Publicité

Charlélie Jourdan, parti pour un tour du monde de 10 mois

Publié le 22 février 2011

Diplômé en philosophie, sciences politiques et affaires européennes, Charlélie a grandi au Tampon. A 27 ans, il entame un tour du monde de 10 mois avec sa petite amie espagnole, Paloma, pour découvrir, s’immerger dans d’autres cultures et se former : "J’aimerais rencontrer des Réunionnais de la diaspora dans leur pays d’adoption". Rendez-vous en Inde, Asie, Amérique du Nord et du Sud.

Charlélie Jourdan
A Grenade en Espagne (juillet 2008).

D’où êtes-vous à la Réunion ?

Je me sens Réunionnais grâce à l’excellente idée qu’ont eue mes parents de s’y installer il y a 19 ans. J’ai grandi au Tampon. J’ai quitté l’ile après une première année de biologie à l’Université du Moufia qui ne m’a pas satisfait et j’ai rejoint la Métropole pour entamer d’autres études. Je ressentais également le besoin de me retrouver dans un endroit d’où il était plus facile de voyager, et l’Europe est un excellent point de départ pour cela.

Comment cela s’est-il passé ?

J’ai suivi une formation en Philosophie à l’université de Montpellier III jusqu’à la Licence. L’arrivée en Métropole et mes années à Montpellier se sont très bien déroulées, grâce au soutien d’une importante communauté réunionnaise. Je suis musicien amateur et j’ai pu jouer avec de nombreux artistes bientôt connus sur l’Ile, tels que Maya Kamaty et Carlo De Sacco, anciennement du groupe Grèn Sémé.

Et ensuite ?

Grâce au programme ERASMUS, je suis parti en République tchèque (Prague) faire ma première année de Master. Je crois qu’une étape importante de ma vie étudiante fut ce choix de faire un séjour ERASMUS et avant tout de choisir l’Europe centrale dont je n’avais aucune connaissance. J’ai pu ajouter à ma vision du monde, le froid, une certaine mystique très slave (Kafka en est un excellent exemple tchèque) et une envie de ne pas m’en tenir aux frontières de la France.

Qu’avez-vous fait ?

A mon retour j’ai décidé de suivre une spécialisation en Affaires européennes et je me suis inscrit dans un programme à l’Université d’Aix-Marseille intégrant un semestre de mobilité en Finlande. J’ai terminé mon cursus à Sciences-Po Strasbourg en Affaires européennes et je suis parti travailler à Bruxelles, siège des institutions européennes. J’ai travaillé deux ans au Parlement européen et aujourd’hui j’effectue un tour du monde durant 10 mois avec ma compagne espagnole.

Charlélie Jourdan
Charlélie et Paloma

Quel est l’objectif de ce grand voyage ?

Je fais un tour du monde, à la fois pour le plaisir de m’immerger dans d’autres cultures mais également dans l’optique de développer des compétences que je n’ai pas encore. Je rencontre avec ma compagne des gens de différents milieux, de différentes classes sociales, de différents secteurs et j’essaie patiemment de construire mon retour en Europe ou éventuellement un séjour plus long dans un des pays visités. Parce que nous parlons anglais et espagnol cela nous permet de connecter avec des personnes de différents horizons. Cela dit je m’apprête à quitter l’Inde pour la Malaisie et je n’ai pas trouvé de personnes toujours facilement compréhensibles en anglais sur ce magnifique sous-continent...

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Je crois que la mobilité permet de forger une certaine méthode et organisation en même temps qu’elle apporte des milliers de nouvelles perspectives sur la vie, et cela inclut la vie professionnelle. J’ai tendance à parler d’« instinct social », comme si l’esprit et le corps se mettaient en recherche de contacts et d’activités de façon naturelle. Lorsque j’ai travaillé au Parlement européen à Bruxelles, mes mobilités précédentes m’ont permis de communiquer sur différents registres avec des gens qui représentaient toute l’Europe, soit 27 Etats membres différents. Je travaillais spécifiquement sur le développement des régions d’Outre-mer, dites ultrapériphériques, et je suis persuadé que c’est grâce à une constante pédagogie culturelle que j’ai pu faire comprendre les besoins de notre île à des gens qui n’ont pas même dans leurs pays, d’accès à la mer. Aujourd’hui je rencontre des gens de tous les milieux et je crois que pas un seul n’est insensible au fait de venir d’une île.

Qu’est ce qui vous manque de la Réunion ?

La Réunion me manque comme manque une terre que l’on porte en soi. Je n’ai jamais rencontré un Réunionnais qui ne m’ait assuré désirer voir ses enfants grandir sur l’île ou vouloir y passer ses derniers jours. Je crois que le fait même que ce site existe prouve que l’île manque à tous ceux qui y ont vécu un jour. Toutefois je ne me vois pas m’y installer avant quelques dizaines d’années, et à la seule condition d’y trouver ou d’y créer un emploi qui me permette une totale mobilité dans la zone.

Quel est votre regard sur la situation socioéconomique de l’île ?

Je crois que l’avantage de la Réunion est en même temps son point faible : c’est une île. Les actuels désordres économiques et le chômage incroyablement élevé sont les signes qu’il faut réinventer un modèle de développement. Avec une population qui tend vers le million, ce qui était la grande peur des hommes politiques des années 60, il est inconcevable que le nombre de voitures y soit aussi important et qu’il donne lieu à un engorgement routier aussi considérable. Les heures perdues à attendre au volant sont autant d’obstacles à une économie fluide et créative.

"50% de la population mondiale vit en zone tropicale, il faut savoir faire jouer notre expertise réunionnaise"

De plus, à l’heure actuelle c’est grâce à une totale connectivité avec le monde qu’une île peut dépasser sa condition et servir de relais ou de cœur à l’économie numérique. Or, avec le prix des connexions et le problème d’infrastructure numérique l’opportunité d’occuper ce secteur est moindre qu’il ne devrait. Les jeunes réunionnais étant souvent de plus des « tech-savvy », c’est une opportunité qu’on ne peut se permettre de manquer.

Quels sont les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Je dois dire que venir de la Réunion m’a toujours servi. Aussi bien dans les entretiens de candidature aux écoles que pour trouver un emploi, la Réunion a toujours compté pour une grande part dans les échanges avec les jurys ou examinateurs. Je n’échangerai aujourd’hui pour rien au monde cette origine, qui fait par exemple que je peux manger n’importe où dans le monde sans me sentir dépaysé ou submergé par le goût des épices...

Avez-vous rencontré des ressemblances avec la Réunion au cours de vos voyages ?

Je crois que la confluence des cultures que nous expérimentons en vivant à la Réunion n’a pas beaucoup d’écho dans le reste du monde. Dans une dizaine de mois je serai capable d’en dire plus dans ce domaine, mais la proportion équilibrée des différentes ethnies et religions offre à ceux qui savent l’apprécier, une flexibilité mentale et un avantage exceptionnels dans la civilisation globalisée que nous voyons émerger. Il s’agit désormais de s’épauler dans la zone géographique où nous nous trouvons, chercher les appuis des Mauriciens, des Malgaches, des Mahorais et jusqu’en Afrique du Sud et en Australie pour faire émerger un autre monde, celui du Sud. Je crois fortement à la possibilité de cette réalisation, et je le fais de façon pragmatique, sans idéalisme forcené. Aujourd’hui 50% de la population mondiale vit en zone tropicale, il faut savoir faire jouer notre expertise.

Je me permets de mettre ici mon contact et mon itinéraire, en espérant que des Réunionnais tout au long du chemin me contactent pour échanger leurs points de vue. J’aimerais beaucoup pouvoir échanger nos expériences de représentants d’une diaspora aussi multiculturelle. [email protected]

Voir le profil de Charlélie Jourdan

Le blog de Charlélie et Paloma en espagnol : www.lalunadeasia.blogspot.com

L’itinéraire

India - December to beginning of January 2011
Malaysia / Singapore / Thailand - January 2011
Cambodge / Laos - February 2011
Vietnam - mid-february to mid-March 2011
China - mid-March to beginning April 2011 (including Macau and HK)
South Korea (Seoul) - April 2011
USA / Canada - May - mid-June 2011
Colombia / Chile - mid-June to mid July 2011
Argentina / Brazil - mid-July - beginning of September 2011

Publicité