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Eric Matzéré, membre de l’association Couleurs de Réunionnais à Nancy

Publié le 4 mai 2007

Membre de l’association « Couleur de Réunionnais » à Nancy, Eric participe à la venue de Danyel Waro dans cette ville le 11 mai prochain, pour un concert exceptionnel avec le guitariste Titi Robin. Il nous parle de sa vie et de son mal du pays.

Eric Matzéré

Racontez-nous votre parcours.

"Je viens de Saint Paul, plus précisément de Villèle (ville historique de la Réunion). Je n’ai pas eu vraiment le choix de quitter l’île, j’ai dû faire l’armée française. Je suis arrivé en tant que militaire (compagnon du devoir), puis j’ai passé mon CAP de cuisinier- pâtissier. Je suis également musicien et j’essaye de faire connaître la culture réunionnaise, notamment à travers la musique (maloya - meringue) et l’association « Couleur de Réunionnais »".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Un encadrement pour aider à accomplir mes projets. En France, on n’est représenté par personne. Les bureaux de l’ANT ont fermé : agence nationale pour l’insertion et la promotion des travailleurs d’outre mer. A travers mon association, je garde des contacts avec des Réunionnais, notamment ce que j’accueille à leur arrivée en métropole".

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

"J’ai pu acquérir de l’expérience, avoir un salaire (à la Réunion on paye comme on veut), avoir des contacts professionnels. Mais au bout du compte je crois que si c’était à refaire, je ne le referais pas car j’ai beaucoup perdu en venant ici, notamment les liens avec ma famille. Ma vie en France n’a pas vraiment marché. C’est la musique qui m’a sauvé".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"A la Réunion soit tu es riche, soit tu es pauvre. Il y a trop de touristes, donc nous lorsqu’on veut y retourner, c’est de plus en plus cher. Aujourd’hui l’île vit à « l’Européenne ». Les habitants perdent leurs valeurs car ils veulent se moderniser. On ne vit plus aussi librement : avant on jouait de la musique toute la nuit, maintenant c’est interdit, etc. Avec l’apparition des grandes enseignes, les Réunionnais sont devenus comme ici des « esclaves modernes » : ils ont des crédits car tout est trop cher. En plus, les métropolitainss qui viennent vivre à la Réunion ne s’adaptent pas à notre façon de vivre".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"On respecte les Dom Tom. La Réunion porte vraiment son flambeau : elle est fière de son maloya, de sa culture".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Aujourd’hui l’ANT s’obstine à placer les Réunionnais en France alors qu’à leur arrivée, certains perdent tout (défavorisés et influençables). Avant de venir en France, il faut peser le pour et le contre, préserver son héritage, se serrer les coudes et toujours dire la vérité : ne pas s’inventer une autre vie lorsqu’on on arrive".

Eric Matzéré
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