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Coronavirus aux Etats-Unis : une Réunionnaise témoigne

Publié le 26 mars 2020

Chercheuse en médecine à Baltimore, Méry Marimoutou compare la situation et les mesures des autorités américaines avec la situation dans son pays d’origine. « Mes amis américains pensent que les Français et les Européens font mieux que nous ici où les gens continuent de sortir, notamment à New-York. Beaucoup sont plus inquiets de perdre leur travail que d’avoir le virus... »


Pouvez-vous vous présenter ?

Méry Marimoutou, 34 ans, originaire de Saint-Benoit. Mon père était artisan garagiste et ma mère était femme au foyer. J’ai obtenu mon doctorat de biochimie / biologie cellulaire à l’université de La Réunion, comme mes autres diplômes. Après un poste de trois ans au National Institute of Health (NIH) à DC, je travaille en tant que chercheur postdoctoral à l’Université Johns Hopkins de Baltimore depuis un an. J’habite à Washington DC depuis quatre ans.

Quelle est la situation de l’épidémie Coronavirus aux Etats-Unis ?

La situation n’est pas très bonne. New-York est le premier foyer de l’épidémie. Le nombre de cas continue à augmenter, notamment dans les états du Maryland, de Washington DC et en Virginie.

Quelles sont les mesures prises par les autorités pour contrer l’épidémie ?

Les écoles, crèches, lycées et universités sont fermés. Pratiquement tous les commerces à l’exception des supermarchés et pharmacies sont fermés. Ces derniers ferment aussi plus tôt. Tous les évènements et festivités sont annulés, comme par exemple le « cherry blossom » qui attire un million de personnes chaque année. L’accès aux routes est limité pour éviter qu’il y ait trop de monde réuni au même endroit. Concernant le travail, il est préconisé de travailler chez soi. Pour ma part, les labos sont fermés et ne sont accessibles que par certaines personnes.


En quoi sont-elles différentes des mesures prises en France ?

On n’a pas besoin d’attestation pour sortir et on n’a pas d’amende non plus. Dans mon quartier, les gens sortent principalement pour faire des courses. Mais on voit aussi beaucoup de gens qui font des randonnées et des ballades.

Comment êtes-vous personnellement affecté par cette crise ?

Je travaille à la maison autant que je peux, et je vais au labo une a deux fois par semaine puisque je fais partie du personnel critique de mon service. Mais tout est au ralenti. Au niveau personnel, il a fallu annuler beaucoup d’évènements, de week-ends organisés, et stopper les activités. C’est un réajustement. On se doit de rester chez autant que l’on peut chez soi.

Constatez-vous que votre entourage est inquiet ?

On est inquiet mais on ne panique pas. Mon entourage est conscient et se résigne à ne pas sortir. Je pense que certains sont plus inquiets de perdre leur travail que d’avoir le virus ! Nous avons des amis qui ont déjà perdu leur emploi ou qui savent qu’ils ne vont pas travailler pendant trois mois. Cela veut dire ici : ne pas être rémunéré pendant trois mois… On ne sait pas comment cela va évoluer. On est inquiet pour la suite.


Quel est le regard sur la situation en France et en Europe vu des Etats-Unis ?

Mes amis américains pensent que les Français et les Européens font mieux que nous ici où les gens continuent de sortir, notamment à New-York. Ils pensent que les Européens suivent plus les recommandations de confinement.

Est-ce que vous suivez l’état d’avancement de la situation à la Réunion ?

Oui, je suis assez inquiète pour ma famille et plus spécialement pour mes parents sont âgés et qui ont déjà été touchés par le chikungunya. Je pense que le fait d’être une île ne joue pas en notre faveur malheureusement et qu’il faut faire encore plus attention.

Vous qui avez connu la crise du chikungunya, comment la comparez-vous à la crise actuelle ?

Ce sont deux situations très différentes. La transmission se faisait par moustique et dans le cas présent, elle se fait d’humain à humain. Les symptômes ainsi que les mesures prises pour enrayer le virus (distanciation sociale) sont aussi très différentes. Ma famille a beaucoup souffert du chikungunya. Ici, je ne connais encore personne qui a eu le virus. Je ne compare pas les deux situations.


Lire aussi : www.reunionnaisdumonde.com/magazine/portraits-interviews/mery-marimoutou-post-doctorante-a-washington / Voir le profil de Méry Marimoutou / Le mot clé Etats-Unis

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