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Eric Soupramanien, chef de cabinet du Préfet des Hauts-de-France

Publié le 4 mars 2019

Parti de Saint-Pierre à l’âge de 19 ans, il est parvenu aux plus hautes sphères en passant les concours administratifs.

A gauche, en déplacement avec le Préfet

Pouvez-vous vous présenter ?

Eric Pombayen Soupramanien, 47 ans. Je suis Chef de Cabinet du Préfet de région des Hauts de France, préfet du Nord depuis le 1er novembre 2017. Je suis originaire de la ville de Saint-Pierre, d’une famille de quatre personnes. Mon père a exercé en tant que contrôleur des impôts et ma mère était enseignante. Ma soeur a suivi ma maman sur cette voie !

Racontez-nous votre parcours.

A l’âge de 19 ans que je venais d’avoir, alors que j’étais en terminale B au lycée Roland Garros, j’ai réussi le concours d’agent des impôts, suivant la voie de mon père. La réussite à ce concours m’a conduit à partir pour prendre mon poste en mai 1991 dans le Val d’Oise. Cela a été un changement radical puisqu’il m’a fallu vite m’adapter à la vie parisienne que je ne connaissais pas du tout. J’ai souvenir d’avoir appelé mes parents au bout de quelques jours pour leur demander comment cuisiner les bons carrys réunionnais ; j’avais beaucoup de mal à m’habituer à la cuisine métropolitaine !

Et ensuite ?

Au titre des anecdotes, j’ai essayé de passer mon bac en m’inscrivant dans l’Essonne où j’étais hébergé chez des amis de mes parents. Mais malheureusement, le deuxième jour de l’examen, je me suis trompé de bus... Je n’ai pas abandonné l’idée de réussir mon bac et revenu à la Réunion en poste en 1992, je l’ai passé en candidat libre après 15 jours de révisions !

Mes expériences professionnelles m’ont conduit à revenir deux fois à la Réunion. En 1992 à Saint Denis en centre des impôts et en l’an 2000, toujours à Saint Denis, après avoir effectué ma scolarité à l’école nationale des impôts en 1998 et exercé à nouveau en région parisienne. En 2007, j’ai fait le choix de repartir à nouveau dans l’Hexagone afin de progresser en réussissant le concours de l’institut régional d’administration de Lille. Cela fait maintenant 12 ans que je suis installé dans le Nord !


Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Les gens du Nord sont très attachants et je retrouve ici ce qui caractérise les Réunionnais : gentillesse et capacité d ’accueil. Mais cette région, notamment le département du Nord que je connais bien, est aussi une terre de souffrances, comme notre île par certains aspects. C’est un territoire qui a subi la désindustrialisation et qui n’a pas pu/su prendre le virage qu’il fallait. Les difficultés économiques et sociales y sont réelles. Pourtant cette région, par sa proximité avec la Belgique, la Hollande, l’Angleterre et Paris (à une heure de TGV !), dispose de réels atouts économiques. Les collectivités, les acteurs locaux, l’État s’accordent pour réunir les conditions de création de la richesse et des perspectives d’emplois, notamment en misant sur les formations diverses et de grande qualité : écoles de commerce, universités, apprentissage, etc.

Quels sont vos projets ?

Au grade où je suis, il n’existe plus de concours. J’ai l’intention de préparer le tour extérieur pour devenir Administrateur civil ou Sous-préfet. Je sais que je reviendrai un jour à la Réunion pour y passer ma retraite. Avant peut-être, j’y songe, mais tout dépendra des opportunités professionnelles. Je crains que cela ne soit difficile…

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

La famille bien évidemment mais aussi le paysage dans toute sa diversité, les odeurs, les couleurs, les fruits, les fleurs… Je garde toujours en tête ce qui fait la Réunion : notre melting pot, notre viv’ ensemble, notre capacité à respecter l’autre. C’est un exemple que je cite souvent lors d’échanges ou de rencontres. J’ai gardé contact avec des copains et des copines de lycée que j’ai retrouvé il y a deux ans maintenant. A chaque fois que je rentre au pays, nous essayons de nous revoir au tour d’un bon pique-nique.

Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

L’expérience de la mobilité est très enrichissante et j’invite tous les Réunionnais à la tenter. Je suis devenu plus "grand", plus ouvert au monde mais aussi très attaché à mon île. Ces expériences de mobilités choisies et vécues n’ont été en aucun cas une difficulté dans ma progression professionnelle. Au delà de notre gentillesse et de notre capacité d’accueil, les Réunionnais sont appréciés pour leurs qualités professionnelles. J’encourage nos jeunes à sauter la mer comme on dit. C’est une richesse de partir, de voir et de vivre autre chose car bon nombre d’entre nous reviendront un jour. Sans doute, nous saurons apporter et contribuer au développement de notre île au travers nos expériences.


Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Je me pose souvent cette question : comment sur ces 2 500 km2, développer, préserver, protéger et vivre ? La Réunion est un véritable laboratoire sur tous ces plans. J’ai bon espoir ; avec la transition démographique qui va s’opérer, notre île comptera 1 million d’habitants ce qui permettra de résoudre je l’espère les problèmes de chômage notamment des jeunes. Tout en préservant les secteurs importants pour l’économie de notre île (agriculture, tourisme...), je crois qu’il faut continuer à travailler sur l’intelligence collective, à savoir former nos jeunes afin qu’ils puissent avoir les savoirs et les formations nécessaires qui leur permettent de s’insérer dans le monde professionnel, à la Réunion ou ailleurs. Nous n’avons pas de pétrole, d’or, des terres rares. Nous devons croire en nos jeunes, en leurs capacités, en les formant bien. Quand on voit les potentialités dans les pays qui nous avoisinent (Afrique du Sud, Madagascar, Mozambique, Australie...), nous devons continuer à créer les conditions pour pouvoir s’y installer ou commercer.

Il y a aussi les formidables et réelles opportunités que constitue notre environnement maritime en termes de recherche et de développement. Les Réunionnais doivent se saisir de ces opportunités car ce sont des bassins d’emplois en plein développement. Je suis très satisfait de voir que tout est fait pour encourager la mobilité de nos jeunes, notamment par les dispositifs d’accompagnement de la Région et du Département. Notre compagnie régionale, Air Austral y participe pleinement et c’est une très bonne chose.


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