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David Virassamy et son jardin près de Dinan

Publié le 13 juillet 2022

Bénéficiant d’un microclimat unique dans cette partie de la Bretagne, il multiplie les expériences pour faire pousser des plantes de la Réunion : piment, mangue, bibace, vanille, cœur de bœuf… Il nous fait visiter son jardin des Côtes d’Armor.

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Pouvez-vous vous présenter ?

David Virassamy, 49 ans, originaire de Saint-Leu. Je suis arrivé en Métropole en 1995 par le biais du Cnarm. J’ai fait une formation de cuisine et de pâtisserie à Béziers où je suis resté plusieurs années avec ma compagne et mon premier fils. Nous avons déménagé à Cahors, puis nous sommes revenus à Béziers. Trois ans plus tard, nous sommes allés à Lanslevillard, une station de ski à la frontière italienne. Pendant six ans, j’ai « fait les saisons » de sports d’hiver dans les restaurants savoyards jusqu’à ce qu’on déménage en Bretagne, à Dinan. Il y a deux ans, j’ai acheté une maison à Saint-Samson sur Rance dans les Côtes d’Armor.


Je travaille pour le Département des Côtes d’Armor comme cuisinier et agent technique territorial, mais je suis également artiste peintre, illustrateur, auteur littéraire et membre de l’Académie française des Arts, des Sciences et des Lettres. Je serai récompensé de mon travail artistique et littéraire par l’Académie française le 16 octobre à Paris. Une grande cérémonie aura lieu à l’hôtel Intercontinental Paris le Grand dès 16h, avec environ 500 personnes, suivie d’un dîner vers 20h. 


Mon jardin

Quand j’ai acheté cette maison, il y avait de la pelouse dans toute la cour et quatre arbres fruitiers (trois cerisiers et un poirier). Comme je suis assez proche de la nature, j’ai voulu construire un jardin dans lequel je pouvais me sentir bien, en harmonie avec l’environnement qui m’entoure. J’ai créé un côté potager, protégé du vent par une bâche. Ma maison se situe entre la mer et la Rance (un fleuve). Cette région bénéficie d’un microclimat, ce qui fait que l’impossible devient possible !* En hiver, elle est moins touchée par la baisse des températures et en été, nous subissons moins la chaleur. Ce qui favorise la croissance de mes plantes...


La terre de mon jardin est naturellement riche, elle n’a pas été travaillée car il y avait de la pelouse dessus, qui a abrité et protégé la vie dans la terre à plusieurs niveaux. C’est essentiel de ne pas trop travailler la terre, de la retourner par exemple. Mon potager se trouve à l’arrière de la maison, très peu visible par les passants. J’ai laissé la pelouse sur le côté gauche et c’est du côté droit de la maison que j’ai créé mon jardin fleuri, où se mêlent arbres ornementaux, plantes vivaces, plantes à baies, plantes grasses et diverses fleurs. 


Plantes et arbres fruitiers exotiques

C’est lorsque j’habitais à Plouër sur Rance que j’ai commencé mes expériences. Je suis allé au Grand Frais de Dinard, un supermarché où l’on peut trouver des fruits exotiques et diverses plantes venant de la Réunion et d’ailleurs. J’y achète parfois des brèdes, des chouchous, des fruits de saison, des patates douces, des maniocs... C’est là que j’ai eu l’idée de planter des graines de letchis, de longanis, de cœur de bœuf, de papayes, des noyaux de mangues... J’ai eu des pousses, mais hormis le cœur de bœuf, aucune plante n’a survécu à l’hiver, même en intérieur. 


Mon cœur de bœuf a trois ans et demi. En cette fin d’hiver, je l’ai mis en extérieur. Il a subi le gel, perdu ses feuilles mais a bourgeonné de nouveau. Il s’acclimate progressivement et mesure près de 2m50. La question est : donnera-t-il des fruits un jour ? Pour la première fois, j’ai un manguier qui a résisté à l’hiver. J’ai aussi du curcuma de la Réunion dans un pot et deux vanilliers à l’intérieur de la maison. J’ai ramené des boutures de la Réunion en 2020. Il y en a un qui ne cesse de s’étaler.


A l’automne 2021, j’ai construit une serre sous l’escalier et le balcon, qui est à l’abri du vent du Nord et de l’Est. J’ai planté un fruit de la passion ; il a poussé, s’était développé dans la serre et a résisté à l’hiver. Au printemps, j’étais ravi et persuadé qu’il allait donner des fleurs, puis des fruits. Sauf qu’en déplaçant le pot, les racines de la plante ont bougé et la plante est morte.


J’ai acheté dans une pépinière de Nantes deux goyaviers, exactement comme ceux de la Réunion (PSIDIUM cattleianum​Goyavier de Chine, Goyavier de Cattley, Goyavier fraise, Goyavier cerise). Ils sont en fleurs et les fleurs se transforment petit à petit en fruits. J’ai acheté trois goyaviers du Brésil (feijoa) auto fertiles, dont deux variétés différentes. J’ai un néflier du Japon ((Eriobotrya japonica) ou bibassier du Japon). À la Réunion, on appelle les fruits bibaces. 


L’année dernière j’ai planté de la citronnelle de la Réunion et des pieds de piments. Ce fut un succès, j’en avais tellement que j’ai dû partager avec les gens. Cette année, j’ai laissé les plants de coriandre envahir mon potager (les graines sont tombées, je ne les ai pas ramassées), ils ont étouffé les autres plantes. Donc pour l’instant, les plants de piments, d’aubergines, de poivrons, de tomates... restent petits. 


Avec mes légumes, je ai fait des quiches, des ratatouilles, des légumes sautés... Mais dans l’ensemble, j’ai beaucoup distribué, surtout des courgettes. Avec huit pieds, j’en ai récolté plusieurs dizaines de kilos. Trop pour nous ! Les voisins éloignés s’arrêtent pour me parler et me féliciter pour le changement radical depuis mon arrivée, ce que j’ai apporté au jardin. C’est très agréable de discuter de plantes avec les voisins des alentours et avec des personnes que je ne connais pas. 


J’agrandis mon jardin année après année. J’ai aussi un projet de construction d’un bassin l’année prochaine. J’y mettrai trois poissons. La nature s’invitera ensuite d’elle-même car c’est sûr que les grenouilles viendront en faire leur demeure. J’ai trois crapauds qui étaient là avant mon arrivé, je les laisse faire leur vie ; ils sont utiles pour le jardin, car ils mangent les limaces et divers insectes. Ainsi, j’ai très peu de fraises qui sont mangées par les limaces. 


+ d’infos sur http://recitart.canalblog.com et le groupe Zot jardin 974 en métropole et ailleurs
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Fleurs et rosiers

J’ai huit rosiers dont une variété la floraison est exceptionnelle (Christian Tetedoie). J’ai fait en sorte à ce que mes rosiers côtoient les autres fleurs et des clématites. J’en possède onze. Des rosiers seuls dans un jardin manquent de charme, pour moi il est primordial de les associer à d’autres plantes, le résultat est incontestable. Au-devant de la maison, des hortensias font office de haie. Mêlées à d’autres variétés de fleurs, la beauté du jardin prend de l’ampleur.


J’ai des plantes aromatiques, deux coquerets du Pérou, un casseille josta, un framboisier jaune Goodasgold, un camérisier lonicera Altaj’ (Chèvrefeuille baie de Mai), un cranberry Pillgri n d’Irlande… La plupart de mes tomates sont des tomates anciennes (noire de Crimée, côtelée ananas, ananas noirs, Buffalopink...)

Arbres ornementaux et autres…

J’ai aussi trois érables du Japon, un arbre de Judée (cercis siliquastrum), un lilas des Indes (lagerstroemia), un leptospermum (communément appelé arbre à thé de Nouvelle-Zélande), un cognassier du Japon (chaenomeles), un arbre à papillons (buddleja miss Pearl), un camélia du Japon, plusieurs azalées du Japon, deux magnolias (un blanc et un pourpre), deux rhododendrons, un genista Porlock, deux Rince-bouteilles (callistemon), un forsythia ... 


J’ai plusieurs arbres fruitiers, mais qui sont originaires de France : un figuier noir de Bellone, un kaki Diospyros, un pommier Braeburn, un pommier Elstar, un pommier rosette (l’intérieur, la chair est rouge), un nectarine nain Sweet Lady, un chasselas blanc (raisins), un prunier nain (Black Amber). J’ai un kaki lotus qui provient de Turquie, dont les fruits sont plus petits que le kaki commun mais plus sucrés. Trois arbres fruitiers nains sont morts cet hiver, j’aurais dû attendre le printemps pour les planter. On apprend de nos erreurs. 


* J’habite à un peu moins de 15 min de la mer, Dinard est la ville balnéaire la plus proche. J’habite également près de la Rance, un fleuve dont l’embouchure se trouve entre Dinard et Saint-Malo. Ce qui est intéressant, c’est que notre région bénéficie d’un micro climat, de Brest jusqu’à Cancale.


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