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Catherine Sumatra, elle se lance dans la broderie en Lorraine

Publié le 12 août 2016

« Après mon bac j’ai fait un an de licence mais je me suis rendue compte que ce que j’aimais plus que tout, c’était de créer de mes propres mains ». A 21 ans, cette Portoise installée à Lunéville a décidé de s’inscrire en Brevet des métiers de broderie. Une persévérance qui a payé, puisqu’un premier musée, à la Rochelle, a accepté d’exposer ses œuvres.


Racontez-nous votre parcours.

Je suis née au Port, c’est à l’âge de trois ans que mes parents ont déménagé en Métropole car mon père s’était engagé dans l’armée. Même petite il était dur pour moi de m’adapter à la Métropole. Il n’y avait plus de mamie, papi, de cousin, cousine avec qui jouer. Mais le plus difficile a été l’apprentissage du français car je ne parlais que créole. Etant fille de militaire, j’ai déménagé plus d’une fois. J’ai passé les deux premières années de mon Bac pro « métiers de la mode » à Reims et la dernière année à Six-fours-les-plages. Le fait de bouger m’a permis de faire des belles rencontres et de découvrir les spécialités régionales. Après mon bac j’ai fait un an de licence « lettres modernes » mais je me suis rendue compte que ce que j’aimais plus que tout, c’était de créer de mes propres mains.

Qu’avez-vous fait ?

Avec mon fiancé, lui aussi réunionnais, j’ai décidé de me lancer dans la broderie en Lorraine. Je n’ai jamais été première de la classe et même si durant toute ma scolarité, j’ai toujours essayé de faire le mieux que je pouvais, c’est la première fois que je me sens motivée pour faire quelque chose de constructif pour moi. Je veux me prouver à moi-même ce dont je suis vraiment capable. Le BMA demande de construire de A à Z un dossier sur le thème de son choix. J’ai choisi l’esclavage, l’histoire de nos ancêtres. Je crois que d’être Réunionnaise m’a donné plus de force et d’envie de réussir. J’ai créé trois objets retraçant la vie d’un esclave. Pour aller encore plus loin dans ma lancée j’ai eu l’audace de contacter plusieurs musées afin que je puisse exposer. Malgré la réticence de certains de mes « supérieurs », têtue comme je suis j’ai continué à chercher un musée qui veuille bien montrer mes objets au public.

Et ensuite ?

C’est à mon grand étonnement que le musée du nouveau de la Rochelle a accepté d’exposer mes oeuvres. Ce fut une joie immense de pouvoir montrer ses œuvres et d’écrire dans le texte de présentation que je suis réunionnaise. Ma plus grande joie était de voir mes parents fiers de moi. J’ai la chance de les avoir ainsi que mes sœurs et mon frère pas très loin de chez moi et de pouvoir compter sur eux.


Quel lien gardez-vous avec la Réunion ?

Même loin de mon ti pays je ne l’oublie en rien. Je parle créole au quotidien à la maison, je mets toujours un bon musique créole dans la case et sans oublier un bon ti carry. J’ai encore tout le reste de ma famille qui habite à la Réunion : Saint-Denis, Le Port, L’Etang-Salé. Je les revois avec plaisir quand je vais sur l’île en vacances .

Qu’est-ce qui vous manque le plus de votre île ?

Mes grands-parents (maternels et paternels). Ensuite la mer, la montagne, fabuleux paysage que je n’ai malheureusement pas dans ma région qui est la Lorraine. Cette région compte beaucoup de métiers d’art, textile, lutherie, faîencerie, broderie, cristallerie… Ce que je regrette à La Réunion c’est l’oubli des métiers traditionnels.

Quels sont vos projets ?

Même si j’aime la Lorraine, je compte découvrir d’autres lieux. Je rêve d’ouvrir ma boutique de création d’accessoires et bijoux brodés, faire des objets d’art toujours dans l’optique de montrer mes racines et d’exprimer ma fierté d’être Réunionnaise !


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