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Famille Dijoux : une deuxième génération réunionnaise au Québec

Publié le 24 mars 2017

L’histoire de Vincent Dijoux et Delphine Cassegrain, arrivés au milieu des années 2000 pour étudier au Cégep Beauce-Appalaches et dont les enfants sont nés canadiens. Vincent travaille aujourd’hui au Cégep où il a étudié et Delphine est employée dans une garderie privée. Théo Dijoux, né le 5 août 2014, est ainsi devenu la deuxième génération réunionnaise en Beauce. Et un autre enfant est déjà en route...


Pouvez-vous vous présenter SVP ?

Vincent Dijoux : J’ai 33 ans et je viens du Tampon (14ème km). J’ai suivi une formation de trois ans en technique d’éducation spécialisée au Cégep Beauce-Appalaches de Saint-Georges au Québec. J’ai donc eu un DEC, diplôme d’étude collégial qui m’a permis d’entrer directement sur le marché du travail. J’ai terminé mes études en décembre 2010. et je travaille pour le Cégep où j’ai étudié en tant qu’éducateur spécialisé et interprète aux services adaptés depuis. J’offre du soutien à 80 étudiants qui ont divers diagnostics : autisme, trouble déficitaire de l’attention, surdité, handicap physique... Mon travail : accompagner ces étudiants dans l’obtention d’un diplôme et sur le marché du travail lorsque c’est possible.

Quel a été votre parcours de "mobilité" ?

Après mon lycée à Boisjoly Potier, j’ai quitté l’île suite à une rencontre avec un représentant des Cégep, venu à la Réunion faire la promotion des programmes et des nombreuses possibilités d’emplois au Québec. J’ai tout de suite été intéressé par le projet ; je me suis renseigné auprès de l’ANT (maintenant LADOM) et la Région afin de participer au projet mobilité Réunion-Québec.

Racontez-nous vos débuts dans la Belle Province.

Nous sommes arrivés une cinquantaine à Saint-Georges au au mois d’août2007. Nous avons eu le temps d’établir des liens lors du périple de presque deux jours. Ça a été un peu difficile au début parce que nous restions trop ensemble. Il y avait toujours deux tables pleines de Réunionnais à la cafétéria. Progressivement, les travaux de groupe et ma participation à des spectacles m’ont permis de me rapprocher des autres étudiants du Cégep.


Comment vous êtes-vous adapté ?

J’avoue que ça n’a pas toujours été facile. De voir les maisons décorées lors du premier Noël me faisait me sentir très loin de ma famille. L’adaptation à l’hiver québécois a été un défi. Mes vêtements n’étaient pas adéquats. J’ai dû apprendre à marcher sur la glace sans tomber et à conduire une voiture en hiver. Mais la récompense était au rendez-vous. C’était impensable pour moi, Réunionnais, d’être à New York, un soir de 31 décembre ! Au Québec, il suffit de quelques heures en voiture pour découvrir des cultures différentes. Sur mon île, il faut faire des milliers de kilomètres en avion...

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Je trouve cette expérience très positive. Tout d’abord c’est un enrichissement personnel car elle m’a permis de côtoyer des personnes d’autres cultures et de découvrir un nouveau pays, où l’on gère les choses de façons différentes : lois, politique, immigration, emploi, services… Chaque pays a ses avantages et ses inconvénients. En connaître plusieurs permet de faire son choix en tant qu’individu.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Le fait de venir de la Réunion n’a pas été un désavantage car nous parlons français comme au Québec et je n’ai pas eu cette barrière de la langue que certains peuvent vivre à l’étranger. Au Québec, les mots utilisés dans la langue française n’ont pas toujours le même sens que chez nous (Bonjour = Au revoir ; Bienvenue = Merci) mais cela ne nous empêche pas de nous comprendre et nous finissons par nous y habituer.


Quels sont vos projets ?

Je suis en couple avec une Réunionnaise. Nous avons un fils de deux ans qui est Canadien, et un autre enfant est en route ! Je compte donc m’établir au Québec, demander ma citoyenneté canadienne et poursuivre ici tout en faisant découvrir l’île de la Réunion et nos racines à mes enfants pour qu’ils puissent avoir le choix, un jour, de décider où ils veulent s’établir.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Un beau poster avec vue aérienne de mon île magnifique et un pilon en pierre. On s’en sert presque tous les jours !

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Nous avons des amis réunionnais qui ont vécu le projet mobilité Réunion-Québec comme nous. Ils sont un peu notre famille élargie ! Nous nous réunissons souvent pour les fêtes ou pour simplement se retrouver et parler créole. Cette relation nous permet de supporter un peu les -30° de l’hiver et de retrouver notre petite chaleur intérieure.


Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

La famille, les repas typiquement réunionnais, le soleil, les plages (propres, sans trop de requins et sans trop de méduses), les randonnées, les cascades et tous les beaux paysages.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Je reviendrais vivre à la Réunion si je pouvais avoir la même situation professionnelle et financière (emploi, salaire, conditions), si le coût de la vie était plus abordable...

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Au début, beaucoup pensaient que c’était une ville en France : Lille de la Réunion. Jusqu’à ce que de plus en plus de Réunionnais s’installent ici. Nous avons eu l’occasion de faire des présentations sur l’île et d’inviter les gens à goûter des mets réunionnais (rougail saucisse, carry poulet, samoussas, bouchon). Cela a rendu les Québécois plus curieux !


www.reunionnaisdumonde.com/r/1/Amerique-du-Nord (572 inscrits) / Plus d’infos sur le Québec


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