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Comment la Corée a contenu le virus – témoignage

Publié le 4 novembre 2020

Système d’alerte sur mobile, production locale de masques, tests… Anthony Payet, ingénieur chez Samsung Electronics, livre son regard d’expatrié sur la gestion de la crise Coronavirus au Pays des matins calme et souligne le sens du collectif des Coréens.


Pouvez-vous vous présenter ?

Anthony Payet, 30 ans. Je suis originaire des Trois-Mares, Tampon. J’ai fait une classe prépa à la Réunion, puis j’ai continué mon chemin vers une école d’ingénieur en métropole. A la fin de ce cursus, j’ai poussé les études afin d’obtenir un doctorat en microélectronique. Ce dernier m’a permis d’être embauché chez Samsung Electronics en Corée du Sud.

Quelle est la situation de l’épidémie de Covid-19 en Corée du Sud en novembre 2020 ?

En Corée du Sud, le virus est bien contenu. Il n’y a jamais eu de confinement, mais divers degrés de restrictions (bars, restaurants, écoles, ...) selon la sévérité de l’épidémie. Il y a eu pour le moment deux pics de contagions, un au départ en février et le dernier en août.


Quelles sont les mesures prises par les autorités pour contrer l’épidémie ?

Selon (entre autres) le nombre de contagion par jour, le gouvernement coréen augmente ou baisse un niveau d’alerte national. Au programme : ouverture/fermeture des classes en présentiel ou à distance, fermeture des bars/restaurants, fermeture des lieux de culte, interdiction de grands rassemblements et rassemblements familiaux, obligation de masque dans les transports en commun. Toutes ces restrictions sont plus ou moins assouplies selon le niveau épidémique. Ils faut ajouter que les Coréens sont travailleurs et rapides dans l’implémentation de nouvelles mesures. Ils ont le sens de l’harmonie sociale, ce qui explique que les règles ont été plutôt bien respectées.

Quelles comparaisons faîtes-vous sur la manière de gérer la crise en Corée du Sud et en France ?

D’après ce que je ressens, la Corée du Sud semble avoir une ligne de conduite plus définie qu’en France par rapport au virus. L’un des grief contre le gouvernement français a été des mesures floues et trop souvent changeantes. Ici les consignes ont été plus claires dès le départ et plus respectées aussi. De plus, en Corée du Sud, les masques (chirurgicaux ou FFPx) sont produits localement, il n’y a presque pas eu de manque de masques.


Un autre point est, je pense, la transparence des cas détectés et le suivi des cas pour alerter la population. Ici, nous recevons très souvent des messages d’alerte lorsqu’un cluster a été détecté. Cela permet aux personnes potentiellement atteintes (cas contact) de se faire tester afin d’éviter toute propagation du virus. Enfin, la mise en place de stations de test partout en Corée du Sud fut plutôt rapide, et le nombre de tests réalisés par jour est conséquent.

Comment êtes-vous personnellement affecté par cette crise ?

L’épidémie ne m’a pas beaucoup affecté au jour le jour. Mon travail ne me permet pas de faire du télétravail, donc cette partie n’a pas changé. Plus de 50 000 personnes travaillent dans le campus où je me trouve. Le fermer coûterait une fortune. Des mesures de sécurité supplémentaires ont bien sur été mises en place, pour éviter que le lieu de travail ne devienne un cluster. Il des distributions de masques régulières, des gel hydroalcoolique, et la cantine a été réaménagée avec des cloisons entre chaque personne. Les salles de sport ont été fermées, faire du sport est devenu plus compliqué ! Enfin, et chose plus importante, l’entrée en Corée du Sud demande de faire une quartorzaine obligatoire, ce qui m’empêche complètement de voyager hors Corée du Sud.

Constatez-vous que votre entourage / le pays est inquiet ?

Le pays ne me semble pas plus inquiet que d’habitude. Certes au départ de la pandémie, les Coréens étaient inquiets et assez en colère du fait des restrictions de voyage adoptées très rapidement contre la Corée du Sud. Mais maintenant, c’est malheureusement devenu la routine.

Est-ce que vous suivez l’état d’avancement de la situation à la Réunion ?

Oui bien sûr ! Il y a eu un effet tampon du fait de l’éloignement géographique de la Réunion, mais malheureusement le virus est quand même parvenu dans l’île. Cela semble s’être en grande partie calmé. En espérant qu’une deuxième vague n’arrive pas. Il faut espérer que les voyageurs respectent bien une septaine et se fassent dépister !

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