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Emilie Louis : vie d’une famille réunionnaise en Guadeloupe

Publié le 21 septembre 2020

Situation locale, points communs, différences… Elle qui a dû donner naissance en plein Covid fait le point sur quatre ans de vie en famille aux Antilles. A 35 ans, Émilie Louis est arrivée de la Réunion avec compagnon et enfant en 2016. Elle occupe un poste d’assistante administrative au sein de l’agence d’emploi Fidérim à Baie-Mahault. Portrait.


Racontez-nous votre parcours.

Après un bac ES au lycée polyvalent de Bellepierre (sans vraiment savoir vers quoi m’orienter), j’ai décidé de compléter mes études par une formation professionnelle dans le domaine du tourisme au Centhor. J’ai pu ainsi occuper divers postes dans un secteur d’activité qui selon les périodes est saturé. De là, j’ai décidé de me réorienter…

Qu’avez-vous fait ?

Mon compagnon a eu une opportunité professionnelle, ici en Guadeloupe. Après réflexion, j’ai décidé de le rejoindre. J’ai vu là une occasion de voir autre chose et de me reconvertir professionnellement. Arrivée sur le département en octobre 2016, j’ai rapidement eu l’occasion de travailler, même pour de courtes périodes, avant d’intégrer Fidérim en qualité d’assistante d’agence. D’abord en période de mise en situation, puis en formation préalable au recrutement, après trois mois j’ai pu signer mon CDI... et à moi le monde des ressources humaines !


Quelle est la situation de l’épidémie Coronavirus en Guadeloupe ?

La situation était très stable jusqu’à l’apparition d’un foyer en juillet. Un mois plus tard, la Guadeloupe était une zone de circulation active et classée zone rouge. L’accès aux tests PCR relève du parcours du combattant, comme c’est actuellement le cas en métropole. Centralisés sur certains sites, les files d’attentes sont très très longues. La rentrée scolaire a toutefois eu lieu normalement suivant les recommandations ministérielles. Mais les problèmes d’approvisionnement en eau a provoqué la fermeture de nombreux établissements. Cette situation présente sur plusieurs communes est un réel problème et encore plus en cette période. En Guadeloupe, la situation sanitaire s’ajoute en effet aux problèmes d’eau et aux défaillances du système de santé que rencontre le département. Cela rend certaines décisions ou protocoles difficilement applicables, ce qui provoque beaucoup d’incompréhension et de colère chez certains.

Comment êtes-vous personnellement affecté par cette crise ?

Pour moi la crise est arrivée à un moment particulier. En effet, j’apprenais m’a grossesse en début d’année… j’ai donc été très anxieuse. Avec l’annulation de certain rendez-vous médicaux dès le début du confinement, les différents protocoles mis en place au sein de l’agence, la possibilité offerte par mon employeur de pouvoir télétravailler m’a vraiment apaisée. J’ai alterné les périodes de travail en présentiel, en télétravail, mais j’ai également dû observer des périodes de chômage partiel comme l’ensemble de mes collègues, jusqu’au début de mon congés maternité.


Comment s’est passée votre grossesse en plein Covid ?

Nous vivons en Guadeloupe mais nos deux familles sont à la Réunion… En vue de mon accouchement en août dernier, les "mamies" ont fait le déplacement (nous n’aurions pas pris de risque si la situation était plus grave à ce moment là !) Pour l’accouchement fin août, nous étions sur un protocole strict en clinique : présence de mon compagnon uniquement pour l’accouchement, pas de visites…

Comment la population réagit-elle à la situation sanitaire ?

Nous habitons un quartier plutôt isolé où on ne ressent pas d’impact aujourd’hui. Les gestes barrières sont respectés dans les commerces de proximité et même au sein de notre résidence. Mais nous avons aussi dans notre cercle de connaissances : personnel soignant, parents, enfants, personnes qui doivent voyager pour le travail… Alors chacun se responsabilise.


Plus généralement, quel est votre regard sur la région où vous vivez ?

La Guadeloupe est magnifique et mérite d’être préservée. Sa population, locale et expatriée, a en commun l’amour de sa région, l’entraide, le souhait de la porter et de lui faire honneur dans le respect des valeurs et traditions. Il y a des problèmes d’infrastructures de réseaux (bus, eau potable) et les problèmes communs aux régions ultramarines : vie chère, octroi de mer…

Et ses habitants ?

En Guadeloupe, la première chose qui m’a marquée c’est que l’on se tutoie plus facilement, sans pour autant que cela soit pris pour un manque de respect. Les Guadeloupéens sont festifs, la joie de vivre sauce caribéenne. Cela se constate lors de la période de carnaval qui va du premier dimanche de l’année au mercredi des cendres. On a l’impression d’être au carnaval de Rio tous les week-ends !Comme à La Réunion, ici on aime la bonne cuisine et les spécialités locales : Dombré, Bokit, Kassav, Lambi, etc. Enfin, j’ai l’impression que les Guadeloupéens connaissent plus l’histoire de leur île que les Réunionnais.

Quels sont les points de ressemblances et de différences entre la Guadeloupe et la Réunion ?

Ceux qui connaissent la Réunion d’avant et qui ont eu l’occasion de venir ici nous disent que la Guadeloupe ressemble à la Réunion d’il y a 20 ans : population moins dense (moitié moins d’habitants), vastes espaces, peu d’immeubles. La Guadeloupe, ce n’est pas qu’une île mais un ensemble d’îles - la Desirade, Marie-Galante, les Saintes, etc.) visibles à l’œil nu et que l’on peut visiter facilement après une traversée en ferry. "Karukera", "l’île aux belles eaux", nous offre des plages magnifiques où les gens n’ont pas peur de se baigner car on ne parle pas de risque requin. Les loisirs nautiques sont facilement accessibles mais aussi les cascades, bassins et sources d’eau chaude…


La Guadeloupe, c’est aussi une ouverture sur l’arc antillais, avec la possibilité de découvrir les autres îles : la Dominique, la Martinique, etc. Mais à chaque paradis son enfer… Nous avons le problème de la Sargasse, ces algues envahissantes qui arrivent des mers du sud et qui s’échouent sur les plages exposés à l’est. La brume de sable du Sahara pollue l’air par périodes plus ou moins rapprochées. Le climat est aussi plus chaud et humide qu’à la Réunion… j’appelle ça "l’effet marmite à riz", un bain de vapeur !

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Ma famille bien sûr, mais aussi la cuisine (un bon brède chouchou, rougail graton, letchi, longani…) et ce qui fait de la Réunion ce qu’elle est : le mélange des cultures (Dipavali, Aid, Guandi…). Heureusement on a rencontré des Réunionnais ici. Il y a aussi un groupe de qui se réunit régulièrement autour d’un pique-nique. C’est l’occasion de manger un bon carry, de parler créole et d’écouter un Maloya quand on peut y assister. Pour ma part je n’ai pu le faire qu’une seule fois en quatre ans.

Spécialités locales : cascades, bokit et rhums hauts en couleurs !

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Mis à part le fait d’être habituée au coût de la vie dans les DROM, je ne vois ni l’un ni l’autre. On pense que je suis guadeloupéenne au premier abord. Lorsque je dis que je suis réunionnaise, les premières interrogations sont : "tu sais faire le rougail saucisse ?" et "tu as une belle île, qu’est ce que tu fais en Guadeloupe ?" Beaucoup de ceux que je rencontre me disent vouloir y aller un jour. Mais le prix du billet d’avion et la longueur du trajet n’est pas une partie de plaisir ! Enfin, la Réunion rime malheureusement avec risque requin…


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