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Clara Bellon, artiste lyrique à Paris

Publié le 28 janvier 2020

Prix Talent de l’Outremer 2019, cette jeune Saint-Pierroise s’est lancée dans une carrière de chanteuse soprano. Elle raconte son parcours.

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Pouvez-vous vous présenter ?

Clara Bellon, 30 ans. Je viens du sud de l’île, je suis née à Saint-Pierre. Après l’obtention du grade d’ingénieur géologue (classes préparatoires BCPST sur à la Réunion puis une école d’ingénieur spécialisée dans l’Oise en Métropole) et trois ans comme salariée dans le secteur du BTP Granulats dont un an à la Réunion, je me concentre actuellement sur ma carrière artistique. Je suis chanteuse lyrique, à temps complet. Je chante dans des opéras (de Mozart, Offenbach, Donizetti...), des rôles spécifiques, écrits pour ma voix de soprano, ou de la musique sacrée en tant que soliste avec un orchestre et d’autres chanteurs. J’ai cumulé l’étude du chant et de la musique avec mes études supérieures scientifiques. Cela a toujours été une vocation !

Que représente la musique pour vous ?

La musique a toujours été là pour moi. Elle m’a accompagné depuis que je suis petite. Ma passion est maintenant devenue mon métier : l’opéra. J’aime aller à des concerts et découvrir de nouveaux spectacles et de nouvelles voix lyrique. Elles touchent notre âme et relient les Hommes. La musique et le chant sont pour moi un langage universel. Je suis aussi une amoureuse de la nature. C’est très important de pouvoir régulièrement me ressourcer devant un paysage, pouvoir nager ou aller à la rencontre d’animaux et les observer.


Quel a été votre parcours de "mobilité" ?

J’ai quitté la Réunion pour poursuivre mes études. Naturellement, cela ne fut pas facile, notamment au niveau climatique. Je suis arrivée en Métropole dans un département du Nord. Le relief avec la Réunion est incomparable ! J’ai dû apprendre à vivre autrement et accepter d’être malade en hiver ! J’ai passé mon permis de conduire en métropole pour pouvoir faire les trajets Beauvais-Amiens (60Km) en voiture, entre le conservatoire de musique et le campus universitaire, l’autoroute et la neige. A l’époque ça me semblait être un monde !

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je vis à Paris, ville lumière mais parfois ville de la démesure. Les écarts entre les individus peuvent être considérables. Je regrette l’opposition des classes sociales, ainsi que le corporatisme. Toutes les couches qui composent notre société doivent pouvoir cohabiter et s’apporter mutuellement. Mais je suis amenée à voyager et me déplacer souvent pour passer des auditions ou donner des concerts.


Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Même si elle peut être vécue comme un sacrifice ou un déracinement , la mobilité est pour moi un enrichissement. J’ai pu faire des nouvelles rencontres, découvrir de nouveaux paysages et climats. M’ouvrir d’avantage sur la culture de la France, ses arts et sa gastronomie qui sont mes péchés mignons. Être en Europe permet aussi de voyager sur d’autres contrées, c’est plus « facile ». Mais je n’oublie jamais d’où je viens et où j’ai grandi. Mon pays de cœur restera la Réunion, car elle est partie intégrante de mon identité. En cas de blues, je me remémore la douceur de vivre, la mer et le soleil de mon île.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ma famille, la mer en contraste avec la montagne, la luminosité. Et puis forcément nos bons produits péi ! Au risque de paraître un peu dingue, j’ai apporté ici du curcuma, notre « safran » local, du gingembre et du miel de baies roses. Je m’en fais régulièrement envoyer car je les trouve incomparables et en boisson chaude pour la voix c’est idéal !

Quels sont vos projets ?

Mes projets pour l’avenir sont de continuer de me développer au niveau du chant lyrique, chanter d’autres rôles que je n’ai pas encore abordé (le répertoire de lyrique colorature est très vaste !), pourquoi pas avoir plus de visibilité sur le plan national et international… Continuer d’enchanter et de faire vibrer le public avec les voix, c’est aussi une façon pour moi de donner, de communiquer et d’être en lien avec les autres.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Et si le littoral de la Réunion était « vert » au sens moins de voitures ou avec des trams ? Et si l’on trouvait un opéra ou une arène antique pour les spectacles en plein air ?… Dans mon domaine, l’essentiel du travail se concentre en Europe. Toutefois, je suis ravie de revenir sur mon île d’origine pour participer à des projets artistiques ; à la Réunion, comme j’ai pu déjà le faire par le passé ou dans d’autres DOM-TOM. L’opéra ne doit pas être cantonné au « Vieux continent », rester accessible à tous et je sais les ultramarins très mélomanes et amateurs d’art lyrique.

Prix Talent de l’Outremer (à gauche) - Cérémonie du 11 Novembre (à droite)

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Bien sûr ! Les Réunionnais et plus généralement les ultramarins sont partout ! J’en rencontre souvent, et pas seulement dans les grandes villes. Nous formons une vraie communauté. C’est cette ouverture et cette tolérance, un certain vivre ensemble assez spécifiques aux personnes qui viennent des îles que j’aime partager. Je remercie mon île, véritable mosaïque, de continuer à faire de la TOLERANCE un mode de vie au quotidien.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

A la Réunion, il y a eu ces dernières années une explosion de l’urbanisme sur le littoral qui a modifié les sols : les conséquences ne sont pas neutres. J’insiste sur la protection de l’environnement, de la faune et la flore. J’aimerais aussi que la crise requin puisse cesser, que des solutions soient envisagées, nous ne pouvons pas endurer d’éternels drames.

Malgré tout, les institutions reconnaissent les atouts que peuvent représenter les territoires d’outre-mer, c’est très positif. L’archipel France est présente sur tous les océans, ce qui nous oblige à faire de la mer un enjeu majeur. Mais pas simplement sur le plan économique et stratégique, aussi et surtout pour le climat et la biodiversité. J’espère que nos outre-mer deviendront des modèles en la matière.

+ d’infos : www.clarabellon-arias.com / www.facebook.com/cbellonarias


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