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Clément Marianne : « rentrer pour dynamiser la Réunion »

Publié le 22 octobre 2020

Après 10 ans d’études et expériences en France et à l’étranger, il rentre sur l’île avec un projet et en confiance. « On nous a habitué à entendre qu’il n’y a pas de travail à la Réunion... Moi, je suis convaincu qu’il y a plein de choses à faire et qu’on doit tout faire pour dynamiser notre île ! »


Pouvez-vous vous présenter ?

Clément Marianne, 31 ans, j’ai grandi à Saint Benoît. J’ai un diplôme d’ingénieur en sciences et technologies du numérique. Je travaille actuellement à Paris pour une entreprise de services numériques spécialisée dans le conseil en technologies innovantes. J’y occupe le poste de manager d’une équipe de consultants qui aident les entreprises du CAC40 à adopter et exploiter des technologies d’intelligence artificielle.

Dans quelles conditions avez-vous quitté l’île ?

J’ai quitté la Réunion suite à deux années de classe préparatoire au lycée Lislet Geoffroy pour suivre mon cursus d’ingénieur en Métropole. Je me souviens que quand j’ai posé le pied à Paris, j’ai eu le réflexe de regarder à l’horizon en espérant trouver la mer ; ça m’a pris un moment avant de réaliser que je ne risquais pas de la trouver à Paris… Une autre anecdote qui me vient à l’esprit est que les gens me parlaient en arabe dans le métro. Aux yeux des maghrébins je ressemble à un Marocain. Au début je l’ai mal pris car j’avais besoin d’affirmer mon identité en tant que Réunionnais. Par la suite, je me suis mis à répondre avec le sourire que je n’étais pas Marocain mais Réunionnais. J’expliquais où était la Réunion et pourquoi on pouvait ressembler physiquement à des gens de tous les horizons.

Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

La mobilité est une expérience incroyable car elle ouvre l’esprit, offre des opportunités extrêmement intéressantes et permet de voyager plus facilement. J’ai eu la chance de pouvoir voyager en Europe, aux Etats Unis, en Asie, en Amérique Latine, ... et honnêtement je ne sais pas si j’aurais pu faire tout ça en restant à la Réunion. La métropole m’a également permis de rencontrer ma femme. Il m’aura fallu venir à Paris pour la trouver alors qu’à la Réunion elle habite à 20 minutes de chez moi… destin quand tu nous tiens !


Professionnellement, j’ai eu l’occasion de faire beaucoup de choses et dans des domaines particulièrement intéressants, intervenir dans des grands groupes internationaux et me confronter à leurs problématiques, travailler avec des Indiens, des Danois, des Américains, ce parcours a été littéralement enrichissant !

Quel est votre regard sur l’endroit où vous vivez ?

Paris est une ville hyper dynamique, on ne s’ennuie jamais. Il y a toujours quelque chose de nouveau à faire et à découvrir. Culturellement, c’est très complet ! Après, je commence à avoir du mal avec le côté toujours pressant et pressé de la vie parisienne… J’arrive dans une phase où j’ai besoin d’un peu plus de calme au quotidien et où j’ai envie de prendre le temps de faire le choses sans être dans le “rush”.

Quels sont vos projets ?

Après dix années passées en métropole, nous avons décidé ma femme et moi de rentrer à la Réunion et de tenter une nouvelle aventure ! Je ressens qu’il y a un vrai changement en train de s’opérer à la Réunion, les choses évoluent très vite dans le bon sens. Je trouve que l’île est une vraie terre d’opportunités et particulièrement dans le monde du numérique qui se développe à vitesse grand V ! Beaucoup de structures et d’organismes favorisent et accompagnent l’entreprenariat à la Réunion et particulièrement dans ce domaine du digital.


En visio-conférence, prix spécial Numérique au concours de création des entreprises innovantes de la Réunion 2020 pour Gaspach.io. Le but : accompagner les entreprises réunionnaises dans l’automatisation grâce à des assistants numériques.


Cette année, j’ai tenté le concours de création des entreprises innovantes de la Réunion avec mon frère et nous avons eu la chance de gagner le prix du numérique. J’ai côtoyé des porteurs de projets qui avaient des idées vraiment innovantes et qui étaient habités par leurs projets. C’est un élément supplémentaire qui nous pousse à nous lancer dans l’aventure de l’entreprenariat et de tenter d’apporter notre pierre à l’édifice du développement économique de notre île. Nous avons donc décidé de tout quitter en métropole et de nous lancer pleinement dans cette aventure entrepreneuriale à partir de 2021. Nous allons aider les entreprises réunionnaise à se digitaliser et l’aventure promet d’être passionnante !

Est-ce que vous rentrez avec confiance ?

On nous a tellement habitué à entendre qu’il n’y a pas de travail à la Réunion qu’on a fini par en faire une vérité générale. Moi je suis convaincu qu’il y a plein de choses à faire et qu’on doit tout faire pour dynamiser notre île ! Nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve mais un, ça sera une expérience enrichissante quoiqu’il arrive et deux, “pa kapab lé mort san eséyé”.


Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Se lever avec ou sans soleil, ça a clairement un impact sur le moral. En numéro un je dirais donc le soleil et ensuite les fêtes familiales, les paysage magnifiques, la mer, le massalé cabri… Malgré la vie parisienne, il y a toujours quelque chose qui manque et qui fait qu’on finit toujours par retourner se ressourcer pour les fêtes de fin d’année ou sur un coup de tête après un coup de blues. La famille, le soleil, la nature, la cuisine, on a beau dire, on ne retrouve pas tout ça exactement pareil ailleurs !

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Un peu cliché pour un Bénédictin mais je ne me déplace jamais sans ma barquette de bouchons Pichan ! Aujourd’hui j’en ai toujours un stock dans mon congélateur pour passer l’hiver, bientôt je n’aurai plus qu’à prendre ma voiture et aller chercher le produit à la source !


Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Mes amis de plus longue date sont réunionnais, tout comme ma femme. J’ai aussi rencontré beaucoup de Réunionnais en Métropole. Il y a un esprit de solidarité et une envie de se retrouver qui restent très présents. Pour moi le fait de venir de la Réunion n’a jamais été un inconvénient mais toujours un avantage, sincèrement. Dans tous les voyages que j’ai pu faire, j’ai toujours eu le sentiment de m’adapter facilement car dans toutes les cultures, il y a toujours au moins un point commun avec notre culture réunionnaise. Ca permet de créer des liens avec les gens assez naturellement.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

A Paris la gens connaissent bien la Réunion maintenant. Quand je dis que je suis réunionnais les gens me citent toujours de bons souvenirs qu’ils ont de leur séjour ou alors ils me disent qu’on ne leur en a dit que du bien et franchement, ça fait plaisir à entendre !


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