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Boris Vigne, 24 ans, ingénieur en mastère au Québec

Publié le 2 février 2009

Originaire de Bois d’Olive, Boris a suivi la classe prépa du Lycée du Butor avant d’intégrer l’Institut Supérieur des Mécaniques Avancées et Matériaux du Mans. Aujourd’hui ingénieur en gestion du Cycle de Conception Produit et développement durable, Boris a décidé de se perfectionner en suivant un double diplôme à l’université du Québec.

Boris Vigne
Boris en compagnie de sa petite amie... restée à la Réunion.

Pouvez-vous vous présenter svp ?

Vu que nous sommes sur un site réunionnais, je me permets de parler en créole. « Ben Koman y lé tout’ demoun ? Ben po présente à moin mi tremblera pa devant graton ! Ben po résume dans lo protocole ! Milé un ti kaf de 23 ans. Milé étudiant proche de la retraite scolaire. Mi sort de BO city comme y di ! Autrement dit Bois d’Olive, un ti kartier des hauts de Saint Pierre, mitoyen avec la Ravine des Cabris. Po mon part, Mi viens d’un ti famille modeste. »

Racontez-nous votre parcours.

Après un bac scientifique avec mention au lycée Saint Charles de Saint-Pierre en 2003, j’ai intégré la classe préparatoire aux grandes écoles à la cité scolaire du Butor en PCSI/PC jusqu’en 2005, date de mon départ de l’île pour mon école d’ingénieur : l’Institut Supérieur des Mécaniques Avancées et Matériaux du Mans (ISMANS). C’est par les études que j’ai été amené à quitter mon île. Et oui, que faire après les CPGE ? Et bien tu es obligé de partir. Mais comme me l’a dit ma grand-mère : « C po ton l’avenir mon z’enfant, allez mémé donne a ou son bénédiction ».

Comment se sont passés vos débuts en métropole ?

Arrivé en métropole pour l’oral de mes concours, ce qui ma frappé c’est la condescendance des métropolitains et surtout leur attitude individualiste. Directement à mon arrivée, j’ai vu défiler les stéréotypes sur les Domiens. Ce qui m’a le plus frappé, c’est que à ce niveau d’études (soit disant l’élite de l’éducation nationale française), on arrive encore à me demander si la Réunion se trouve dans la Caraïbe, si j’ai déjà porté des pantalons, ou si nous avons des voitures... Mais bon, cette condescendance a été ma motivation pour ne pas lâcher prise comme certains de mes camarades de classes préparatoires.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je suis ingénieur ISMANS en gestion du Cycle de Conception Produit et développement durable (G2CP). J’ai décidé de tendre à être un T-Men, c’est-à-dire m’employer à balayer un champ maximal de connaissances sur les bases solides d’ingénieur. Alors j’ai suivi un double diplôme proposé par mon école en partenariat avec l’Université du Québec :
- Maitrise en gestion des organisations option international à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).
- Mastère de spécialisation ingénieur d’affaires internationales.

Ce qui vous ne vous empêche pas de revenir régulièrement au péi…

Comme pour mes différents stages lors de mon cursus ingénieur, je vais effectuer mon stage de fin d’étude en 2009 « au pays », grâce, notamment au dispositif CODIGE de la CCI Réunion par le biais de Réunionnais du monde.

Quels sont vos projets ?

J’aspire, comme tous les Réunionnais, à pouvoir rentrer à la maison. Je voudrais travailler dans le monde du consulting ou des énergies renouvelables. Cependant je ne me fais pas d’illusion : cela va être difficile. Mais qui ne tente rien n’as rien. Au pire je retournerai en métropole ou à l’étranger pour gagner mon pain.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Cette expérience m’a forgé. Je pense sincèrement que je n’aurais pas supporté cette mobilité directement après le lycée. Je suis une personne attachée à son île et qui demande de se ressourcer pour performer. Alors les retours annuels au pays m’ont été plus que bénéfiques pour affronter les années d’école. J’ai appris à ne pas baisser la tête face à l’adversité et à rester optimiste.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion

Ben ça n’est pas une question ça ! (rires) « Sat y manke a moin c sans aucun doute mon famille, mon kafrine, mon bon lambiance, la fête, sans oublier le band bon carry ! Assise su le port Saint Pierre et parle du bon vieux temps avec mes dalons »

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Du peu d’expérience que j’ai eu dans le monde actif réunionnais, je vois des compétences aiguisées chez les jeunes réunionnais et aussi des efforts pour relever le pôle d’excellence de la Réunion. Le potentiel de l’île réside dans ses ressources humaines.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

L’avantage de venir de la Réunion à été une adaptation rapide et surtout un regard tolérant face à tout ce qui est différent. En effet, à la Réunion toutes les races et toutes les religions se côtoient dans le respect. Cependant, on m’a souvent "reproché" d’être né sur cette ile paradisiaque et on a toujours voulu tester mes capacités.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Toi, jeune Réunionnais, ce que j’ai à te dire c’est : « Lève la tête la ! Trembe pas dovant graton, lance a ou ! Surtout tiembo largue pas lo zaffair ! Parceke nou lé pa lo meilleur noulé pa le movais, noulé sat noulé ! Bouge, po mieu retrouve a ou ! »

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