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Davy Técher : un film d’animation péi (spécial retour)

Publié le 2 novembre 2021

« Nous pouvons limiter le phénomène d’exil et créer des emplois sur l’île en y localisant des projets comme Zéléman. » Fondateur et cogérant de la société de production audiovisuelle Rouggail Production, Davy Técher en est persuadé. Alors que dans le domaine de l’animation, la grande majorité des talents quittent la Réunion et leurs attaches familiales pour pouvoir travailler et vivre de leur passion, il a décidé de produire et réaliser un long métrage d’animation sur l’île. Interview "Spécial Retour" et présentation du projet "Zéléman".


Pouvez-vous vous présenter ?

Davy Técher, 37 ans. Je suis fondateur et cogérant de la société de production audiovisuelle Rouggail Production, troisième vice-président du Syndicat de la Filière Audiovisuelle et de l’Image Animée de l’Île de La Réunion. Je suis né dans l’Hexagone ; ma scolarité et mon parcours ont été faits de plusieurs aller-retours entre Dreux et Saint-Denis à la Réunion. Diplômé d’un Deug en Infographie et métiers de l’image et son, d’une Licence MAAJIC, de l’ILOI au Port, j’ai eu pas mal d’expériences professionnelles : en laboratoire pharmaceutique, en tant que caissier, assistant parfumeur, dessinateur, photographe, vendeur... En 2014, j’ai décroché un poste de réalisateur producteur à la SBC aux Seychelles. Pour finir, je suis revenu définitivement à la Réunion pour tenter de réaliser mon rêve : faire du dessin animé réunionnais.

Vous qui avez plusieurs fois fait l’aller-retour, racontez-nous un de vos retours à Gillot.

J’avais 19 ans et mon île me manquait. Alors j’ai démissionné d’un poste d’assistant parfumeur à Argenteuil et quinze jours plus tard, j’atterrissais à La Réunion. Je me souviens avoir été émerveillé par les flamboyants et les montagnes en arrière-plan. Là où, en France il fallait faire des kilomètres pour voir la montagne ou la mer, ici tout étaient à portée de mains ou plutôt de pieds.

Avez-vous rencontré des difficultés à vous réinstaller ?

La première difficulté a été de passer inaperçu… Toutes les personnes avec qui je parlais me disaient : "ou sort’ la Frans’ ou". Tout me différenciait : les vêtements, le parler (très francisé), l’attitude... La seconde difficulté a été de trouver un travail dans mon domaine d’études de l’époque, la parfumerie et les laboratoires pharmaceutiques, quasi inexistants sur l’île. Au bout d’un certain temps, je suis devenu caissier / hôte d’accueil, en attendant de trouver ce que je voudrais faire par la suite. Progressivement, il m’est apparu qu’il me fallait créer mon activité, plutôt qu’attendre quelque chose du marché du travail. Un conseil : si trouver du travail devient difficile, faites-vous votre propre place et créez votre emploi !

Avec le recul, quel bilan tirez-vous de votre expérience de mobilité ?

Il est sûr que partir nous fait grandir, ouvre notre esprit, découvrir ce que nous n’avons pas mais aussi ce que nous perdons en quittant l’île. La mobilité m’a aidé à comprendre ce qui était cher à mon coeur et la place que notre culture occupe dans nos vies. Aujourd’hui, ma plus grande satisfaction est d’enfin être là, koz kréol, trouver les ingrédients pour la cuisine (comme du boucané, zandouille...).


Ce qui m’a le plus frappé à la Réunion, c’est le métissage et les différentes cultures qui vivent ensemble. Là où j’étais, c’était souvent « les Français » d’un côté, et les « personnes de couleurs » de l’autre. Ici, on a une culture qui nous rassemble. Malheureusement, j’ai l’impression que la Réunion est en train de perdre son identité. Au fil de mes retours, j’ai aussi vu pousser les immeubles, les constructions, les centres de consommation sur l’île...

Aujourd’hui quels sont vos projets ?  

En rentrant sur l’île, je souhaitais avant tout vivre pleinement ma culture réunionnaise. Aujourd’hui mon but est de faire connaître notre culture le plus loin qu’il sera possible d’aller et rendre fier les Réunionnais d’être ce qu’ils sont... en utilisant l’audiovisuel comme support. La société que je co-gère, Rouggail Production, est créative aussi bien en courts métrages, séries et documentaires, mais c’est avec l’animation 2D semi-traditionnelle que nous avons choisi de nous lancer dans le long métrage : Zéléman, film d’animation 100 % local, devrait voir le jour d’ici 2023. Le film a pour décor les paysages de La Réunion. Le pitch ? Cinq jeunes réunionnais unissent leurs forces pour vaincre le mal et rétablir l’écosystème de l’île…

Qui travaille sur ce projet ?

Dans le domaine de l’animation, la grande majorité des talents quittent l’île et leurs attaches familiales pour pouvoir travailler et vivre de leur passion. Nous pouvons limiter ce phénomène d’exil et créer des emplois sur l’île en y localisant des projets comme Zéléman. La production a décidé de réunir une équipe 100 % locale. Jean-Luc Trulès sera en charge de la réalisation musicale et des personnalités locales à l’image de Kaf Malbar, Maroni, Mathieu Dafreville ou encore Emmanuelle Ivara, prêteront leur voix aux personnages du film.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Nous nous lançons dans la réalisation d’une maquette de 20 minutes dans un premier temps. Pour cela nous avons pu obtenir le soutien financier de l’organisme d’état gérant les subventions destinées aux productions audiovisuelles à hauteur de 44 000 euros. Cela représente un beau soutien, et prouve qu’aux yeux de nos confrères et des institutions, notre projet est crédible et réalisable. L’équipe de production a lancé une campagne de financement participative en ligne afin de finaliser le trailer. En cas de réussite de cette campagne, nous prévoyons de commencer la production en décembre 2021.


Le lien vers la campagne de financement participatif : www.kickstarter.com/projects/rouggailproduction/zeleman-film-danimation-reunionnais / www.facebook.com/rouggailproduction/


Tout commence à l’Île de La Réunion, il y a bien longtemps. Sur cette île vivaient cinq esprits, représentant les éléments : le feu par l’intermédiaire du volcan, l’eau, les végétaux, l’air et la terre. Cependant un démon les maltraitait et régnait en maître absolu sur cette île. Un jour, les esprits décidèrent de s’unir pour l’arrêter et l’enfermer. Quelques siècles plus tard, à notre époque, leur influence s’est affaiblie à cause de l’Homme ; tandis que celle du démon s’est renforcée, malgré sa prison. C’est alors que cinq jeunes Réunionnais sont choisis par les esprits pour se battre contre le mal et ainsi rétablir l’écosystème de leur île.

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