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Clara Jonas, coordinatrice Environnement aux Comores

Publié le 1er avril 2019

A 25 ans, Clara est responsable du programme « Gestion Durable des Déchets » à l’ONG 2 Mains basée à Moroni. Un des postes de Volontaire de solidarité internationale ouverts dans la zone à des Réunionnais. Portrait.



Pouvez-vous vous présenter ?

Clara Jonas, 25 ans. Je suis originaire de Saint-Louis, quartier de La Palissade. J’ai un DUT Génie Biologique (IUT de Saint-Pierre) et un diplôme d’ingénieur en Génie Industriel de l’Environnement (Rennes). Je suis actuellement Responsable du programme « Gestion Durable des Déchets » à l’ONG 2 Mains aux Comores, en tant que Volontaire de Solidarité Internationale (VSI), envoyée par l’antenne de France Volontaires à La Réunion, en partenariat avec la Région Réunion et les fonds européens (INTERREG Océan Indien).

Quel a été votre parcours de "mobilité" ?

En 2013, après l’obtention de mon DUT, je voulais continuer mes études dans le domaine de l’environnement (eau, assainissement, gestion des déchets, pollution du sol et de l’air, etc). J’ai tenté ma chance en métropole et j’ai ainsi pu bénéficier du passeport mobilité-études en prouvant l’inexistence de la filière à La Réunion. J’ai été admise en troisième année d’une école d’ingénieur : l’Ecole des Métiers de l’Environnement, à Rennes. Durant ces trois années d’études, j’ai pas mal bougé. En quatrième année, j’ai effectué un semestre en Erasmus à Wroclaw University of Environmental and Life Sciences, en Pologne. J’ai vraiment eu un coup de cœur pour cette ville, son charme et ses spécialités culinaires (les pierogi c’est le feu !). De là bas, j’ai pu voyager et découvrir ce côté de l’Europe que je ne connaissais que de nom (grâce au Monopoly) : Cracovie, Prague, Bratislava, Budapest…

Et ensuite ?

J’ai effectué mon stage de fin d’études en Guadeloupe dans un bureau d’études d’ingénierie et de conseil en environnement. J’y suis resté six mois. J’ai pu découvrir les îles de La Guadeloupe et Sainte-Lucie. Les plages de la Caraïbes valent la peine d’être vues !

Parlez-nous des Comores où vous vivez maintenant.

C’est un pays qui possède beaucoup de potentiels. Chaque île a sa spécificité, des paysages magnifiques, un lagon à couper le souffle, des plages quasi déserte... Malheureusement, les Comoriens ne se rendent pas suffisamment compte du potentiel exploitable de leurs îles. Une chose à ne pas rater, c’est la période des grands mariages, évènement coutumier incontournable. On y retrouve tous les plats traditionnels. Les femmes se parent d’or et sont vêtues de leurs plus beaux habits pailletés, tandis que les hommes portent des tenues traditionnelles. Les chants à la gloire des mariés, les danses, les rites et les prières rythment ces cérémonies sur plusieurs jours. Il faut y aller pour comprendre !

Avec ma coloc Faïza (VSI France Volontaires Reunion) dans un mariage comorien

L’accueil est chaleureux et les habitants sont particulièrement généreux. Peut-être légèrement intrusifs, mais il faut savoir gérer... Les Comores m’ont appris à être patiente. Chaque jour, tu comprends que les choses ne peuvent pas se passer comme prévu. Il faut juste avoir un plan B et puis ce n’est pas la fin du monde. A quoi bon s’énerver ? Les choses n’avanceront pas plus vite ! En tout cas, une chose que j’ai appris c’est qu’il ne faut pas écouter les a priori des gens. Il faut aller découvrir par soi-même et se faire sa propre idée du pays. En tout cas, je ne regrette pas mon choix ! On vit bien aux Comores, la vie est simple. Alors Karibu ! (Bienvenue !)

Quelle est l’image de la Réunion aux Comores ?

Très positive ! « C’est à côté. Là-bas on peut faire du shopping de qualité » disent les Comoriens. Il y a une grande communauté de Comoriens à La Réunion. Chacun a au moins un membre de sa famille ou une connaissance à La Réunion. Et ils espèrent tous que tu le connaisses ! En tout cas, ils retiennent très bien et n’hésiteront pas à te demander, en cas de voyage vers La Réunion, de ramener un petit colis pour « mon frère ».

Quels objets de La Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Marmite do riz, bocal piment gingembre-mangue et Pokka melon ! Ces objets me suivent tout le temps ! Le Pokka melon, je le bois goutte-à-goutte afin de le garder le plus longtemps possible…

Devant une Borne d’Apport Volontaire des déchets recyclables qui seront disposées dans les quartiers de Moroni

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Je suis en colocation avec une Réunionnaise qui est VSI à l’Office National du Tourisme des Comores. Avec les autres volontaires de La Réunion aux Comores, on se voit aussi régulièrement. La capitale n’est pas très grande, tous les expatriés se connaissent…

Quels sont vos projets ?

Je suis actuellement dans ma deuxième année de volontariat, avec France Volontaires… Pour l’instant, je ne sais pas quels seront mes projets. Pourquoi ne pas renouveler encore une année ? Ou alors me diriger vers une nouvelle destination ? L’avenir nous le dira !

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Ouverture d’esprit, capacité d’adaptation, facilité à entrer en contact avec les gens… C’est ce que m’a apporté l’expérience de la mobilité. Les gens que tu rencontres et les expériences que tu vis te font grandir, d’une certaine manière. Tu t’obliges aussi à développer ton sens du relationnel. Evidemment, si tu veux découvrir le pays dans lequel tu te trouves, rien de mieux que de discuter avec les locaux ! En tout cas la mobilité est une très belle expérience de vie. Aujourd’hui encore je remercie mes parents de m’avoir encouragé et soutenu dans mes choix.

Quels ont été les avantages / inconvénients de venir de la Réunion ?

L’avantage de venir de La Réunion, c’est qu’avec notre métissage, nous les Réunionnais, on se fond généralement dans la masse ! Du coup, partout où je vais, on me prend généralement pour une locale (sauf en Europe de l’Est bien sûr)… C’est très utile quand il faut aller négocier au marché ! En revanche, partout où je vais les gens ont besoin de toucher mes cheveux ou de les regarder avec insistance pour les comprendre. En Pologne, ça m’arrivait souvent. Et je déteste ça !

Stand de l’association 2Mains à la journée de l’Europe 2018

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Les repas du dimanche en famille, surtout quand je fais un appel vidéo et qu’ils sont tous chez mémé en me listant un à un les différents carry, gâteaux, que chacun a préparé et que j’aime tellement ! ça, c’est très dur !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Les différents dispositifs mis en place pour favoriser à la mobilité des étudiants et encourager les jeunes à se former sont géniaux et aident beaucoup d’étudiants. En revanche, rien n’est mis en place pour faciliter le retour des Réunionnais « au pays ». Tu es diplômé, tu veux rentrer travailler chez toi et bien souvent tu fais face au refus catégorique des entreprises, ou encore tu n’es pas valorisé à ta juste valeur. Et c’est bien dommage… De nos jours, c’est encore désespérant de voir qu’à compétences égales, « les candidats venant de l’extérieur » sont toujours favorisés face à un Réunionnais … Puis on s’étonne encore que les Réunionnais ne veulent plus rentrer.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Continuer à travailler dans mon domaine et voir que le fruit de mon travail est utile à la population. La Réunion c’est chez moi, quoiqu’il arrive je reviendrai un jour ou l’autre !


Voir : LES OFFRES DE MISSION FRANCE VOLONTAIRE DANS L’OCEAN INDIEN

Basé sur l’île, France Volontaires propose toute l’année des missions indemnisées de 12 à 24 mois en Afrique Australe et dans l’Océan Indien. Plus de 40 Volontaires de Solidarité Internationale originaires de La Réunion sont en permanence en mission dans des pays de la zone, en appui à des structures locales œuvrant pour la coopération régionale. Sur quels postes, dans quels pays et comment postuler ? Cliquez ici pour en savoir plus : De la Réunion, France Volontaires recrute toute l’année pour l’océan Indien

D’autres infos et portraits de Volontaires réunionnais dans l’océan Indien / La page Facebook

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