Publicité

Cédric Loiseau, entraineur de l’équipe d’escrime de l’université de Notre Dame aux Etats-Unis

Publié le 9 octobre 2012

Après avoir quitté la Réunion à l’âge de 14 ans pour le Pôle France à l’épée à Reims, Cédric Loiseau a poursuivi sa carrière de sportif de haut niveau avant de devenir entraineur. A 29 ans, il a été recruté par l’université de Notre Dame (South Bend, Indiana), première université américaine sur le plan sportif. Il vit maintenant aux Etats-Unis avec sa femme et ses deux garçons, Eliott 4 ans et Oscar 2 ans..

photo : l’union presse

D’où êtes-vous à la Réunion ?

Je suis né à Sainte-Clotilde et j’ai grandi au Brûlé dans les hauts de St-Denis. J’ai quitté La Réunion à 14 ans pour intégrer le Pôle France à l’épée à Reims. J’ai emmené une photo de moi petit avec mon grand-père (disparu) assis dans notre jardin, qui trône toujours fièrement sur mon bureau. J’ai aussi une sculpture d’un grègue en gousses de vanille. La dernière chose et non des moindres est tout simplement la fierté d’être Réunionnais qui est toujours avec moi et qui me pousse au fil des mes rencontres à en vanter la beauté et pousser les gens à y venir.

Racontez-nous vos débuts en métropole.

Je suis arrivé en métropole à 14 ans pour atteindre le haut niveau tout en ayant conscience des difficultés auxquelles je serais confronté. Grâce au soutien de mes proches (ma mère et mon Maître d’armes Richard Thomarat) et à une motivation sans limites, j’ai pu rapidement intégrer l’équipe de France en cadet et en junior. J’ai commencé en remportant des circuits nationaux (dans toutes les catégories, cadets, juniors et séniors) ; Anecdote : dès ma première année, voire première compétition, mes résultats ont été plutôt bons mais lorsque j’ai appelé ma mère après mon deuxième circuit national (seulement) et que je lui ai annoncé ma victoire, elle m’a simplement répondu "non mais sérieusement, tu as fait quoi ?" avant de réaliser, non sans fierté je crois, que c’était bien vrai.

Et ensuite ?

J’ai intégré le groupe France avec lequel j’ai participé à une trentaine de coupes du monde. J’y ai remporté un titre de champion d’Europe par équipe ainsi que des podiums en coupes du monde. L’anecdote la plus importante pour moi, aujourd’hui, est ma qualification aux championnats du monde cadets en 2000, qui avaient lieu aux Etats-Unis... à South Bend, lieu où je travaille aujourd’hui. A 22 ans, conscient que l’escrime ne me ferait pas vivre, je me suis consacré à l’entrainement. Titulaire du diplôme d’entraineur du ministère Jeunesse et Sports (le Brevet d’Etat d’Educateur Sportif 2ème degré), je suis devenu maître d’armes, travaillant ainsi avec tous les publics possibles : écoles, handicapés, enfants à partir de 4 ans, adultes et bien évidemment compétiteurs ! Car mon objectif malgré tout était de garder contact avec le haut-niveau, mais de l’autre côté de la barrière cette fois. A ce titre, j’ai rapidement (avant même l’obtention de mon premier diplôme) été invité par l’entraineur national au CREPS de Reims à le rejoindre, afin de l’assister toutes les semaines dans les leçons individuelles.

C’est alors que vous avez donné un tournant international à votre carrière.

En juillet dernier, j’ai eu connaissance d’une opportunité de devenir entraîneur à l’épée pour l’université de Notre Dame, dont le programme est l’un des meilleurs des Etats-Unis (huit titres nationaux, classé dans le top 3 depuis plus de 20 ans). L’organisation du sport universitaire aux USA n’est en rien comparable à celle du sport universitaire en France (quasi inexistante), mais vaut les organisations fédérales. Il se fait sous la houlette de la prestigieuse NCAA : National Collegiate Athletic Association.
Notre Dame est la 12ème université américaine sur le plan académique est la première sur le plan sportif, l’équipe de football (américain) est la plus prestigieuse et la plus titrée de l’histoire avec notamment un certain Joe Montana...

Quels sont vos projets ?

Le prestige de cette école et son engagement sur le plan sportif ainsi que les infrastructures dédiées (supérieurs à ceux des Pôles nationaux en France), m’ont beaucoup motivé.
Nous avons dans notre équipe trois tireurs qui reviennent des JO de Londres, le niveau y est très bon.
A titre personnel, je suis très exigeant et je déteste perdre. Comme tout compétiteur qui se respecte, mon objectif est d’aider cette équipe à remporter le plus de titres possibles et en obtenir davantage que l’équipe de football, ce qui serait extraordinaire.
Pour du plus long terme, on verra car l’énergie nécessaire à ce job est énorme et je préfère me consacrer pleinement à ma mission. Ce qui devra arriver arrivera...

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

C’est la preuve qu’on n’a pas peur du changement. Je dis "on" car c’est une décision familiale, on avait une situation bien établie en France.
Preuve également que mes rêves n’ont pas de limite. J’ai toujours annoncé qu’après quelques années de clubs, je me consacrerais à l’entrainement. L’occasion s’est présentée et nous n’avons pas hésité.
Pour mes enfants, c’est l’opportunité d’être totalement bilingues.
Enfin, tout simplement voir du pays comme on dit.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Ma famille et mes amis bien sûr mais aussi les bons plats créoles, car il n’est pas facile de trouver ici des bonnes saucisses par exemple, et les bouchons de Marcel (un petit clin d’oeil à Doudou).
Mais je crois que La Réunion ne se divise pas. La Réunion elle même me manque.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Je crois hélas que comme partout la situation est globalement difficile et le taux de chômage incroyablement supérieur à la moyenne le prouve. Mais encore une fois, il n’est pas facile de juger une telle situation car tout le monde ne la vit pas de la même façon. La Réunion est l’image du système français poussé à son paroxysme. Il n’est pas toujours facile d’y entreprendre des initiatives et le fait de vouloir bien gagner sa vie n’est pas toujours bien accueilli...

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Hormis l’éloignement (et le prix exorbitant des billets d’avions) qui ne me permet de rentrer autant que je le souhaite, aucun inconvénient.
Au contraire, le fait de venir de La Réunion m’a apporté deux avantages énormes :
- Une motivation extraordinaire pour montrer à tous que les Réunionnais ont les mêmes qualités que n’importe qui, même en venant d’une petite île au bout du monde, même s’il ne s’agit aucunement d’une revanche sur quoi que ce soit.
- Un incroyable atout pour rencontrer des gens, que ce soit à l’école ou dans le milieu professionnel. Le passage inévitable des présentations ne se passe jamais sans un intérêt certain pour celui ou celle qui vient de l’île de La Réunion.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Je n’ai jamais eu la chance de rencontrer des Réunionnais, si ce n’est une fois en France dans le cadre professionnel pendant quelques mois. C’était agréable ne serait-ce que de parler créole.
Sinon, je suis en contact avec mon cousin au Canada et ma cousine en Corée.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

On vit dans un quartier "typique" américain, parfois on réalise d’un coup que nous sommes aux Etats Unis. Les gens que l’on rencontre sont vraiment très agréables et accueillants. On a été invités à plusieurs "Parties" très conviviales.
La région est agréable nous avons profité de l’été pour visiter Chicago, le lac Michigan, Indianapolis...

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Vivez vos rêves à fond même si ça se passe hors de nos frontières. La Réunion sera toujours là dans un coin de votre tête et dans votre coeur et c’est un atout extraordinaire. Let’s go guys !

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

Très agréable, le principe est super sympa. Je vais commencer à utiliser la localisation des Réunionnais aux USA...

Voir le profil de Cédric Loiseau

L’actualité des Réunionnais aux Etats-Unis

Publicité