusion du film sur Réunionnais du monde, j’ai reçu par mail un message du frère de Mme Maxime pour me remercier. Il a vu le documentaire le 31 mars, date anniversaire de la mort de Mme Maxime... Ce Monsieur a été très ému de voir sa soeur et j’imagine tout particulièrement ce jour-là...


N’hésitez pas à me contacter : www.lifecutsvideo.com / www.facebook.com/contact.BernardJoseph / https://vimeo.com/lifecuts / [email protected]


VOIR LE FILM "CHEZ MAXIME" :

Publicité