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Eric Hoarau, principal adjoint à Mayotte

Publié le 28 août 2019

A l’heure où une pénurie de fonctionnaires est évoquée sur l’île aux parfums, ce Saint-Leusien a pris la fonction de principal adjoint au collège Zakia Madi, à Iloni – Dembéni - Mayotte. Un établissement « REP+ » de 1500 élèves.


Pouvez-vous vous présenter ?

Eric Hoarau, 48 ans, originaire de la Chaloupe Saint-Leu, tout comme mes parents... Mon père a intégré les PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones) en octobre 1962, à Paris. Il est actuellement à la retraite. Ma mère est « mère au foyer ». J’ai été élève à l’Ecole Notre-Dame des Enfants, au collège de la Chaloupe et au lycée à Saint-Louis.

Quel a été votre parcours ?

Après un bac série « C » obtenu en 1989, j’ai débuté mes études à Toulouse, avec un DUT génie électrique et informatique industrielle. Je suis revenu à La Réunion en 1991 pour suivre une licence de technologie mécanique puis une maîtrise de physique appliquée à l’université. En septembre 1993, je suis retourné à Toulouse en DEA à l’Ecole Nationale de l’Aéronautique et de l’Espace (SUPAERO). J’ai milité dans les associations étudiantes tant en métropole, AERT – FER, qu’à la Réunion, FEOI, Planèt’Etudiante – Etudiante 2000.

Et ensuite ?

Ma carrière professionnelle a débuté en novembre 1994 en tant que maitre auxiliaire en mathématiques. En juin 1997, j’ai été lauréat du CAPES externe de sciences physiques. Pour l’anecdote, en mars 1997, La Réunion a vécu pendant plusieurs mois les grandes manifestations contre la réforme De Peretti, projet de révision de la rémunération des fonctionnaires. J’étais un des représentants étudiants du collectif « syndicats – étudiants de l’UR – étudiants de l’IUFM ». En mars 2012, j’ai été nommé principal adjoint faisant fonction au collège du Bernica, puis à la rentrée de septembre 2012 au collège de la Pointe des Châteaux. J’ai exercé aux collèges Marcel Goulette, Jules Reydellet puis en tant que proviseur adjoint au lycée Marie Curie de Sainte Anne avant de « sauter la mer » pour Mayotte.


Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

En août 2016, j’ai été affecté à Mayotte comme personnel de direction stagiaire. Mayotte était mon vœu n°2 après la Réunion. C’était un nouveau défi. La qualité de la formation et de l’accompagnement dont j’ai bénéficié à La Réunion pendant mes années de faisant fonction m’a permis d’être opérationnel, dès ma prise de fonction, dans un établissement complexe : un collège en REP+, de 1500 élèves. Pour l’anecdote, Zakia Madi est une chatouilleuse, une des leaders du mouvement des femmes mahoraises qui revendiquent Mayotte française.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Mayotte est passionnante. Je me suis attaché au territoire. C’est une île intense, un territoire en construction. Selon l’INSEE, une personne sur deux à Mayotte a moins de 17 ans. Il faut que l’on se préoccupe de la formation des jeunes. L’amélioration de la desserte aérienne entre la Réunion et Mayotte doit aussi être une priorité. Un vol le vendredi soir dans le sens Mayotte – Réunion à 20H (heure de Mayotte) et un autre dans le sens Réunion – Mayotte le lundi à 6H (heure de la Réunion) seraient les bienvenus et renforceraient les échanges entre les deux ile !

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Les Mahorais sont nombreux à envoyer leurs enfants, dès le plus jeune âge, dans les écoles de la Réunion. Et inversement, les Réunionnais sont très présents à Mayotte. Pour l’anecdote, le responsable de l’entreprise de construction modulaire qui intervient sur la réhabilitation de mon collège, est marié avec une fille de mon quartier. A Mayotte, la majorité des enseignants sont des contractuels. Les Réunionnais, diplômés d’un master, qui souhaitent devenir enseignants peuvent bénéficier d’une première expérience, très formatrice…Mayotte est à deux heures d’avion de la Réunion. Cela correspond à un Lyon - Paris en train ! Dans de nombreuses disciplines, les stagiaires des ESPE de l’hexagone sont de plus en plus nombreux à demander leur première affectation à Mayotte. Ils évitent des académies comme Créteil, Versailles…


Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Bob Marley disait « La musique peut rendre les hommes libres ». En 1989, je suis parti à Toulouse avec des cassettes audio de musiques et de chansons de La Réunion. En 2016, à Mayotte avec des CD de musiques et chansons… et des livres d’auteurs de La Réunion. Musiques, chansons et livres, ont agrémenté mon apprentissage de La Réunion.

Quels sont vos projets ?

Mon projet est de revenir travailler à La Réunion. Je suis affecté comme proviseur adjoint au lycée Georges Brassens de Saint-Denis à partir du 1er septembre. Je suis ambitieux pour La Réunion. Une Réunion qui donne espoir à sa jeunesse. Une Réunion dynamique, audacieuse, créative, innovatrice. Une Réunion du courage et de l’action. Une Réunion qui prend son destin en mains. La Réunion est une île où les compétences sont nombreuses. Reste à les fédérer.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Le potentiel est énorme à la Réunion : des jeunes de plus en plus mobiles, de mieux en mieux formés, un réel dynamisme des hommes et des entreprises… Les collectivités et les chambres consulaires devraient apporter des conseils, accompagner cette dynamique et jouer avec davantage de rigueur leur rôle. Un retour aux fondamentaux me semble nécessaire.

Concernant, L’Homme Politique Réunionnais, le devoir d’exemplarité s’impose. Je viens de terminer la lecture de deux ouvrages. Le 1er, « Juges en Corse » de Jean-Michel Verne. Certes, la Réunion n’est pas la Corse, mais je m’inquiète pour la jeunesse réunionnaise. Le 2ème, « Le dernier Kréol » d’Edmond René Lauret, originaire comme moi de la Chaloupe. J’aime la définition d’Edmond Lauret de « créole réunionnais » : « une sorte d’hybride inachevé de sauvageon et de roseau pensant ». Créole a pour origine le latin, creare, créer…


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