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Elvire Teza, la reconversion réussie d’une gymnaste de haut niveau

Publié le 31 mai 2017

C’est un album photo à feuilleter... Des bancs de l’école à Saint-André aux Jeux Olympiques d’Atlanta et de Sydney, elle a inscrit son nom dans l’histoire de la gymnastique artistique avec un mouvement à la poutre qui porte son nom : le Teza. L’ex gymnaste de 36 ans est devenue professeur de Sport, conseillère technique nationale et entraîneur au Pôle France de Marseille, où elle vit avec son conjoint et sa fille de cinq ans.

De l’école Lacaussade aux JO...

Racontez-nous votre parcours.

Née à Sainte Clotilde, j’ai grandi à Bras-Panon où ma famille, mère, frère et soeur, habitent toujours. Je suis allée à l’école à Saint André (primaire Lacaussade / Collège J. Bédier). Mon père était Professeur des Ecoles, à Dioré. A son décès, la mairie a décidé de donner son nom à l’école, l’école Marius Teza. Ma mère est assistante familiale.

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter la Réunion ?

En 1992 (j’avais 11 ans), j’ai quitté l’ile pour venir m’entraîner dans une structure de haut niveau à Marseille. J’ai été la première fille réunionnaise à tenter cette expérience. Vu mon jeune âge et l’éloignement, les responsables du pôle de Marseille ont fait le déplacement jusqu’à la Réunion pour convaincre mes parents. J’ai vécu en famille d’accueil pendant deux ans, puis chez mes entraîneurs chinois jusqu’à la fin de ma carrière. Je rentrais deux fois par an dans ma famille...


Quels souvenirs gardez-vous de vos débuts ?

Il a fallu s’adapter au climat. J’ai eu tout de même de la chance d’arriver à Marseille, j’avais au moins la mer... L’éloignement a aussi beaucoup pesé au début, mais mes journées étaient tellement chargées que je ne voyais pas le temps passer. Au niveau scolaire, j’avais un niveau général plus élevé que les autres de mon collège. Globalement, j’ai développé une capacité d’adaptation qui m’aide encore aujourd’hui, notamment au niveau professionnel. 

Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre palmarès ?

J’ai trois titre de championne de France au concours général, deux participations aux Jeux Olympiques (Atlanta 1996, Sydney 2000) et plus de vingt sélections en équipe de France. Je suis la première Française à accéder à une finale olympique en gymnastique artistique féminine. Trois éléments portent mon nom dans le code de pointage de cette discipline.

Coordonnatrice pôle France de Marseille

Qu’avez-vous fait lorsque votre carrière sportive s’est achevée ?

Je suis devenue professeur de Sport (Ministère des Sports) en 2005 et Conseillère Technique Nationale auprès de la Fédération Française de Gymnastique jusqu’à octobre 2016. Ma mission : entraîner et coordonner le pôle France / espoir de Marseille. Depuis fin 2016, je suis Conseillère d’Animation Sportive au sein de la Direction Régionale et Départementale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale en PACA. Je coordonne le dispositif Sésame qui aide à la formation des jeunes de 16 à 25 ans, issus des Quartiers Politique de la Ville ou des Zones de Revitalisation Rurale, ayant un projet d’insertion professionnelle dans les métiers du Sports ou de l’Animation. J’accompagne les ligues sportives dans leurs demandes de subventions.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez ?

Marseille est une belle ville. Cela fait maintenant 25 ans que j’y habite. J’ai la chance de résider dans les quartiers sud de la ville, qui sont à l’opposé de l’image que les médias véhiculent sur Marseille. Après, il ne faut pas se voiler la face, il y aussi les tours, les cités et la pauvreté grandissante. Mais le quartier où nous habitons, avec mon conjoint et ma fille de cinq ans, est privilégié. Nous avons la chance d’avoir un climat agréable en Provence, même si le mistral souffle fort... Mon conjoint, Kévin Sautron, a grandi en Bretagne d’un père réunionnais. Il est éducateur à la Protection Judiciaire de La Jeunesse (ministère de la Justice).

Quels sont vos projets ?

J’ai déjà amorcé un changement de cap au niveau de ma carrière pro, en quittant l’entraînement de haut niveau et en m’orientant vers un poste plus administratif. Ma famille et la douceur de vivre de la Réunion me manquent. Ici, nous courrons toute la journée et ne prenons pas forcément le temps de nous poser. Je voudrais que ma fille connaisse ses "racines". Et j’espère maintenant pouvoir contribuer à l’accompagnement les jeunes Réunionnais, avec les compétences que j’ai pu acquérir dans mon parcours en métropole.

Marseille sur la corniche Kennedy

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Il est difficile d’avoir un avis en étant loin. Mais je suis consciente des difficultés que rencontre la jeunesse réunionnaise, notamment en ce qui concerne l’accès à l’emploi. L’accompagnement dans les parcours de formation est une bonne piste car l’embauche est fortement liée au niveau de qualification. Mon avis est que la mobilité en métropole peut être une bonne expérience si par la suite les jeunes Réunionnais ont la possibilité de revenir exercer et contribuer au développement de l’île.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

A époque, j’avais ramené des photos de mes proches. Désormais lorsque je rentre de vacances, les valises sont pleines de fruits, de bouchons, de saucisses...

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Biographie

Elvire Teza commence dans le club de la JSB de Saint Benoit (Réunion) puis s’entraîne à Marseille avec les entraîneurs Shi Mao, Lin Xuan et Ma Jun. À l’âge de treize ans, elle participe à sa première compétition internationale aux championnats d’Europe juniors et remporte deux médailles de bronze. Elle participe durant sa carrière aux Jeux olympiques de 1996 et 2000 et devient championne de France de sa discipline en 1997 et 2000. Elvire Teza a inventé de nouvelles figures et pour cela laissé son nom à de multiples reprises dans le code de pointage. La plus connue, le « Teza », est une figure acrobatique à la poutre : vrille complète en position transversale enchainée sur un tour d’appui.

JO d’Atlanta 1996 : Village Olympique en tenue officielle
JO Sydney 2000
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