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Brice Bataille, créateur de Bé - mobilier contemporain réunionnais

Publié le 18 septembre 2018

Architecte d’intérieur de retour sur l’île après sept ans à Montpellier, il lance à 30 ans une marque de mobilier contemporain conçu et fabriqué à la Réunion. « Comme une envie de créer une marque de mobilier aux lignes audacieuses sur notre vieux caillou avec ce qu’il nous offre... »

Article publié dans Objectif Emploi, supplément du Quotidien, le 8 novembre 2018 (cliquer pour lire)


Pouvez-vous vous présenter ?

Brice Bataille, 30 ans cette année, originaire de Pichette à La Possession. Après un Bac S au lycée de la Possession, j’ai commencé mon parcours par trois ans à l’école d’Architecture du Port entre 2006 et 2009. Puis direction Montpellier afin de poursuivre mon cursus. En 2011, je bifurque en intégrant l’école Supérieure d’Architecture Intérieure de Montpellier. Je suis diplômé d’un BTS d’aménageur d’intérieur, équivalent d’un BTS design d’espace, du Cours Bessil ESAI sur la Place de la Comédie, formation reconnue par l’UNAID (union nationale des architectes intérieurs designers). Après divers emplois pour des agences d’architecture de Montpellier, je décide en 2016 de rentrer à la Réunion ! Architecte d’intérieur indépendant, je suis également en cours de création d’une marque de mobilier contemporain 100% réunionnaise.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à revenir sur l’île ?

Depuis mon départ en 2009 j’avais dans l’idée de rentrer à la Réunion à moyen terme. Une fois diplômé, je me suis donné comme objectif de me faire de l’expérience en Métropole avant de revenir. Quelques jobs et emplois temporaires dans le domaine plus tard, le réel déclic a été un séjour à la Réunion en 2015, où j’ai eu plusieurs commandes de particuliers pour des projets. Je me suis rendu compte que la demande était très forte dans mon domaine et c’est ce qui m’a poussé à rentrer.

Petit bout de la Réunion à l’Etang-Salé

Comment avez-vous organisé votre retour ?

J’ai commencé à envoyer mes affaire à la Réunion quelques semaines avant mon départ. J’ai pris mon billet sans vraiment savoir comment j’allais m’organiser. Le plan était de revenir chez mes parents, de m’établir en tant qu’architecte d’intérieur indépendant et... advienne que pourra ! C’était un saut vers l’inconnu mais le risque était secondaire comparé à ma joie de rentrer ! J’ai eu à peine le temps de réaliser que je quittais Montpellier où j’avais vécu sept ans. Je me suis attaché à cette ville où il faut le dire j’ai connu de très bons moments !

Racontez-nous votre état d’esprit à l’arrivée à Gillot.

Je ressentais la même euphorie que lors des séjours précédents, mêlée à l’appréhension de retrouver une vie que j’avais quittée sept ans auparavant. J’avais ce sentiment que la vie ici avait avancé sans moi et que j’allais devoir reconstruire quelque chose. D’ailleurs je pense avoir mis deux mois à reprendre mes repères. Le plus difficile est de reconstruire une vie sociale ; en sept ans les gens que l’on a connu ont fait leur chemin et il est parfois compliqué de reprendre le train en marche. Néanmoins cela m’a permis de prendre un nouveau départ, et pour mon plus grand bonheur, la vie a voulu que je rencontre ma femme quelques mois après mon retour. Et je suis devenu papa d’une belle petite fille !

Avez-vous eu des difficultés à vous installer au niveau professionnel ?

Contrairement à une idée largement répandue, le marché du travail à la Réunion est très dynamique et offre beaucoup d’opportunités. J’ai eu l’occasion en deux ans d’exercer des rôles parfois très différents d’un projet à l’autre. Je pense que la plus grande difficulté a été d’adapter mon offre au marché réunionnais. J’ai constaté depuis mon arrivée que mes clients appréciaient le fait d’avoir à faire un à jeune Réunionnais qui revient sur son île après ses études. Je pense faire partie d’une génération de jeunes qui reviennent de plus en plus tôt avec de plus en plus de qualifications. Cette valeur ajoutée constitue pour moi un « avantage concurrentiel ».

Quels sont vos projets ?

Parallèlement à mon activité d’architecte d’intérieur, je développe un projet de mobilier contemporain conçu et fabriqué à la Réunion. Il s’agit pour moi de l’aboutissement de plusieurs années de réflexion qui mèneront à la création d’un premier modèle pour la fin 2018. La marque s’appelle Bé et une campagne de crowdfunding est actuellement en cours sur la plate-forme POCPOC.RE.

"Table OLIVINE : cette table basse en Basalte / Acier et Tamarin aura l’honneur d’être la première pièce d’une longue série !"

Pouvez-vous nous en dire plus sur Bé ?

C’est un projet qui a pour objectif de faire rayonner la Réunion à l’international avec des produits haut de gamme produits localement, alors n’hésitez pas ! Nous allons proposer des séries limitées de mobilier et d’objets conçus localement. Notre univers créatif mélange des matériaux et influences locales avec des technologies de transformation industrielles, dans l’objectif de réinterpréter un artisanat traditionnel dans une vision contemporaine.

Avec le recul, quels sont les points de satisfaction / déception de votre retour ?

Je ne trouve que des points positifs à mon retour à la Réunion, que ce soit au niveau professionnel ou familial. JBien sûr en tant que travailleur indépendant, j’ai dû faire face à certaines difficultés mais à aucun moment cela ne m’a fait regretter mon choix. J’ai aujourd’hui construit la famille dont je rêvais avec mes deux filles et ma femme et si c’était à refaire je ne changerais rien. C’est un bonheur d’évoluer chaque jour sur cette île que j’ai tant desiré retrouver pendant toutes ces années.


Tirez-vous un bilan positif de votre mobilité ?

Au vu de mes ambitions il était je pense indispensable de partir de la Réunion à un moment ou un autre. Cette expérience de mobilité m’a apporté une certaine maturité que je n’aurais pas acquis dans le cocon protecteur de la Réunion. Je ne veux pas dire que la vie ici est facile et paradisiaque pour tout le monde, mais la perte de certains repères m’a permis de me dépasser. Quand je suis parti de la Réunion j’étais très jeune et n’avais jamais vécu hors de la cellule familiale. Les rencontres et expériences vécues à l’extérieur ont profondément marqué ma façon de penser et d’appréhender le monde.

Qu’avez vous trouvé de changé sur l’île ?

Je trouve que la Réunion s’est énormément developpée en terme d’ouverture sur le monde. Aujourd’hui les acteurs de l’économie locale font tout pour effacer notre éloignement géographique ; cela se ressent au niveau des offres de services proposées sur l’île et je constate que le « retard » que nous avions il y a une dizaine d’années s’est considérablement réduit. En même temps, je ressens à la Réunion une sérénité, une spontanéité et une générosité dans les rapports humains que j’ai eu au premier abord du mal à trouver en Métropole.

Plus d’infos : www.facebook.com/Bemobilier.re


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